Numérique : la France championne de l’e-administration... pas les Français !

ILLUSTRATION. L’hexagone apparaît très bien situé dans les classements internationaux d’e-administration.
ILLUSTRATION. L’hexagone apparaît très bien situé dans les classements internationaux d’e-administration. LP/Philippe de Poulpiquet

    Le Conseil d'analyse économique (CAE), qui réalise des analyses économiques pour le gouvernement, publie aujourd'hui une note sur l'administration numérique. Verdict ?

    La France caracole en tête. L'hexagone apparaît très bien situé dans les classements internationaux d'e-administration. En 2014, il figurait ainsi au premier rang européen et au quatrième rang mondial (derrière la Corée du Sud, l'Australie et Singapour) selon l'indice de développement de l'e-administration établi par l'ONU. Mieux ! La France occupe le premier rang mondial pour la composante « offre ».

    Une première place européenne en trompe-l'oeil. Pour autant, si l'offre est pléthorique en matière d'e-administration, les usages ne sont pas toujours au rendez-vous, tant côté particuliers qu'entreprises. Selon un autre indicateur, développé cette-fois par la Commission européenne, la France ne se classe plus qu'au dix-septième rang européen. Par exemple, en 2015, 61% des particuliers ont utilisé Internet pour des contacts avec l'administration, mais ils ne sont que 42% à avoir transmis de façon dématérialisée des formulaires complétés.

    Les Français boudent donc parfois les services proposés, ou bien ne vont pas au bout de la démarche... « Il s'agit d'un constat que nous avons fait personnellement et qui est le point de départ de notre action nationale », assure un conseiller au cabinet d'Axelle Lemaire, la secretaire d'Etat chargé du Numérique et de l'Innovation. Principaux usagers que le gouvernent entend (re)mettre devant l'ordinateur dans ses relations avec l'adminstration ? Les PME et les artisans côté entreprises ; les « seniors » côté particuliers. Piste proposée - entre autres - par le CAE pour inciter davantage ces personnes : la carotte monétaire, « en rétrocédant une partie des économies aux seuls citoyens qui utilisent les services numériques ».

    Recruter les bons profils. Dans ses recommandations, le Conseil d'analyse économique insiste aussi sur un point : « le besoin de talents ». Il faut donc « faciliter le recrutement d'informaticiens, de codeurs, de designers (...) avec des salaires et carrières compétitifs pour attirer les meilleures compétences du privé ». Le CAE en remet même une couche : « Le recrutement de compétences adaptées à l'ère du numérique est d'autant plus fondamental que le service public numérisé est massivement exposé aux erreurs de programmation, aux pannes, au piratage et autres actes malveillance ».

    Message d'ores-et-déjà reçu au secrétariat d'Etat chargé du Numérique et de l'Innovation. « Une des voies pour pouvoir progresser dans ce domaine [NDLR : le recrutement de talents] est celle de la contractualisation ». Pour le CAE, le bilan est au final en demi-teinte. En matière d'administration numérique, la France a fait sa révolution - d'ailleurs, en octobre, la loi « Pour une République numérique » sera promulguée - mais il y a encore beaucoup d'e-administrés à séduire.