On l’oublie trop souvent, mais la peau est au même titre que les reins un fabuleux organe d’élimination. Ce n’est pas un hasard si sauna, hammam et autres techniques qui favorisent la transpiration existent depuis des milliers d’années. On pense à faire des cures de boissons drainantes, rarement à activer le drainage par la peau. Pourtant, en boostant sa transpiration régulièrement, on améliore non seulement l’aspect de la peau qui « autonettoie » ainsi ses pores, mais on active aussi la détox de l’organisme en évacuant les toxines qui l’encombrent et le fatiguent. Explications pour avoir une belle peau.

Les toxines, qu’est-ce que c’est ?

Ce sont des molécules « poisons » présentes dans le corps, plus ou moins toxiques. D’un côté, il y a les déchets produits par le métabolisme cellulaire, la digestion ou le stress, comme l’acide lactique, les déchets azotés (issus du métabolisme des protéines), les substances mucosiques (résidus de cellules mortes et du métabolisme des sucres, amidon, lipides). Et puis il y a tous les déchets liés à l’absorption de substances toxiques via la respiration et l’alimentation : gaz d’échappement, métaux lourds, tabac, colorants, conservateurs, pesticides, médicaments… Ces toxines se fixent dans les tissus et sont cause d’acidification et d’inflammation. Rien de très bon en somme.

En transpirant…

... On se garantit une belle peau. Elle est plus claire, plus nette, plus lisse. Les pores sont « vidés » de leurs impuretés, les cellules mortes sont éliminées, et la microcirculation, activée par la chaleur, produit une meilleure irrigation et une meilleure nutrition des tissus cutanés. La peau est mieux hydratée, donc plus souple et éclatante. ... On est moins fatiguée. La fatigue naît souvent d’un déséquilibre acide-base de l’organisme en faveur de l’acidité. « Transpirer aide à désacidifier le corps, notamment en éliminant l’excès d’acide lactique », explique Chico Shigeta, fondatrice du Coaching Vitalité ( shigeta.fr).

... On devient zen. Quand on a du mal à déstresser, à dormir parce que l’esprit ne s’arrête pas, c’est le signe qu’il y a déséquilibre entre le système nerveux sympathique (qui pousse à l’action) et le parasympathique (qui favorise la détente). « Transpirer régulièrement agit sur le système nerveux, ça permet d’activer plus facilement le système parasympathique », assure Chico Shigeta.

... On entretient sa santé. En limitant le stockage des déchets acides et des métaux, pesticides et autres toxines chimiques, on lutte également à long terme contre l’inflammation, source de douleurs et de maladies. En naturopathie, une grande majorité de maladies s’expliqueraient par un encrassement du corps par ces diverses toxines.

Des idées pour se faire suer

La transpiration s’enclenche pour maintenir le corps à 37 °C. On peut donc la stimuler soit par une température ambiante élevée, c’est le procédé du sauna et du hammam, soit en faisant un effort physique intense, comme la course, qui augmente la température interne du corps. La sueur évacuée est la même quel que soit le procédé mais suer par l’effort demeure le réflexe numéro 1, car le plus complet : « Les bénéfices de l’exercice ne se cantonnent pas au fait de transpirer mais aussi d’augmenter l’activité du système cardio-vasculaire, d’éviter le surpoids, de stimuler le renforcement des os… Si le fait de suer est une bonne chose car il témoigne que le corps s’active, il constitue aussi un indicateur de la “mise en route” du métabolisme. Le mieux est d’enchaîner running et sauna ou hammam », explique Yann Le Meur, chercheur en physiologie à l’Insep.

La formule idéale ? Une course d’au moins 40 minutes, suivie d’un hammam pendant une quinzaine de minutes. Ou la pratique du yoga Bikram, un enchaînement de postures dans une salle chauffée à 40 °C, une ou deux fois par
semaine.

Une technologie en vogue pour perdre eau et toxines. L’augmentation de la température interne en profondeur par infrarouges longs (IRL), comme le Iyashi Dôme (iyashidome.com). On s’allonge dans un caisson (la tête est à l’extérieur) qui bombarde le corps d’IRL et, pendant 30 à 40 minutes, on transpire abondamment. La méthode permettrait d’éliminer les polluants encore plus efficacement que le sauna et le hammam. A pratiquer une fois par semaine.

Le Bain Détox. Chico Shigeta préconise de se plonger trois fois par semaine dans un bain chaud jusqu’au ventre, le reste du corps étant hors de l’eau. Au lieu de suer uniquement à cause de la chaleur du bain, l’organisme produit sa propre chaleur, comme avec le sport, pour équilibrer la température entre le haut et le bas du corps. De quoi transpirer plus activement et entraîner son système d’élimination.

Pourquoi tout le monde ne transpire pas de la même façon ?

Il suffit de pratiquer un cours de gym suédoise ou de yoga Bikram pour s’apercevoir que tout le monde ne transpire pas la même quantité d’eau et que la sueur se déclenche plus rapidement chez certains individus. Selon le Dr Christophe Delong*, auteur du « Sport dans la vie d’une femme » (éd. Le Cherche Midi) : « Si vous êtes entraînée, vous transpirez plus facilement que si vous ne l’êtes pas. » Transpirer davantage et plus vite est un vrai atout, cela permet une meilleure tolérance à la chaleur. Un phénomène que confirme Hélène Fournier, fondatrice de L’Espace Bikram Paris : « Plus on pratique, plus on perd d’eau, et au niveau de chaque parcelle de peau. » Et perdre beaucoup d’eau a aussi un autre intérêt, explique Yann Le Meur : « Avec l’entraînement, surtout sous forte chaleur, la sueur devient moins concentrée en sodium, ce qui permet de conserver ses minéraux. » A vos runnings !

On n’oublie pas de boire

Quand on transpire, on perd beaucoup d’eau (et de minéraux). Il faut donc boire en conséquence. Pour le sport : « 500 ml d’eau 20 minutes avant l’entraînement, puis 100 à 150 ml toutes les 10 minutes. (…) Continuez à vous
hydrater dans les cinq heures qui suivent la pratique du sport pour éliminer les toxines. Buvez de l’eau riche en bicarbonate, alcalinisante (Vichy St-Yorre, Vichy Célestins, Arvie, Quézac, Badoit) », explique le Dr Christophe
Delong. Après un sauna ou un hammam, buvez dans l’heure qui suit une petite bouteille d’eau minérale et, comme après le sport, continuez à vous hydrater régulièrement dans les heures qui suivent.

Comment la sueur élimine les toxines ?

Sang et lymphe conduisent les déchets jusqu’au foie, aux reins et aux poumons, mais aussi jusqu’à la peau, où ils sont éliminés via la transpiration. « Problème, si ce système interne de nettoyage gère bien les toxines naturelles,
il a plus de mal à se débarrasser de toutes les substances chimiques issues de notre mode de vie moderne », explique Jocelyne Rolland, kinésithérapeute, créatrice du Centre de rééducation de la beauté ( reeducation-beaute.com). Parce que les mécanismes d’élimination n’ont pas été « prévus » pour ces grosses molécules synthétiques, celles-ci demandent donc beaucoup d’efforts à l’organisme pour être évacuées. Si chaque système
d’élimination joue son rôle pour bien se débarrasser de ces éléments toxiques, la transpiration serait particulièrement efficace pour éliminer métaux, pesticides et autres polluants. « Leur élimination est possible par la transpiration, par l’intermédiaire des glandes sudoripares », écrivent le Dr Bérengère Arnal et le Pr Henri Joyeux, auteurs de « Comment enrayer “l’épidémie” des cancers du sein et des récidives » (Editions du Rocher).