La mise à disposition de l’ancien Levothyrox en 2019, «cela ne résout pas le problème»

Une association de patients traités au Levothyrox parle d’une «bouffée d’air» mais réclame des réponses sur la composition de l’ancienne et de la nouvelle formule du médicament.

 L’association « Vivre sans thyroïde » réclame plus d’informations sur l’ancienne formule du médicament qui n’était pas bonne pour les patients.
L’association « Vivre sans thyroïde » réclame plus d’informations sur l’ancienne formule du médicament qui n’était pas bonne pour les patients. LP/Arnaud Journois

    Ils demandent de vraies réponses. La mise à disposition par le laboratoire Merck de l'ancienne formule du Levothyrox «tout au long de l'année 2019», comme le révèle Le Parisien, dans son édition de ce mardi, est « une bouffée d'air pour les patients qui ne supportent pas la nouvelle formule mais ne résout pas le problème », a réagi l'association « Vivre sans thyroïde ».

    « Cela reporte le problème. Ce qu'il faudrait, c'est une pérennité des deux formules côte à côte », a indiqué Beate Bartès, présidente de cette association. « Ce qui n'est toujours pas résolu, c'est que personne n'a pour l'instant d'explication des effets indésirables de la nouvelle formule, c'est un peu laissé de côté chez Merck, on n'a pas l'impression qu'on cherche à comprendre », dénonce-t-elle.

    « A chaque fois qu'il y a une annonce des associations, disant par exemple qu'on aurait trouvé des impuretés, on a un démenti. Mais il y a bien quelque chose », observe Mme Bartès. Elle rappelle que le laboratoire évoque un manque de stabilité de l'ancienne formule.

    « Nous demandons depuis septembre 2017 par lettre recommandée à l'ANSM (agence du médicament) de nous prouver que l'ancienne formule n'était pas fiable, de nous donner les rapports de pharmacovigilance (alertant sur des effets indésirables) de 2010, 2011, 2012 et ils ont mis deux mois à ne rien nous donner et puis ils ont dit que c'est le tribunal qui leur interdit parce qu'il y a une procédure en cours », rapporte Beate Bartès.

    «Au moins 35 000 dossiers de pharmacovigilance»

    Le TGI de Toulouse a ordonné lundi, pour la première fois sur le fond dans le dossier du Levothyrox, à des experts d'examiner des patients disant souffrir d'effets secondaires après la prise de la nouvelle formule du médicament mise sur le marché en mars 2017.

    Les magistrats toulousains demandent notamment à trois experts médicaux « d'expliquer en quoi le Levothyrox nouvelle formule diffère de l'ancienne formule, quels étaient les effets attendus et dire s'il est possible d'expliquer les symptômes rapportés […] et s'ils étaient évitables par une adaptation thérapeutique adéquate ».

    La présidente de « Vivre sans thyroïde » souligne qu'« apparemment, il y a peut-être quelques dizaines de dossiers de pharmacovigilance pour l'ancienne formule, pour la nouvelle on en était à 31 000 le 6 juillet, ce doit être au moins 35 000 aujourd'hui ».

    « Les autorités disent que l'ancien produit ne correspond pas aux nouvelles spécifications et qu'il était absolument impossible de continuer. On continue à le fournir au Maroc, en Italie, partout, mais pour les Français ce n'est pas assez bon », poursuit la présidente de « Vivre sans thyroïde ».

    Pour elle, « c'est probablement une histoire de brevet. Le brevet de l'ancienne formule expire en mai 2019, alors que la nouvelle formule a un brevet de 2014 qui dure jusqu'en 2034. Est-ce que Merck aurait suggéré à l'ANSM de lui demander d'améliorer l'ancienne formule pour faire un nouveau brevet ? C'est une question qu'on peut se poser. »