JO : la moitié des sportifs français vivent sous le seuil de pauvreté

Ils gagnent des médailles, mais peu d'argent. Alors que les fédérations ne rémunèrent pas leurs sportifs, certains ont du mal à joindre les deux bouts.

6Medias

Gaël Quérin, membre de l'équipe de France de décathlon.
Gaël Quérin, membre de l'équipe de France de décathlon. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Oubliée, l'image du sportif millionnaire... Loin des podiums et des médailles, la réalité est bien moins belle. Un reportage de Complément d'enquête , diffusé jeudi soir, révèle que la moitié des 450 Français qui vont participer aux JO de Rio vivent avec moins de 500 euros par mois. Comme 8,6 millions de personnes, des centaines d'athlètes se retrouvent donc sous le seuil de pauvreté, fixé à 987 euros par mois et défini par l'Insee comme étant égal à 60 % du niveau de vie médian de la population française.

La newsletter sports

Tous les lundi à 9h15

Recevez le meilleur de l’actualité sportive.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Membre de l'équipe de France de décathlon, Gaël Quérin assure qu'il n'a même pas les moyens de se payer une nouvelle paire de baskets malgré ses chaussures trouées ! Et pour cause, avec des séances d'entraînement deux fois par jour, le champion de France 2015 n'a pas le temps de cumuler un petit boulot. Pourtant, sa discipline lui coûte de l'argent. Entre les stages, les déplacements et le matériel, sa préparation aux JO lui revient à 17 500 euros. Si la somme est en partie prise en charge par sa fédération et par son département, ce père de famille a été obligé de faire appel aux dons sur Internet pour trouver les 5 000 euros restants.

Vendeuse en parallèle

Mais Gaël Quérin est loin d'être le seul. « Il y en a des dizaines dans toutes les disciplines : javelot, judo, course... », égrène le journaliste de France 2. « J'ai des mois où il n'y a rien dans le frigo », confie même Phara Anacharsis, championne de France du 400 mètres haies. Hors des pistes, la jeune femme est obligée d'enfiler le costume de vendeuse de baskets dans un grand magasin, 20 heures par semaine. Son salaire - environ 700 euros par mois - constitue l'essentiel de ses revenus. Car contrairement à la Chine ou à l'Italie, en France, les fédérations ne rémunèrent pas leurs sportifs.

Une quarantaine de sportifs de haut niveau, à l'instar de Martin Fourcade, d'Éric Carrière ou de Renaud Lavillenie, avaient d'ailleurs signé une tribune en 2015 pour tirer la sonnette d'alarme. « Si notre statut est amateur, nous nous entraînons comme des professionnels. (...) Nous vivons pour le sport, mais pour la plupart le sport ne nous fait pas vivre », s'inquiétaient alors les signataires.

Une loi votée en novembre

Une situation bien connue des responsables politiques. Les sportifs de haut niveau ont « l'un des statuts les plus précaires de notre pays », avait aussi alerté le secrétaire d'État aux Sports Thierry Braillard, après la parution d'un rapport sur le sujet en juin dernier. Le document établi par le juriste du sport Jean-Pierre Karaquillo pointait déjà l'extrême précarité des athlètes de haut niveau. Et de préciser alors que 75 % de ces athlètes sont non salariés, et donc non couverts en cas d'accident.

Les députés ont tout de même tenté de faire bouger les choses, en votant en novembre dernier une proposition de loi sur le statut des sportifs de haut niveau, afin de mieux les protéger. L'objectif du texte ? Favoriser « l'insertion citoyenne et professionnelle des athlètes grâce à un suivi socioprofessionnel imposé aux fédérations sportives » et créer « un dispositif de couverture accidents du travail-maladies professionnelles pour la pratique sportive des athlètes de haut niveau ».

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (22)

  • Christo83

    Si la moitié des sportifs ont un revenu inférieur à 500 € par mois et si le seuil de pauvreté est de 987 € par mois, le pourcentage de sportifs ayant un revenu inférieur au seuil de pauvreté doit être nettement supérieur à 50 %. Probablement de l'ordre de 70 à 80 % voire plus !

  • jackknight

    ... Une nouvelle discipline sportive !
    La discipline des : « on marche sur la tête » !

  • AD36

    Lorsque sur 100 Euros de richesse créés 47 sont prélevés par l'Etat, la SS, les collectivités territoriales,
    Quand la dépense publique représente 57% du PIB,
    Peut-on employer le qualificatif "libéral" ?

    Il semble bien qu'au contraire le pays aujourd'hui le plus redistributif au monde, le nôtre, soit tout aussi inégalitaire que les "diaboliques" patries du libéralisme et du "capitalisme sauvage".
    Des proportions de pauvres comparables et un taux de chômage beaucoup plus élevé. Il semble que nous n'ayons pas inventé une meilleure formule que les autres pour l'instant.

    Non, tout n'est pas dit.