À Berlin, Emmanuel Macron marque un peu plus sa différence

Lors d'un déplacement en Allemagne, le candidat à l'élection présidentielle a réaffirmé son soutien à Angela Merkel et son attachement à l'Europe.

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Emmanuel Macron à Berlin avec de jeunes réfugiés employés par la Deutsche Bahn dans le cadre d'un programme d’intégration.
Emmanuel Macron à Berlin avec de jeunes réfugiés employés par la Deutsche Bahn dans le cadre d'un programme d’intégration. © SOEREN STACHE / DPA / dpa Picture-Alliance/AFP

Temps de lecture : 4 min

C'est au fin fond de Berlin-Est, baigné de soleil et recouvert d'un manteau neigeux, qu'Emmanuel Macron est venu marquer un peu plus sa différence. Dans un entrepôt de la Deutsche Bahn, le candidat à la présidentielle a découvert mardi après-midi le programme d'intégration des réfugiés mis en place par l'entreprise ferroviaire publique. Des wagons de métro, du plus vintage au plus moderne, se succèdent sous les hautes verrières, en attente de maintenance.

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La Deutsche Bahn emploie 120 réfugiés, venus de Syrie, d'Irak, du Pakistan, d'Érythrée ou encore d'Égypte. Quelque 150 places supplémentaires sont disponibles en 2017. Alors que François Hollande s'est montré beaucoup plus frileux qu'Angela Merkel sur la question de l'accueil des réfugiés et que Manuel Valls a marqué les esprits en 2016 en prononçant à Munich un discours sur l'immigration d'une extrême fermeté – « Maintenant, nous n'accueillons plus de réfugiés » –, Macron vient réaffirmer sa conviction déjà clamée en septembre 2015 que « les réfugiés sont une opportunité économique ».

L'ancien ministre de l'Économie vient dire ici une nouvelle fois son soutien à l'action « remarquable » de la chancelière allemande qui a ouvert les frontières de son pays à 890 000 réfugiés en 2015 et à 300 000 réfugiés en 2016, très loin devant la France.

« Pas naïf »

« L'initiative prise par l'Allemagne était importante. Ce sont des gens qui fuient pour protéger leurs familles, qui fuient un pays qui les menace. L'Europe n'a pas réagi comme il le fallait. Accorder le statut de réfugié politique aux demandeurs d'asile, c'est un devoir », martèle Emmanuel Macron. Le soir même, lors d'un discours à l'université Humboldt, il ira encore plus loin : « J'ai eu l'occasion de le dire, je le répète ici : oui, la société allemande a fait face avec une lucidité, un courage et une humanité admirables à l'arrivée massive de réfugiés et de migrants. »

« Pas naïf », Macron ne dresse pas un tableau idyllique de la situation, dans un pays marqué par les événements de Cologne, des agressions sexuelles lors du réveillon 2015 attribuées en partie à des étrangers. Angela Merkel, candidate à un quatrième mandat, pourrait payer cher le prix de sa politique migratoire.

« Je sais qu'il y a beaucoup de tensions, que des demandeurs se sont mal comportés, que ce n'est pas une immigration aisée », anticipe le leader d'En marche !, avant d'expliquer ce que serait sa politique, un équilibre entre « le réalisme qui réclame de la sécurité intérieure et extérieure et une grande exigence sur le plan moral historique et politique ». « On ne doit pas revoir nos valeurs à l'aune des risques du monde », tacle Emmanuel Macron, avant de cibler la seule mesure que François Hollande regrette : « Avec la déchéance de nationalité, on s'est profondément trompés. »

Coopération diplomatique et militaire renforcée

Au rayon de ses propositions : un Schengen renforcé, 5 000 policiers supplémentaires aux frontières extérieures, une coopération renforcée entre la France et l'Allemagne sur le terrain diplomatique et militaire. Sur cette question, il a expliqué dans son discours à l'université mardi soir, prononcé dans un anglais parfait : « Nous devons développer une réelle capacité d'action politique : un quartier général européen permanent, chargé d'assurer une planification et un suivi des opérations, en lien étroit avec les centres de commandement nationaux et l'Otan, est indispensable. Je propose aussi d'instituer un conseil de sécurité européen rassemblant des militaires, des diplomates, des experts du renseignement afin de conseiller les décideurs européens, notamment en cas de menaces ou d'attaques. »

Enfin, le candidat à l'Élysée propos de « développer les accords de coopération avec les grands pays d'émigration et de transit, fondés sur une aide au développement, un soutien au contrôle de leurs frontières et un accord sur le retour des migrants non autorisés à entrer ou à résider dans l'Union européenne ».

Plus tôt dans la journée, devant les soutiens d'En marche ! installés à Berlin, Emmanuel Macron avait plaidé pour que l'Allemagne et la France « tiennent leurs sociétés ensemble dans un contexte d'attaque terroriste » : « Nous avons des attaques terroristes partout en Europe. Des communautarismes qui montent. Plus de 4 millions de Français de confession musulmane. Ces trois choses ne sont pas liées », avait plaidé Macron.

Il avait ensuite accusé ceux qui jouent à créer des amalgames de « donner raison aux djihadistes qui veulent créer la panique, nous dicter notre agenda et créer la guerre civile, ce qui sera bien pire que tout ce qu'ils pourraient faire ». Il ne cite personne, ne vise personne nommément. Mais, avec François Fillon, Marine Le Pen ou même Manuel Valls, les débats promettent d'être mouvementés.


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Commentaires (43)

  • FLYTOXX

    Le Point n’hésite pas à sortir les violons chaque fois qu’il a l’occasion d’offrir une aubade à Macron.
    Si le jeune énarque, ex ministre de Calamiteux, n’a pas fait d’étincelles lors de son passage au Gouvernement, il a su se mettre en valeur, développer sa notoriété et réussir une sortie impeccable où il apparaît comme un homme nouveau, plein d’avenir et d’idées, totalement blanchi des nombreux échecs du quinquennat.
    Avec un sens supérieur de la communication, une audace fabuleuse et une habilité remarquable, il a, à partir de rien, lancé un mouvement perçu par beaucoup comme un recours évident, novateur, providentiel, apte à bousculer les partis traditionnels et à instaurer un nouveau projet politique consensuel, moderne et à dépasser les traditionnels clivages droite/gauche.
    Le problème n’est donc pas l’intelligence et l’habileté de Macron. Il en est largement pourvu, mais de ses capacités réelles et de ses intentions s’il arrive au pouvoir.
    Car son programme pour l’instant reste remarquablement flou et ce n’est pas ses réalisations comme Ministre de l’Economie qui prouvent ses compétences.
    Enfin, ses prises de position sur l’immigration sont assez inquiétantes.
    L’Allemagne en essor économique, en pénurie de main-d’œuvre, en déclin démographique avancé n’est pas du tout dans la même situation qu’une France en pleine désindustrialisation, lestée par six millions de chômeurs réels et un million de clandestins, sclérosée par une administration pléthorique et incapable d’initier les réformes nécessaires.
    Prétendre dans ces conditions que notre pays doit suivre la même voie que l’Allemagne dans l’accueil des réfugiés est un signe évident du manque de lucidité et, sur le fond, du positionnement dogmatique gauchisant d’Emmanuel Macron.

  • coconuts

    Non des refugies de syrie ou d'Irak, mais originaires d'un maghreb "libéré" dont la "decolonisation" fut promptement saluee par les anciennes puissance de l'Axe germano turc. !
    La Turquie s'empressa même de feliciter le FLN d'avoir "vengé" l'empire ottoman bousculé à Alger en 1830 par une France laique democratique et tolerante... Liberant esclaves blancs et noirs... !
    Certains des "refugiés" ayant traversé la frontiere française à l'ouest !
    Macron les y retrouvera à son retour sur terre.

  • Cabou_

    Il n'aurait que de bonnes idées maintenant et pourquoi ne les avait il pas lorsqu'il était conseiller ou ministre de Hollande. Il se moque des Français qui encore une fois se laissent endormir par la gauche qui a juste transformé le TSNS et TSFF