Grande Guerre : plus de Mohamed que de Martin parmi les morts pour la France

Compter les prénoms présents sur les monuments aux morts de la Grande guerre permet de dresser un portrait inattendu des morts pour la France.

 Emmanuel Macron devant le Monument aux morts des Eparges.
Emmanuel Macron devant le Monument aux morts des Eparges. AFP/Etienne LAURENT

    A l'heure de célébrer les disparus de la Grande guerre, nous nous sommes plongés dans la base de données Mémorial Genweb pour mieux connaître ces soldats tombés pour la France à raison de 700 par jours en moyenne pendant le conflit. Parmi les informations disponibles, une rapide étude des prénoms permet ainsi de raconter l'histoire d'une façon inattendue.

    On ne s'étonnera évidemment pas de trouver les prénoms classiques du début du XXe siècle : Jean, Pierre, Louis, Joseph et François forment les cinq prénoms les plus frappés.

    A eux cinq, ils représentent 79647 victimes, soit 8% des soldats morts pour la France lors du premier conflit mondial, sans compter leurs variantes en prénoms composés (Jean-Marie arrive en 7e position, Jean-Baptiste en 8e).

    Mais le reste de ce terrible palmarès réserve d'autres surprises.

    Des prénoms oubliés, d'abord. À la 87e position figurent les 844 Claudius morts pour la France. Entre 1900 et 1914, chaque année, ce prénom était donné à plus de 300 garçons. Le dernier Claudius recensé par l'Institut national de la Statistique (INSEE) est né en 1989.

    Mohammed et Giuseppe

    Des prénoms moins « traditionnels », ensuite. Si l'on regroupe les variantes Mohamed, Mohammed, Ben Mohamed et Ben Mohammed, ce ne sont pas moins de 1717 soldats qui sont tombés au combat pour la France. Largement suffisant pour intégrer la liste des 50 prénoms qui ont versé le plus lourd tribut au conflit. 1204 d'entre eux étaient nés sur le territoire algérien, 467 au Maroc et 18 en Tunisie.

    En se limitant aux soldats s'étant fait recenser avec le prénom Ben Mohamed, le décompte monte déjà à 667, soit davantage que les Martin (649) ou les Mathieu (572).

    En outre, les monuments aux morts pour la France sont aussi gravés de 354 Giuseppe, 280 Antonio et 260 Giovanni.

    L'apport humain et militaire américain pour la victoire finale de novembre 1918 se remarque de façon tout aussi notable : un millier de John sont morts pour la France dont 797 au cours de l'année 1918. Autant que de Vincent (729), Frédéric (671) ou de au cours des quatre annéees du conflit.

    Et les mortes pour la France ?

    Notre base de données recense 154 Marie, 15 Jeanne, 12 Louise, 6 Marguerite. Bon nombre d'entre elles sont des infirmières, fauchées au cours de leur soutien aux troupes.

    Un travail de fourmi