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L'effet inattendu des bonnes actions sur les enfants

JEFF PACHOUD/AFP

Les pré-ados habitués des gestes altruistes sont plus heureux et mieux intégrés dans leur classe, selon une étude.

Partager son déjeuner, réconforter une personne qui paraît fatiguée: sous leurs airs anodins, ces petits gestes altruistes pourraient rapporter gros à celui qui les initie. Et pas seulement chez les adultes. Les pré-ados y gagneraient aussi en termes de sentiment de bonheur et de liens sociaux dans leur classe, selon une étude américano-canadienne publiée dans la revue Plos One.

L'idée qu'une bonne action crée du bonheur non seulement chez le destinataire mais aussi chez celui qui en est à l'origine n'est pas nouvelle. En revanche, l'effet chez les pré-ados était plus incertain. Pour en être sûres, des chercheuses de l'université de Californie (Riverside) et de l'université de Colombie britannique ont suivi 415 enfants de 9 à 11 ans scolarisés dans la région de Vancouver. Elles leur ont dans un premier temps demandé avec quels autres élèves de leur classe ils seraient prêts à travailler. Puis les enfants ont été répartis au hasard en deux groupes. Le premier avait pour tâche, pendant un mois, de réaliser des gestes agréables pour autrui, comme partager son goûter, faire un câlin à sa mère quand elle semble fatiguée. Les enfants du second groupe devaient noter tous les lieux agréables où ils s'étaient rendus (chez les grands-parents, au centre commercial, au terrain de sport).

A la fin de l'expérience, les enfants des deux groupes se sentaient plus heureux qu'au début. En revanche, ceux qui avaient fait des bonnes actions avaient gagné en ouverture vers autrui par rapport à l'autre groupe: à la question de départ «Avec qui accepterais-tu de travailler en groupe», le nombre de personnes citées individuellement avait augmenté significativement plus chez les enfants du groupe «bonne action».

Souligner ce qui va bien

Un résultat qui ne surprend pas la pédopsychiatre Gisèle George, auteur de La confiance en soi de votre enfant (éd. Odile Jacob). L'estime de soi est ce qui permet à l'enfant de trouver sa place vis-à-vis de ses camarades: c'est pourquoi ceux qui en manquent sont souvent la cible privilégiée des moqueries. «Mais dès que cette estime de soi s'améliore, il est fréquent de voir les attaques cesser, simplement parce que l'attitude de l'enfant a changé. Il paraît alors moins vulnérable et va davantage vers les autres», explique le Dr George. Or, «plus que chez l'adulte, l'estime de soi d'un enfant repose beaucoup sur l'évaluation de son entourage. C'est ainsi qu'il apprend à mieux se connaître, avec ses compétences et ses faiblesses. Et quand il aide un tiers, l'enfant voit son estime de soi doublement renforcée: d'une part parce qu'il voit qu'il est capable de faire du bien à autrui, d'autre part parce que les autres le complimentent ou le remercient.»

Malheureusement, l'attitude des parents ou des enseignants dans notre société ne favorise pas assez la construction de cette estime de soi personnelle, regrette la pédopsychiatre. «Les gestes pour la développer sont pourtant simples. Cela passe notamment par la façon dont on s'adresse à l'enfant pour évaluer ses compétences: mieux vaut commencer par souligner ce qu'il fait bien et poursuivre sur ce qu'il peut améliorer, plutôt que de s'acharner d'emblée sur qu'il fait mal. Il peut s'agir par exemple de le féliciter parce qu'il range sa chambre spontanément, ou de discuter de la façon dont il s'est organisé pour avoir une bonne note».

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