Iran : 200 manifestants arrêtés à Téhéran

Selon l'avocate Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix en 2003, le mouvement de protestation pourrait prendre plus d'ampleur encore que celui de 2009.

Source AFP

Pour Shirin Ebadi, « la situation économique et l'écart effrayant entre les riches et les pauvres (...) sont à la base de la protestation ».

Pour Shirin Ebadi, « la situation économique et l'écart effrayant entre les riches et les pauvres (...) sont à la base de la protestation ».

© ORLANDO SIERRA / AFP

Temps de lecture : 4 min


Quelque 200 manifestants ont été arrêtés samedi à Téhéran, a déclaré dimanche le vice-préfet de la ville, Ali Asghar Nasserbakht, cité par l'agence Ilna, proche des réformateurs. « Ces personnes ont été remises à la justice [...] Plusieurs étudiants arrêtés ont été libérés et remis à leurs familles », a déclaré M. Nasserbakht. Il a précisé que parmi les personnes arrêtées figurent « 40 leaders des rassemblements illégaux ». « Nous agissons avec tolérance et nous espérons que la situation va revenir à la normale le plus vite possible », a-t-il ajouté. Il a confirmé des « rassemblements épars » dans le centre de Téhéran, ajoutant que « la police faisait son devoir » pour contrôler la situation.

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Un peu plus tôt, l'agence Fars proche des conservateurs avait affirmé que quelque 200 protestataires tentaient de se rassembler dimanche en début de soirée dans le centre de Téhéran en lançant des slogans. Des manifestations contre le pouvoir et pour de meilleures conditions de vie ont eu lieu depuis jeudi dans plusieurs villes iraniennes, faisant deux morts. Mais la contestation reste dans l'ensemble faible à Téhéran (8,5 millions d'habitants).

La situation économique et l'écart effrayant entre les riches et les pauvres (...) sont à la base de la protestation


Pour autant, l'avocate iranienne Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix en 2003, et qui vit désormais en exil à Londres juge que le mouvement est profond : « Je crois que les manifestations ne vont pas finir de sitôt, a-t-elle déclaré dimanche au quotidien italien La Repubblica. Il me semble que nous assistons au début d'un grand mouvement de protestation qui peut aller bien au-delà de la vague verte de 2009. Cela ne m'étonnerait pas que cela devienne quelque chose de plus grand. »

L'Iran a connu samedi de nouvelles manifestations contre le pouvoir durant lesquelles deux personnes ont été tuées, des dizaines arrêtées et des bâtiments publics attaqués. Il s'agit des plus importantes manifestations depuis le mouvement de contestation contre la réélection de l'ex-président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad en 2009, qui avait été violemment réprimé.

Mais, désormais, les racines de la colère sont avant tout économiques et sociales : « En Iran, et ce n'est pas nouveau, il y a une très grave crise économique. La corruption dans tout le pays est à des niveaux épouvantables. La fin de certaines sanctions liée à l'accord sur le nucléaire avec l'Europe et les États-Unis en 2015 n'a pas apporté de bénéfices réels à la population, contrairement à ce que beaucoup attendaient », explique Mme Ebadi. « À cela s'ajoute le fait que l'Iran a des dépenses militaires très élevées. Les gens ne tolèrent plus de voir tant d'argent dépensé pour cela », ajoute-t-elle. « Les jeunes sont les plus déçus », prévient l'avocate en évoquant le chômage élevé qui les touche, la corruption et « le climat de censure que l'on respire dans les rues ».

Et si des femmes sont également descendues dans les rues, « le mouvement actuel n'est pas une question de genre », assure-t-elle. « La situation économique et l'écart effrayant entre les riches et les pauvres, entre ceux qui jouissent du bien-être et ceux qui ne le peuvent pas, sont à la base de la protestation. Les écarts sociaux n'ont fait que s'agrandir ces dernières années et c'est un des éléments-clés pour comprendre ce qui se passe », insiste le Prix Nobel de la paix 2003.

Nous agirons contre les violences et ceux qui provoquent la peur et la terreur

Face à la colère, le pouvoir a agi à son habitude : par la répression, l'organisation de contre-manifestations et le recours à la rhétorique du complot. Dimanche matin, le ministre iranien de l'Intérieur, Abdolreza Rahmani Fazli, a mis en garde ceux qui « utilisent la violence et créent du désordre » après une nouvelle nuit de violence à travers le pays. « Ceux qui détruisent les biens publics, créent du désordre et agissent dans l'illégalité doivent répondre de leurs actes et payer le prix. Nous agirons contre les violences et ceux qui provoquent la peur et la terreur », a déclaré M. Rahmani Fazli à la télévision d'État.

Selon l'agence Ilna, proche des réformateurs, « 80 personnes ont été arrêtées à Arak (centre) alors que 3 ou 4 personnes ont été blessées » dans les violences qui ont touché la ville samedi soir. « Des individus ont tenté d'attaquer des bâtiments publics, mais n'ont pas réussi. (...) La situation de la ville est sous contrôle », a déclaré un responsable local cité par Ilna, qui n'a pas donné son identité. Selon des vidéos mises en ligne sur les réseaux sociaux, des manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes du pays. Mais il est difficile d'en vérifier l'authenticité.


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Commentaires (8)

  • astia

    Lesquels ayatollahs sont propriétaires de vastes vignes de Shiraz (équivalent de notre Syrah) parmi les plus anciennes du monde

  • jc

    La citation exacte est : "l'heure est venue de mettre les pièces (de vin) en perce".
    Bon réveillon.

  • plus de violence

    Et mettent en place des tyrans encore plus tyranniques

    Les tyrans ont encore de bons jours devant eux