Une femme sur deux a peur dans les transports en commun

C’est toujours le RER (35,1%) qui effraie le plus, devant le métro (30,6%), le train (26,6%), le bus (18,7%) et le tramway (13,7%).

Illustration. Le sentiment d’insécurité recule légèrement dans les transports en commun, d’après la dernière enquête de victimation de l’IAU. Mais ils font toujours peur à plus de la moitié des femmes, qui y sont aussi plus souvent victimes d’agressions ou de vols.
Illustration. Le sentiment d’insécurité recule légèrement dans les transports en commun, d’après la dernière enquête de victimation de l’IAU. Mais ils font toujours peur à plus de la moitié des femmes, qui y sont aussi plus souvent victimes d’agressions ou de vols. (LP/MT)

    Les transports en commun font toujours peur, aux femmes plus qu'aux hommes. C'est ce qui ressort de la dernière enquête «victimation et sentiment d'insécurité en Ile-de-France», que vient de publier le très sérieux Institut d'aménagement et d'urbanisme (IAU). Cette étude, qui porte sur l'année 2015, révèle que 42,3% des personnes interrogées ressentent de la peur dans les transports en commun. C'est un peu moins qu'en 2013 (43,7%), mais reste à un niveau élevé. C'est toujours le RER (35,1%) qui effraie le plus, devant le métro (30,6%), le train (26,6%), le bus (18,7%) et le tramway (13,7%).

    Une peur légitime, puisque c'est dans les transports en commun et dans les gares que sont commis 37% des vols sans violence et surtout 39% des agressions sexuelles commises envers des femmes (39 %).

    Les femmes qui se déclarent très majoritairement inquiètes (56,3%) à l'idée de prendre les transports, contre seulement 26,7% des hommes. «Chez les femmes, la peur d'être agressées ou volées va même jusqu'à constituer un frein à l'usage des transports en commun», déplore l'IAU. Elles sont en effet quatre fois plus nombreuses (6,2%) à déclarer éviter au moins un mode de transport en commun par crainte d'une agression ou d'un vol que les hommes (1,7%).

    Les «frotteurs»

    Des chiffres qui ne surprennent pas du tout Alma Guirao, créatrice de l'application HandsAway, qui permet de signaler la présence de «frotteurs» et autres agresseurs sexuels, mais aussi d'être mis en relation avec des «anges-gardiens», avec qui les femmes victimes de harcèlement peuvent échanger. Elle-même victime d'agression sexuelle, elle a eu l'idée de cette appli pour conserver une «trace» de tous ces actes, qui pour la plupart ne font pas l'objet d'une plainte ou même d'une main courante. «Le soir en particulier, les transports en commun sont désertés par les femmes, qui ne s'y sentent pas en sécurité», assure Alma Guirao, dont l'appli, lancée en octobre 2016, compte 7 000 utilisateurs et enregistre «deux à huit alertes par jour».

    La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (LR), rappelle pour sa part que «la lutte contre le harcèlement et les violences faites aux femmes est au cœur de mon engagement politique». En tant que présidente du Stif (syndicat des transports d'IDF), elle vient ainsi de lancer un test «pour des arrêts à la demande dans les bus de nuit» et doit lancer dans les prochains mois «une grande campagne sur la lutte contre le harcèlement des femmes dans les transports».

    Par ailleurs, d'autres mesures, visant à améliorer la sécurité dans les transports en général, sont aussi en cours de réalisation, telles que «le renforcement de la présence humaine sur le réseau, avec le recrutement de 700 personnels supplémentaires, et de la vidéosurveillance, une meilleure coordination des services de sécurité (police, RATP, SNCF et Optile) et enfin l'extension du numéro d'alerte 3117, initié côté SNCF, à l'ensemble du réseau».

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