OL : « Nos joueurs sont un peu des intermittents », estime Bernard Lacombe

Lyon, son berceau footballistique et Bordeaux, la terre de son accomplissement, ont compté dans la carrière du conseiller du président de l’OL. Il convoque ses souvenirs pour évoquer les retrouvailles entre les deux clubs ce samedi à 17 heures.

 Bernard Lacombe est le conseiller du président Aulas à Lyon, « le club de sa vie ».
Bernard Lacombe est le conseiller du président Aulas à Lyon, « le club de sa vie ». PRESSE SPORTS

    Meilleur buteur français de l'histoire du Championnat de France (255 réalisations entre 1969 et 1987), Bernard Lacombe, 66 ans, a tout connu avec l'OL son club de cœur, où il conseille actuellement le président Jean-Michel Aulas. Mais c'est avec Bordeaux, où il a évolué durant 8 saisons, qu'il a remporté ses 3 titres de champion de France comme joueur (1984, 1985, 1987). Le Lyon-Bordeaux de ce samedi après-midi revêt forcément un attrait particulier à ses yeux.

    Trente ans après votre départ de Bordeaux, un match contre les Girondins est-il encore teinté de nostalgie ?

    BERNARD LACOMBE. Oh oui ! Je regarde toujours les Girondins avec curiosité. En 1979, après mon passage à Saint-Etienne… J'avais des contacts avec Strasbourg, Monaco et le PSG. J'ai choisi Bordeaux car je savais que j'allais retrouver Alain Giresse avec qui j'avais déjà joué en équipe de France junior. J'ai vécu huit années magnifiques là-bas, de grandes soirées de Coupe d'Europe. Mes années bordelaises, ce sont les moments les plus forts de ma carrière de joueur. Je ne les oublierai jamais.

    A l'instar du PSG des années 2010 et du Lyon de la précédente décennie, Bordeaux dominait la France dans les années 1980 ?

    La domination n'était peut-être pas aussi intense mais oui, on a gagné ensemble nos premiers titres. C'était fort. Et depuis Bordeaux, on était 7 ou 8 à partir à chaque rassemblement de l'équipe de France dans les années 1980. Il y avait Gigi (Alain Giresse), Jean Tigana, Marius Trésor, René Girard. Le sélectionneur puisait les forces vives à Bordeaux.

    Vous retournez ensuite à l'OL comme dirigeant dès 1988, à 36 ans…

    Quand je suis revenu à l'OL, j'étais très fier. Mais loin de m'imaginer que le club allait devenir ce qu'il est aujourd'hui. Rien qu'un titre de champion, c'était tellement loin, un rêve pour moi qui allait à Gerland avec mon père quand j'étais gamin. L'OL, c'est le club de ma vie. La première année, quand on revient avec Raymond (NDLR : Domenech, alors entraîneur. Lacombe est lui directeur sportif), le président Aulas nous dit : « il faut monter la 1re année et jouer la Coupe d'Europe dans 2 ans ». Je me rappelle le regarder, un peu surpris et réplique : « Euh président, pour l'instant, on est encore en 2e division… » Le chemin à parcourir me semblait immense.

    Avec Jean-Michel Aulas et Raymond Domenech, vous formiez un sacré trio…

    Jean-Michel (Aulas) nous a fait revenir avec Raymond, nous les deux Lyonnais. Le président disait : « c'est bien, dans le staff, il y aura le bon et le méchant ». Il disait toujours ça et ça nous faisait beaucoup rire. En sous-entendu, Raymond le rugueux défenseur craint par les attaquants et moi, l'attaquant qui marquait des buts. Mais le plus méchant, ce n'était pas Raymond (rires). Raymond était plus facile en tant qu'entraîneur. Moi, c'était l'inverse.

    Vous étiez dur ?

    Oui, j'étais dur avec les joueurs (NDLR : il a été entraîneur de l'OL entre 1996 et 2000). C'était ma manière de fonctionner. Il y avait des choses que je ne pouvais pas admettre. Je le reconnais, je ne passais pas grand-chose.

    L'arrivée de Sonny Anderson en 1999 a marqué un gros tournant dans l'histoire de l'OL ?

    Elle a été déterminante. Avec Sonny, le club a changé de statut. Un été, Jean-Michel Aulas et Jérôme Seydoux (le président de Pathé, le deuxième plus gros actionnaire de l'OL) me disent : « Bernard, qu'est-ce qu'il vous faudrait la saison prochaine ? ». Je réponds « Un grand attaquant ». « Alors on va l'acheter », me répliquent-ils. J'ai appelé la femme de Sonny, il était blessé au Barça. Et Sonny est venu chez nous.

    A l'époque, ce transfert, c'était très cher pour l'OL (120 millions de francs, un peu plus de 18 millions d'euros)…

    C'était une grosse somme d'argent en effet. Mais vous savez, un très bon joueur n'est jamais trop cher… (sourire).

    Le Lyon-Bordeaux de ce samedi, vous le voyez comment ?

    Notre équipe, elle est particulière. On ne sait jamais trop ce qu'il peut se passer. On va à Caen, on fait un match pitoyable (2-2 le 15 septembre). Quelques jours après, on va à City et on gagne (2-1 le 19 septembre). Avec cette équipe de l'OL, on peut s'attendre à tout. A Paris (défaite 5-0), par exemple, on fait un match énorme. C'est le match le plus rempli qu'on ait fait depuis le début de saison. Dans la qualité du jeu, c'était top. Bon, c'est vrai, on en a pris 5. C'est cher, très cher. Des joueurs se sont permis des largesses. Quand on joue une équipe moyenne, ça va, mais avec le PSG et ses deux fusées Mbappé et Neymar, ça devient injouable.

    Il y a pourtant beaucoup de qualité dans cette équipe…

    Il y a de la qualité. On a de bons joueurs, capables d'excellentes séquences. Mais nos joueurs sont un peu des intermittents. Samedi dernier, on gagne à Angers (2-1), mais ce n'était pas fameux.

    Votre entraîneur, Bruno Genesio, est très critiqué…

    Ah bah comme d'habitude, c'est de la faute à Bruno…. Je salue son travail à l'OL depuis son arrivée ( NDLR : en décembre 2015 ). On est beaucoup à apprécier son travail et il le sait. De toute façon, quand vous êtes entraîneur, vous êtes responsable d'un jeu qui est joué par les autres.

    Vous qui avez été joueur, entraîneur, directeur sportif, conseiller. Entraîneur, c'est le plus dur ?

    Clairement. J'ai passé des moments très compliqués comme entraîneur. En fait, on passe par des sentiments d'euphorie extraordinaire à des instants où on se retrouve totalement seul. Ou du moins on se sent seul. C'est très facile pour un entraîneur de tomber dans la paranoïa. Comme entraîneur, vous êtes toujours en train de vous remettre en cause alors que certains, ils ne se remettent pas du tout en cause. Quand je dis certains, je parle des joueurs. Ils doivent s'investir beaucoup plus.

    Vous parlez de la situation actuelle à l'OL, notamment de Memphis ?

    Non, non. Je ne veux pas faire de fixation sur tel ou tel cas. Je donne juste mon ressenti à partir de mon expérience comme joueur et dirigeant. Ne m'entraînez pas sur un terrain où je ne veux pas aller… (rires)

    BIO EXPRESS