Sainte-Hélène : aéroport flambant neuf attend avion

C'est l'histoire d'une île du bout du monde qui a cru au désenclavement grâce à une liaison aérienne. Mais l'aéroport est impraticable en raison des vents.

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La construction d'un grand aéroport sur l'île de Sainte-Hélène a coûté plus de 300 millions d'euros aux citoyens britanniques.
La construction d'un grand aéroport sur l'île de Sainte-Hélène a coûté plus de 300 millions d'euros aux citoyens britanniques. © AFP

Temps de lecture : 3 min

On pourrait appeler cela le syndrome de Berlin-Brandebourg, du nom du nouvel aéroport de la capitale allemande qui, entre ratage technique et gouffre financier, attend son inauguration depuis cinq ans. L'infrastructure construite ces dernières années à Sainte-Hélène est évidemment beaucoup plus modeste, mais le ridicule n'en est pas moins grand.

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Cette île perdue au beau milieu de l'Atlantique-Sud a toujours été l'une des plus inaccessibles au monde. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la couronne d'Angleterre, dont elle dépend, avait choisi d'y confiner son prisonnier le plus fameux : l'empereur Napoléon Ier. Deux siècles plus tard, l'isolement reste total. Pour rejoindre ce confetti, il faut se rendre en Afrique du Sud, prendre le bateau ravitailleur qui appareille une fois par mois avant de profiter de la croisière qui dure près d'une semaine. Idem au retour.

Il y a quelques années, à l'issue d'un long débat et après consultation des 4 000 insulaires, le gouvernement britannique a décidé de construire un aéroport. But affiché : désenclaver un territoire qui se vide lentement mais surement de sa population. Objectif moins avouable : attirer les touristes afin que Sainte-Hélène s'autofinance, au moins partiellement, alors qu'elle vit aujourd'hui sous perfusion des finances publiques.

Plus de 300 millions d'euros

Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais, sur cette terre volcanique au relief tourmenté, trouver une surface plane de deux kilomètres de long, susceptible d'accueillir des vols commerciaux, s'est révélé impossible. Il a fallu raboter une montagne, combler des ravines et... payer. Plus de 300 millions d'euros au total, soit, au bas mot, 75 000 euros par habitant. Et ça n'est sans doute pas fini.

En effet, lors du vol inaugural, il y a un an, le Boeing 737 a dû effectuer trois tentatives pour pouvoir atterrir. Une vidéo publiée sur Internet montre l'appareil tanguer dangereusement à l'approche de la piste avant de devoir remettre les gaz par deux fois. En cause : la violence des vents cisaillants qui balaient latéralement la piste, d'autant plus dangereux que leur intensité et leur direction peuvent varier d'une minute à l'autre.


Depuis, quelques dizaines d'avions d'affaires de plus petite dimension, donc moins sensibles à ce phénomène, ont pu se poser, mais il a fallu attendre la semaine dernière pour assister au premier vol commercial. Et encore, il s'agissait d'un appareil à décollage et atterrissage courts, d'une petite centaine de places, soit deux à trois fois moins que ceux pour lesquels l'infrastructure a été conçue et qu'on a peu de chances de revoir sous ces latitudes.

Édifiées par ces débuts laborieux, les compagnies aériennes ne se bousculent pas pour desservir le « Saint-Helena Airport ». Et les habitants commencent à donner de la voix, furieux de constater le décalage entre les promesses de désenclavement et de prospérité et le fiasco qui en résulte. D'autant qu'une étude préalable au premier coup de pioche avait déjà souligné la dangerosité des vents tournants à l'endroit choisi pour implanter l'aéroport.

Les ingénieurs cherchent désormais comment neutraliser ces courants d'air importuns, mais, à supposer qu'ils trouvent la parade, cela prendra encore beaucoup de temps et d'argent. Il leur aurait pourtant suffi de lire Charles Darwin. En 1839, le naturaliste anglais écrivait à l'issue d'un séjour à Sainte-Hélène : « Les seuls désagréments auxquels j'ai été confronté durant mes promenades tiennent à l'impétuosité des vents. Un jour, j'ai noté un phénomène étrange : j'ai vu à quelques pas de moi une sterne qui luttait contre un vent très violent tandis que je ne percevais pas un souffle d'air. »

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Commentaires (9)

  • alberto40

    Votre remarque est passablement hors sujet. Ceci étant, si l'aéroport de Blagnac a été vendu à des chinois, ne serait-ce pas parce qu'aucun français, ni aucun européen n'en a voulu ?
    Il aurait aussi intéressant d'entendre quelques détails au sujet de l'aéroport de Berlin.

  • Djill

    Que Macron a vendu aux Chinois...

  • yeti68

    Ceux qui ont conçu cet aéroport avaient peut être suivi une spécialisation à l'ENA ! Style ND des Landes. Promotion Macron peut être qui sait ?