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La victoire sur Alep, "un tournant" dans la guerre en Syrie

La vieille ville d'Alep est bientôt sous contrôle des soldats syriens. Pour Frédéric Pichon, docteur en Histoire contemporaine, la victoire de l'armée sur la zone est de la ville est décisive.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des troupes syriennes pro-gouvernementales dans la vieille ville d'Alep, le 8 décembre 2016. (GEORGE OURFALIAN / AFP)

Les soldats syriens reprennent le contrôle de la vieille ville d’Alep dans le nord de la Syrie. Les derniers rebelles sont encerclés. Il existe quelques poches de résistance autour de la citadelle d’Alep. Selon Frédéric Pichon, docteur en Histoire contemporaine, spécialiste de la Syrie où il vient d'effectuer un séjour, cette victoire de l'armée syrienne sur l'est d'Alep constitue "un tournant" dans la guerre.

Il a également estimé jeudi 8 décembre sur franceinfo qu'une "grande partie" des rebelles " a déposé les armes". De plus, "la plupart des habitants d'Alep-Est est allé à Alep-Ouest, c’est-à-dire les zones gouvernementales". Il estime que la "poche de rébellion" d'Alep-Est ne représente pas les civils.

franceinfo : Bachar Al-Assad prétend qu’une victoire à Alep serait une étape cruciale pour la fin de guerre en Syrie, serait-ce en effet un tournant ?

Frédéric Pichon : Oui, c’est un tournant car la partie est d’Alep qui avait été investie très tôt en 2012 par la rébellion aurait pu constituer un point d’appui pour un gouvernement bis ou en tout cas un gouvernement rebelle. Cet espoir est absolument ruiné aujourd’hui. Par ailleurs, sur la question de la réalité de la rébellion à l'est d'Alep, on a sans doute été beaucoup intoxiqué en Europe et en Occident en général. Par exemple, on nous a annoncé il y a quelques jours que la vieille ville avait été totalement reprise par l’armée. Or, l’armée syrienne ne l’a jamais confirmé. Cette reprise très rapide des quartiers est d’Alep correspond à une réalité géopolitique. Les derniers soutiens à cette rébellion, les Turcs notamment et les Américains ont décidé de tenir compte du rapport de force et d’arrêter de soutenir cette rébellion.

Que vont devenir ces rebelles ?

Une grande partie a déjà déposé les armes. À travers des négociations secrètes, ces rebelles ont obtenu un sauf-conduit. Et ce en négociant avec les Russes et non avec les Syriens. Depuis deux ans, les Russes sont à la manœuvre sur l’ensemble du territoire et négocient des trêves. Pour une grande partie, cette rébellion va soit rendre des armes, soit s’intégrer dans des unités de l’armée syrienne, soit partir pour Idleb, qui va rester la dernière zone que l’armée de Bachar Al-Assad n’a pas réussi à réduire. L’offensive à Idleb a d’ailleurs déjà commencé avec l’aide de l’aviation américaine.

Les rebelles syriens de l'est d'Alep ont-ils un représentant ?

On nous a vendu une rébellion. Vous savez le maire ne représente personne. Alep-Est n’a jamais été doté d’une mairie. De plus, le narratif de certains médias occidentaux a beaucoup gonflé les choses. Il est même vraisemblable que cette poche de la rébellion n’a jamais groupé autant d’habitants qu’on a bien voulu nous dire. On a parlé de 250 000 habitants, il est probable que ce soit plutôt 100 000 à peine. Pour le moment, la plupart des habitants d’Alep-Est sont tous allés à Alep-Ouest, c’est-à-dire les zones gouvernementales. Je crois que cette rébellion ne représentait personne.

Les civils dans leur grande majorité qui vivaient encore à Alep-Est ont servi de boucliers humains, comme en ce moment à Mossoul, l’Etat Islamique se sert des habitants de Mossoul comme boucliers humains. On nous a présenté pendant quelques mois une situation qui ne correspondait pas à la réalité.

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