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Il y a de la vie dans les grands fonds des océans

Des activités biologiques ont été détectées par 11 km de fond dans la fosse des Mariannes et dans les roches volcaniques qui tapissent les fonds océaniques.

Sur Mars, le robot Curiosity est toujours à la recherche des conditions favorables à la formation de la vie. Pendant ce temps, sur Terre, les expéditions scientifiques se multiplient pour trouver des traces de vie dans les conditions les plus extrêmes. La moisson scientifique du week-end a été particulièrement fructueuse, avec deux études marquantes.

La première, publiée le 15 mars dans la revue Science, a été conduite à l'occasion d'un forage par 2 700 m de fond, au large de la côte ouest de l'Amérique du Nord. Le navire a effectué un carottage de plus de 800 mètres d'épaisseur dans des roches volcaniques. À ces profondeurs et dans ces conditions particulièrement hostiles, les analyses ont mis en évidence la trace d'activités bactériennes. «On savait déjà qu'il y a des activités biologiques dans les sédiments marins mais on ne se doutait pas que c'était aussi le cas dans les roches volcaniques», souligne Olivier Rouxel, du centre Ifremer de Brest, qui a participé à l'étude. Le plus difficile a consisté à éviter toute contamination bactérienne lors du carottage et du stockage les échantillons.

Ce robot sous-marin équipé de capteurs capables de sonder la consommation d'oxygène des fonds marins est descendu dans la fosse des Mariannes.

Cette découverte n'est pas anecdotique car les roches volcaniques tapissent tous les grands fonds océaniques qui représentent pas moins de 60 % de la surface du globe. «Ces roches volcaniques “jeunes” de 3,5 millions d'années sont creuses comme des éponges. On estime qu'elles contiennent près de 2 % de la quantité totale de l'eau de mer planétaire. C'est l'aquifère le plus étendu de la planète», explique le chercheur.

Des vidéos réalisées

Au contact de l'eau de mer pauvre en oxygène, les roches se décomposent, ce qui entraîne une chaîne de réactions fournissant l'énergie nécessaire au développement des bactéries. «On a trouvé ce qu'on cherchait mais il est possible qu'il y ait d'autres micro-organismes avec des métabolismes différents», indique Olivier Rouxel. L'étude de ce milieu pourrait apporter de nouveaux éléments sur conditions d'apparition de la vie sur terre.

L'autre étude publiée le 17 mars dans la revue Nature Geoscience a été conduite dans la fosse des Mariannes, l'endroit le plus profond de la croûte terrestre actuellement connu situé dans le nord-ouest du Pacifique. Là-bas, l'équipe conduite par Ronnie Glud, de l'université du Danemark du Sud, a exploré plusieurs sites à l'aide d'un robot sous-marin équipé de capteurs capables de sonder la consommation d'oxygène des fonds marins. Des vidéos du fond de la fosse ont aussi été réalisées.

Paradoxalement, les chercheurs ont constaté une plus grande activité biologique par 11 km de fond que par 6 km. Dans ce monde plongé dans le noir, soumis à des pressions énormes et à des températures très basses et en dépit des moindres quantités de débris organiques qui atteignent les grands fonds, les chercheurs ont décelé la présence et l'activité de nombreuses bactéries. «Quand James Cameron était descendu en sous-marin dans la fosse des Mariannes en 2012, il avait trouvé les fonds désolés et déserts. Son hublot devait être embué par l'excitation», conclut Eric Epping, de l'Institut néerlandais de la mer, dans un commentaire.

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