Jawad Bendaoud est jugé pour — Benoit PEYRUCQ / AFP

PROCÈS

VIDEO. «J'aime trop la vie, les femmes et mon fils pour héberger des terroristes», clame Jawad Bendaoud

Jugé pour avoir hébergé les terroristes du 13-Novembre, Jawad Bendaoud a livré un récit surréaliste, jeudi, devant la 16e chambre correctionnelle du tribunal de Paris…

  • Jawad Bendaoud est jugé depuis mercredi, à Paris.
  • Il est accusé d’avoir hébergé les terroristes du 13-Novembre.
  • Il assure qu’il ne savait pas qu’il s’agissait de terroristes.

Il y a d’abord eu le rappeur Snoop Dogg. Puis Joey Star. Un sandwich escalope Boursin. Juste avant  l’ancienne actrice porno Katsuni. Un gros joint de beuh. Trois cuillères de lentilles au bœuf, aussi. Le footballeur Lassana Diarra. Sept grammes de cocaïne. Sans oublier une comptine enfantine. Un cadavre exquis qui a servi de base, jeudi, au récit décousu de Jawad Bendaoud devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris où il est jugé pour recel de malfaiteurs terroristes.

Gastronomie, sport, drogues et musique. Autant de domaines que le prévenu, risée d’Internet depuis son interpellation en direct sur BFM, a convoqués pour assurer qu’il était bien loin de l’image de terroriste qu’on veut lui coller sur le dos. Il ne savait pas qu’il hébergeait les commandos du 13-Novembre, jure-t-il « sur la tête de [son] fils de 8 ans ». D’ailleurs, il n’a « découvert les images du Bataclan qu’une fois dans sa cellule. » La faute à cette « fille rencontrée dans un train » qui, le 13 novembre vers 22 heures, l’a appelé pour lui dire qu’elle était enceinte de lui. « J’étais embrouillé avec ça. »

Et puis, on lui avait dit qu’il devait héberger un homme qui s’était fait mettre dehors après une embrouille avec sa femme. « Ce mec m’a dit en arrivant : "J’ai passé trois jours de fils de pute ! Là, je veux faire ma prière, me laver et dormir". » L’homme n’a pas menti. C’était Abdelhamid Abaaoud, le cerveau des attentats.

« Quelqu’un qui prie, c’est un "frère mus" »

Présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez accorde plus d’importance au dossier judiciaire qu’aux insultes ponctuées de « Wesh » et de « nanani » de ce drôle de prévenu. Et notamment aux écoutes téléphoniques dans lesquelles il parle de « frères mus [ulmans] et rigole à l’idée qu’ils puissent s’agir de terroristes. »

« Je veux pas vous manquer de respect, ose-t-il en l’interrompant. Mais, dans mon quartier, quelqu’un qui prie, c’est un ‘frère mus’. C’est une façon de parler. » Comme c’est une façon de vivre, selon lui, que de s’approprier un appartement pour le louer sous le manteau et de trafiquer de la cocaïne transformée en crack pour gagner sa vie.

A la base, une rencontre en prison en 2011

Mais la drogue fait des ravages. Et si Jawad Bendaoud en est là aujourd’hui dans son survêtement aux couleurs du PSG, c’est à cause de son addiction. Toute cette affaire remonte en fait à 2011. A l’époque, Jawad Bendaoud est en prison dans l’Eure. Son « voisin de cellule », Mohamed Soumah, lui vend du cannabis. Ils sympathisent. Une fois dehors quatre ans plus tard, ils font un peu « de business » à Saint-Denis.

Aussi quand Mohamed Soumah est chargé, un soir de novembre 2015, de trouver un logement pour le compte d’Hasna Aït Boulahcen, la cousine d’Abaaoud, il appelle logiquement son « poto Jawad ». Lui aussi se défend d’avoir eu connaissance du « profil terroriste » des personnes à planquer. D’ailleurs, il pensait qu’il n’y avait que la jeune fille à héberger. « Une petite rebeu » qu’il espérait seulement « baiser ».

Un prévenu qui veut « baiser », un autre qui veut « louer »

Le tribunal en est donc là au deuxième jour d’audience. Coincé entre un prévenu nerveux qui assure que son seul but était de toucher 50 euros en louant son squat et un autre, plus détendu, qui ne voulait que coucher avec une fille et vendre de la cocaïne. Les explications paraissent tellement dérisoires qu’elles en deviennent presque plausibles. Mais avec 130 morts au compteur des attentats du 13-Novembre, elles sont surtout pathétiques.

« J’aime trop la vie, j’aime trop les femmes, j’aime trop mon fils pour héberger des terroristes », martèle ainsi Jawad Bendaoud qui fait mine de s’en rendre compte. Avant d’oser lancer un défi à Isabelle Prévost-Desprez. « De toute façon, faites ce que vous voulez ! Vous ne m’impressionnez pas » Le procès doit durer jusqu’au 14 février. Il encourt, tout comme Mohamed Soumah, six ans de prison.

Suivez le procès sur le compte Twitter de notre journaliste : @vvantighem

À la une