Au tribunal de Bobigny, le nouveau standard financé par les saisies d’argent de la drogue

«Le fonds de concours a été créé pour que l’argent confisqué aux trafiquants renforce les moyens de services (justice, police, gendarmerie, douane) qui luttent contre le trafic», explique-t-on à la Mildeca, mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.

 Le nouveau standard du parquet de Bobigny a été financé par le fonds de concours de la Mildeca, provenant des saisies du trafic de drogue.
Le nouveau standard du parquet de Bobigny a été financé par le fonds de concours de la Mildeca, provenant des saisies du trafic de drogue. LP /Carole Sterlé

    Le téléphone ne sonne plus au parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Il suffit de passer une tête à la permanence des affaires générales, où les gardes à vue et flagrants délits sont suivis en temps réel pour constater le calme qui règne. Et c'est désormais la même chose dans toutes les divisions du parquet (mineurs, affaires criminelles, financières, exécution des peines) depuis la récente mise en service du nouveau standard téléphonique, grâce à l'argent saisi dans les affaires de drogue.

    Coût de l'opération : 300 000 euros financés par le fonds de concours de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca). «Le fonds de concours a été créé pour que l'argent confisqué aux trafiquants renforce les moyens de services (justice, police, gendarmerie, douane) qui luttent contre le trafic, explique-t-on à la Mildeca. À ce titre, le fonds de concours finance des équipements qui permettent aux tribunaux de mieux traiter cette délinquance, comme les standards téléphoniques dès lors qu'il y a une forte activité.» Depuis quelques années, le fonds est d'environ 14 millions d'euros. (lire ci dessous).

    Des centaines d'appels par jour

    «Ce standard, c'est notre principal outil de travail», illustre un magistrat du parquet. Des centaines d'appels par jour sont gérés en direct par le parquet. Au bout du fil, des officiers de police judiciaire évoquent en direct le suivi des gardes à vue, des flagrants délits… Mais pour cela, il faut s'armer de patience : «l'attente pouvait durer une heure trente… il y a de quoi craquer !», explique un magistrat. Sans compter les appels qui se perdaient. «Ça plantait très souvent, il fallait relancer deux à trois fois la machine», poursuit le magistrat. Nouveaux téléphones, doubles écrans informatiques, trois musiques d'attente… En plus du confort pour les 80 postes reliés, c'est l'espoir d'une meilleure efficacité qui se profile. «On peut aussi envisager le renfort de magistrats depuis leur bureau, s'il fallait par exemple gérer 120 gardes à vue simultanées», explique la procureure de la République Fabienne Klein Donati. Et si les rangs du parquet venaient à grossir, il n'y aurait pas besoin de modifier cet outil, qui peut s'adapter à une augmentation du nombre d'utilisateurs.

    «Le standard de Bobigny est le même que celui de Paris, il y a le même nombre de magistrats de permanence à Bobigny qu'au tribunal de Paris», explique Gilles Gauthier, référent technique de Spie, l'entreprise qui a déjà équipé, avec l'avis des magistrats locaux, une quinzaine de palais de justice en France, à Paris, Evry, Créteil, Marseille, Lyon, Lille, Strasbourg… Particularité à Bobigny, et c'est une première : une cellule de crise a été prévue, téléphoniquement parlant. Il s'agit de quatre lignes dédiées, qui permettent d'être en lien en même temps avec la police, la préfecture, des associations d'aide aux victimes, par exemple. Elle a été testée avant l'Euro 2016.

    8 000 affaires de stupéfiants traitées chaque année à Bobigny