Les écrans ne sont ni des doudous ni des nounous !

Les pédiatres s'inquiètent de la multiplication de leur nombre et du fait que les parents ne mesurent pas assez les conséquences d'un usage excessif.

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3 frère et soeurs utilisent differents appareils electroniques dans le salon, France, avril 2014./Credit:DELAHAYE CATHERINE/SIPA/1508251513
3 frère et soeurs utilisent differents appareils electroniques dans le salon, France, avril 2014./Credit:DELAHAYE CATHERINE/SIPA/1508251513 © DELAHAYE CATHERINE/SIPA

Temps de lecture : 3 min

Le chiffre est impressionnant, mais assez conforme à ce que l'on constate régulièrement autour de soi : 44 % des parents prêtent leur téléphone portable à leur enfant de moins de 3 ans pour l'occuper ou le consoler. C'est l'un des enseignements d'une enquête réalisée auprès de parents d'enfants suivis par 144 pédiatres membres de l'Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa). Ces médecins profitent de la rentrée pour rappeler qu'une mauvaise utilisation des écrans – smartphone, tablette, ordinateur, console de jeux ou télévision – peut avoir des conséquences négatives sur le développement des plus jeunes. Pour donner des repères aux parents, le Dr François-Marie Caron, pédiatre à Amiens et membre de l'Afpa, explique ce qu'il faut faire selon l'âge de l'enfant et le type d'écran.

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Tout d'abord, avant 3 ans, l'enfant a essentiellement besoin d'interagir avec son environnement. C'est ainsi qu'il construit ses repères spatiaux (en utilisant ses cinq sens) et temporels (à travers les histoires qu'on lui raconte et les ouvrages qu'il feuillette). Les jeux traditionnels et les livres sont donc à privilégier. L'emploi d'une tablette n'a rien de prioritaire et pourtant, 47 % des jeunes de moins de 3 ans utilisent déjà des écrans interactifs (93 % à la maison et 12 % en voiture).

Le journal télévisé est à éviter avant 6 ans

Entre 3 et 6 ans, l'enfant a besoin d'explorer toutes ses possibilités sensorielles et manuelles (sa motricité, son langage, son graphisme, sa créativité...) ainsi que de comprendre le monde qui l'entoure. L'utilisation des tablettes, même ludique, ne doit pas monopoliser son attention. C'est pourquoi elle doit rester limitée dans le temps, se faire toujours en compagnie d'un adulte et jamais avant de dormir, estiment les pédiatres. En d'autres termes, elle peut être intégrée dans l'apprentissage, mais pas se substituer aux jouets traditionnels. Concernant la télévision, les spécialistes estiment que les programmes diffusés et la publicité incessante provoquent chez les plus jeunes une très forte charge émotionnelle. « Le journal télévisé est à éviter avant 6 ans et, dans les années qui suivent, il ne peut être regardé sans l'accompagnement d'un parent», insiste le Dr François-Marie Caron qui déconseille d'installer un poste dans la chambre de leurs enfants.

Il met aussi en garde contre les risques du Net avant 9 ans, en raison de la fragilité psychologique des jeunes. Selon lui, « la Toile brouille deux repères qui sont alors en construction : la distinction entre l'espace intime et l'espace public et la notion du point de vue de l'autre ». Il faut donc accompagner sa progéniture dans ses expériences sur Internet. Et même après, il faut bien apprendre au jeune surfeur à se protéger et à protéger ses échanges. « Les réseaux sociaux sont à éviter avant 12 ans : certes, ils représentent un nouvel espace d'expérimentation et assouvissent le besoin de divertissement et de communication des jeunes adolescents, mais ils peuvent aussi, paradoxalement, engendrer un sentiment de solitude, une baisse de l'estime de soi et surtout des risques de harcèlement », ajoute le pédiatre. Donc un bien mauvais départ dans la vie.

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