Coyote, Waze... Vers une interdiction des applis anti-radar au nom de la lutte antiterroriste 

Au nom de la lutte antiterroriste et de la sécurité routière, un projet de décret prévoit que les avertisseurs radars n'auront plus le droit de diffuser certaines informations aux utilisateurs. La Ligue de défense des conducteurs lance une pétition. 

 Un projet de décret prévoit que les avertisseurs radars ne pourront plus diffuser «tout message de nature à signaler les opérations de police dans certains périmètres»
 Un projet de décret prévoit que les avertisseurs radars ne pourront plus diffuser «tout message de nature à signaler les opérations de police dans certains périmètres» (Le Parisien)

    Les avertisseurs du type Coyote, Waze, TomTom, qui signalent aux conducteurs les contrôles de vitesse, les accidents, les objets sur les voies, les ralentissements ou les conditions météo dangereuses, pourraient bientôt faire long feu. Le gouvernement français a transmis à la Commission européenne, le 24 avril, un projet de décret «portant interdiction de diffuser par l'intermédiaire des services électroniques d'aide à la conduite ou à la navigation tout message de nature à signaler les opérations de police dans certains périmètres et susceptible de nuire à l'efficacité des opérations de police administrative de sécurité routière ou des opérations de police judiciaire réalisées.»

    En l'absence de réponse de la Commission dans un délai de trois mois, ce décret deviendrait applicable en France. Concrètement, même si les automobilistes signalent un incident, les opérateurs auront l'obligation de bloquer les alertes dans un périmètre de 20 kilomètres et pendant 24 heures. Autant dire que l'intérêt de ces avertisseurs deviendrait nul, sauf pour signaler les contrôles de vitesse permanents avec des radars fixes ou les travaux de longue durée.

    Pour se justifier, le gouvernement avance principalement l'argument de l'impact favorable sur la sécurité intérieure. «Le signalement des forces de l'ordre sur les systèmes d'aide à la conduite peut avoir un effet néfaste lors de certains événements durant lesquels les forces de l'ordre doivent être discrètes afin de réaliser leur mission». C'est le cas par exemple de la lutte contre le terrorisme ou la criminalité organisée, du dispositif «alerte enlèvement» ou de la recherche de détenus évadés.

    La fronde des millions d'utilisateurs

    L'autre argument fait évidemment référence à la sécurité routière. «Le signalement des forces de l'ordre effectuant des contrôles d'alcoolémie ou de stupéfiants incite certains usagers de la route alcoolisés ou ayant consommés stupéfiants à changer d'itinéraire afin d'éviter ces contrôles. Par conséquent, ces signalements ne permettent pas de lutter efficacement contre la conduite en état d'ivresse et après usage de stupéfiants et aux accidents qui y sont associés.» Dans les accidents mortels, 31% des conducteurs sont alcoolisés.

    Les autorités, en 2011, et plus récemment le sénateur Jean-Pierre Grand, ont tenté de faire interdire ces avertisseurs avant de renoncer face à la fronde des 20 millions d'utilisateurs de ces applications gratuites ou payantes.

    Depuis mercredi, la Ligue de défense des conducteurs a mis en ligne une pétition. « Utilisant de façon indécente le risque terroriste, le gouvernement a soumis à la Commission un projet de décret visant à interdire dans certains périmètres le signalement de la présence des forces de l'ordre à tous les systèmes électroniques», explique la Ligue, affirmant que ces avertisseurs sont des aides précieuses à la conduite et à la sécurité routière. Ces avertisseurs permettant de signaler parfois un accident ou un incident sur la chaussée aux autres automobilistes avant même que la route soit balisée par les services de sécurité.

    Par ailleurs, la Ligue de défense des conducteurs estime que cette mesure va surtout servir à «faire exploser le nombre de PV et des retraits de points injustifiés»