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Mark Rossini : le jour où j’ai tenté d’empêcher le 11 septembre

Mark Rossini 11 septembre 2001
Mark Rossini, ancien agent du FBI, est aujourd’hui un expert du contre-terrorisme. Ci-dessous : les tours du World Trade Center, le jour des attentats sur le sol américain, le 11 septembre 2001. © R Alvarez.
Propos recueillis par Maxime Chaix , Mis à jour le

Un matin de janvier 2000, à Langley, au siège de la CIA, je reçois un mémo d’alerte de mon adjoint qui aurait pu changer le cours de l’Histoire.

Le 5 janvier 2000, je travaille comme agent spécial du FBI détaché dans l’unité Alec Station de la CIA, l’équipe chargée de traquer Oussama Ben Laden et ses associés. Ce matin-là, mon adjoint Doug Miller détecte deux hommes d’Al-Qaïda qui s’apprêtent à entrer aux Etats-Unis après avoir obtenu un visa à Dubai. Khalid Al-Mihdhar et Nawaf Al-Hazmi sont des hommes de Ben Laden. Doug rédige un Central Intelligence Report (CIR), un mémo d’alerte dont je valide l’envoi au QG du FBI. Or, un responsable de la CIA bloque mon courriel vers 16 heures. Sans justification, il m’empêche ainsi de transmettre ce rapport à la direction du Bureau. Ce blocage sera maintenu par ses supérieurs au sein d’Alec Station pendant plusieurs mois.

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Lire aussi : 11 Septembre, pour ne jamais oublier

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La cellule des pirates de l’air du 11 septembre 2001 aurait pu être démantelée par le FBI

11 semptembre 2001
©

Si mon courriel avec le mémo de Doug était parvenu à destination, le FBI aurait détecté ces terroristes sur le sol américain. Ils auraient été mis sous surveillance par John O’Neill, qui fut emporté dans l’effondrement du World Trade Center alors qu’il coordonnait l’évacuation. Ainsi, la cellule des pirates de l’air du 11 septembre aurait pu être démantelée par le FBI et ces attentats empêchés. Cette idée me hante tous les jours. Peut-être aurais-je dû enfreindre la loi fédérale afin d’alerter ma hiérarchie… Mais je respecte le règlement. Et, surtout, je suis loin d’imaginer ce qui se trame. Nous ne connaissons toujours pas aujourd’hui les raisons des manœuvres de la CIA. Aucune excuse ne justifie cette obstruction.

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Voir également : 11 septembre 2001 : une nouvelle vidéo inédite

Tant que la vérité restera enfouie au nom de la raison d’Etat

J’ai une explication : la CIA espérait peut-être recruter al-Mihdhar comme informateur après son entrée aux Etats-Unis en janvier 2000, une opération qui aurait été illégale sur notre territoire. Car elle ne disposait d’aucun agent infiltré. Depuis des années, j’accumule des preuves pour démontrer que l’Agence cherchait à recruter. Mon but : que les responsables de cette erreur, qui a bouleversé l’histoire du monde, expliquent leurs raisons sous serment, devant le Congrès des Etats-Unis. Tant que la vérité restera enfouie au nom de la raison d’Etat, ma peine et ma colère ne pourront s’estomper.

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« Lorsque vous paniquez...

... et que vous réagissez sous l’effet de la peur, vous en ressortez perdant. Quand les politiciens instrumentalisent les actes terroristes et l’effroi de la population pour leur propre intérêt, nous en souffrons collectivement. Et nous mettons beaucoup de temps à nous en remettre. »

 

« La torture ne fonctionne pas :

Elle est idéalisée par des gens en colère et revanchards. Un agent mature mène ses interrogatoires en établissant un rapport de confiance. La collecte des renseignements est moins rapide que dans les films, mais les informations recueillies sont exactes. Cette méthode est la seule réellement efficace. »

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