Législatives. Emmanuelle Cosse, pas encore candidate et déjà contestée

 L’arrivée probable d’Emmanuelle Cosse, la ministre du Logement, comme  candidate aux légistatives dans la 3e circonscription, ne fait pas que des heureux.
L’arrivée probable d’Emmanuelle Cosse, la ministre du Logement, comme candidate aux légistatives dans la 3e circonscription, ne fait pas que des heureux. LP/Frédéric Dugit

    C'est un secret de polichinelle… qui demande tout de même à être confirmé. Emmanuelle Cosse, ministre du Logement, serait candidate, investie par le PS, pour les élections législatives sur la 3e circonscription (Noisy-le-Grand, Gournay-sur-Marne, Neuilly-sur-Marne, Neuilly-Plaisance). Une annonce qui ne ravit pas, c'est le moins que l'on puisse dire, les militants PS locaux qui ont un autre candidat en tête.

    « Elle a accepté de rentrer au gouvernement contre l'avis d'EELV (NDLR : son parti d'origine dont elle s'est mise en disponibilité), il fallait bien lui renvoyer l'ascenseur. » Voici comment un cacique du PS analyse l'arrivée d'Emmanuelle Cosse en Seine-Saint-Denis. Mais pas seulement. La direction du parti s'appuie aussi sur une clause des statuts qui prévoit que si un sortant homme ne se représente pas, c'est une femme qui doit être désignée. Or, c'est le cas de Michel Pajon, l'actuel député. Et ce dernier est emballé par cette candidature. « Je la soutiens à fond, s'enthousiasme-t-il. C'est une candidate compétente, active, expérimentée… Elle seule peut par ailleurs éviter la division des socialistes. » Cette dernière remarque ne manque pas d'ironie quand on sait que cette déclaration d'amour est sans doute plus motivée par sa haine d'Emmanuel Constant, l'autre candidat PS potentiel sur la circonscription, que par sa passion pour Emmanuelle Cosse. Les deux hommes ont travaillé près de vingt ans ensemble en mairie. Mais la fracture est apparue lorsqu'Emmanuel Constant a considéré que la perte de la mairie aux dernières municipales était due à « un rejet de la personnalité de Michel Pajon ». Depuis l'ancien maire voue une haine farouche à son ancien protégé.

    Reste que, localement, Emmanuel Constant a quelques appuis. A commencer par les secrétaires de sections PS. Ceux de Noisy-le-Grand, Neuilly-Plaisance et Gournay-sur Marne ont écrit à la direction de leur parti pour le défendre. « Nous ne comprenons pas ce parachutage, s'offusque Hervé Carré, secrétaire de la section de Noisy-le-Grand. On a rencontré Christophe Borgel (NDLR : responsable des investitures au PS) et Emmanuelle Cosse pour leur dire. Il est certain que si le PS maintient sa position, des militants renonceront à faire campagne. » Jacques Maheas, maire (DVG) de Neuilly-sur-Marne, est sur la même ligne. « Je ne suis pas favorable à cette solution, souligne-t-il. Je ne ferais pas campagne pour une parachutée et je suis sûr que le PS changera d'avis car le risque de candidature dissidente existe. »

    Pas chez Emmanuel Constant en tout cas. Si le vice-président du conseil départemental défend toujours sa candidature, il n'ira pas au clash. « Je me soumettrai au choix de mon parti mais pour le moment rien n'est officiel, argumente-t-il. Il serait tout de même étonnant qu'à l'heure d'un rapprochement entre Yannick Jadot (EELV) et Benoît Hamon (PS), on déroule le tapis rouge à quelqu'un qui a quitté EELV. » Enfin, Emmanuel Constant considère que la règle sur la succession d'un homme par une femme peut être contournée sachant qu'il y a, au niveau national, plus de femmes que d'hommes investis au PS pour ces élections.

    Dans l'entourage d'Emmanuelle Cosse, qui s'est tout de même rendue à quatre reprises en Seine-Saint-Denis depuis décembre, on ne fait aucun commentaire sur son éventuelle candidature… mais on ne dément pas non plus.

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