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1200 agences d’État pour 80 milliards de dépenses: il est temps de faire le ménage

LE MACRONOMÈTRE - Édouard Philippe veut missionner son gouvernement pour réduire le nombre de leurs agences. Une démarche notée 6/10 par l’iFRAP. Chaque semaine, le think-tank libéral publie sur Le Figaro.fr l’évaluation d’une des mesures prises sous Emmanuel Macron.

Va-t-on, enfin, faire le ménage dans les satellites de l’État que l’on appelle les agences ou les opérateurs? C’est

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ce que semble vouloir signifier une circulaire de Matignon dont le projet a fuité. Le premier ministre missionne ses ministres pour réduire le nombre de leurs agences. Officiellement, l’État en compte 1200 (opérateurs et organismes divers) pour une dépense de plus de 80 milliards d’euros par an, 458.000 agents et une masse salariale a tendance exponentielle (25 milliards en 2012, 30 milliards en 2017…).

À charge pour les ministères de justifier, d’ici l’été, l’utilité de leurs agences. Dans le viseur de Matignon, en priorité celles comptant moins de 100 agents. La circulaire demande aussi de réduire le nombre d’organismes consultatifs (les fameux «comités Théodule») qui sont actuellement au nombre de 387 pour un budget annuel de 22 millions d’euros.

Le propos du gouvernement est volontariste. Encore faut-il se donner véritablement les moyens d’une vision exhaustive des entités visées par la circulaire. Les opérateurs de l’État sont officiellement, selon le document annexé à la loi de Finances, au nombre de 484. Si l’on leur ajoute les «organismes divers» on en trouve 347 de plus (380 sont communs). Au total, on identifie pour 2017, 831 agences (hors entités sans personnalité morale pourvues d’un comptable public, dont le nombre n’est pas officiellement connu depuis 2012).

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Des objectifs non contraignants

Ces dernières années (2012-2017), le nombre d’opérateurs de l’État a baissé de 24% tandis que le nombre des organismes divers d’administration centrale, non renseignés dans les documents budgétaires adressés au Parlement, a augmenté de 26%. Budget comme emplois de ces derniers ne sont peu ou pas connus, alors même qu’ils pèsent dans les comptes publics pour au moins 81,2 milliards d’euros en 2017.

Quant aux commissions consultatives (Haut conseil pour le climat…), au nombre de 387, ce sont des poids plumes: elles ne représentent que 22 millions d’euros de budget. Même si on leur ajoute les autorités administratives indépendantes (Commission nationale du débat public, Défenseur des droits…), cela porte à moins de 500 millions le total de dépenses.

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En l’absence de cibles chiffrées, les objectifs de la circulaire ne sont en réalité pas réellement contraignants pour les ministères. Et ce d’autant plus que nos agences de l’État doublonnent souvent avec d’autres entités locales ou nationales. Par exemple, l’Établissement public du marais poitevin, opérateur de l’État créé en 2010, doublonne avec le Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres, les directions départementales des territoires des Deux-Sèvres, de Charente maritime et de Vendée, les directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement ou encore de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. Dans l’idéal, il conviendrait que les pouvoirs publics justifient le maintien des structures en tenant compte de tous les échelons administratifs et pas seulement ceux de l’État.

De faibles économies potentielles

Au Royaume-Uni on dénombre, en 2018, 305 agences publiques pesant 203 milliards de livres et employant 273.126 agents. Une sérieuse réduction du nombre a été menée depuis le début des années 2010, le Parlement britannique exigeant la suppression de plus de 200 agences d’État. La France, elle, semble moins ambitieuse. Si l’on se fie à la circulaire gouvernementale et son objectif de réduire le nombre d’agences comptant moins de 100 agents, cela n’en impacterait qu’une soixantaine pour 2500 agents. C’est faible en économies potentielles.

Cette circulaire permet, certes, un pas en avant mais il faudrait aller plus loin pour réaliser de vraies économies en matière d’agences. Sur plus de 470.000 agents de l’État travaillant dans les opérateurs de l’État, le bon objectif serait une baisse d’environ 88.000 équivalents temps plein pour atteindre moins de 400.000 agents et une économie d’environ 3 milliards d’euros.

En plus de la circulaire, on peut donc légitimement attendre que les parlementaires demandent un document annexé annuellement à la loi de Finances présentant au Parlement l’ensemble des agences et leur budget consolidé car il est amené aujourd’hui à voter à l’aveugle les crédits d’une bonne partie de ces entités. Pourquoi ne pas créer par ailleurs un numerus clausus des agences, avec des cibles budgétaires à la clé?


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Le Macronomètre, observatoire des réformes du gouvernement, est un site de la Fondation iFRAP en partenariat avec Le Figaro.fr. Il s’agit d’un outil dédié à l’évaluation du quinquennat d’Emmanuel Macron: évaluation économétrique par rapport à son programme électoral et aux annonces de son gouvernement. Avec Le Macronomètre, l’action du gouvernement est notée sur 10 chaque mercredi avant le conseil des ministres et devient lisible d’un seul coup d’œil. Le Macronomètre permet à chacun de se faire un avis sur la tenue ou non des promesses du président de la République et sur l’efficacité des réformes du gouvernement.

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81 commentaires
  • Tavclo

    le

    C'est l'état tout entier qu'il faudrait revoir !!!! quand on voit comment est géré l'état Suisse, je me dis qu'il y a un énorme océan d'incompréhension dans tous nos dirigeants politiques !!! un nombre exagéré du dispositif d'état, ainsi que un nombre exagéré d'agences d'état, un nombre exagéré de ministres, sous ministres, conseillers, secrétaires, chauffeurs, limousines, etc. etc. De plus, leur système de rendre autonomes toutes les communes (nos mairies) tous les cantons (nos départements

  • Lino193440

    le

    Il ne faut pas RENOUVELER les postes des PREFETS HORS CADRES car ceux qui en profitent :Les copains des P R, en particulier . Mais les SUPPRIMER au fur et à mesure des départs ,tout comme les AVANTAGES ROYAUX des FUTURS P R , 1er ministre ,ministres , députés, sénateurs etc... Car tous ceux qui se GAVENT actuellement savent très bien que l'on ne peut RIEN LEUR ENLEVER des ACQUIS . Ces suppressions peuvent se faire TRES RAPIDEMENT PAR LE P.R ,Macron et rentreraient en application dans les semaines suivantes ,MAIS IL FAUT LE VOULOIR . Par ces mesures tout NOUVEAU PARTANT à la retraite ne toucherait que sa retraite :Pour les PR pas de LOGEMENTS DE FONCTION,CHAUFFEURS,GARDES DU CORPS ,VOITURES ,TPH etc.. et EX 1er MINISTRES (QUI SONT UNE QUARANTAINE :PAS de voiture et chauffeur : GRATOS ,billet avion et train etc...Quand on entretien depuis 38 ans VGE ,et 2 autres P R et Mme Chirac , L'EX 1ére ministre de Mitterrand depuis 35 ans et prés de 40 ,oui ,quarante ;ex 1er ministres etc.... Tous cette gente vous dira d'un AIR OFFUSQUE : Nous les méritons .IL faudrait qu'un ECONOMISTE CHIFFRE CES COÛTS qui doivent représenter des CENTAINES DE MILLIONS car ces SERVICES SONT ASSURES 24 H / 24 et quand on sait que pour assurer une seule présence il faut environ 7 personnes OUI, 7 : car 35 h hebdomadaires ( les congés payés ,les stages , maladies etc ) Hollande na presque rien fait car il savait qu'il ne serait pas REELU

  • TOCATA Jean

    le

    Trois mois après, où en sommes-nous ?
    Dans le secteur privé concurrentiel, un dirigeant, qui après trois mois n'aurait pas commencé à exécuter sa mission, serait rapidement viré...

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