Sanctions américaines : Total quitte officiellement l'Iran

Le géant pétrolier français s'est désengagé de ses projets d'investissements de plusieurs milliards de dollars. La conséquence de la décision des États-Unis.

Source AFP

Total a signé en juillet 2017 un accord gazier pour le développement d'un vaste champ offshore dans le Sud.

Total a signé en juillet 2017 un accord gazier pour le développement d'un vaste champ offshore dans le Sud.

© BEHROUZ MEHRI / AFP

Temps de lecture : 3 min

C'est l'une des conséquences directes du rétablissement des sanctions américaines contre ce pays et de l'incapacité de grands groupes européens à s'y soustraire : le géant pétrolier français Total s'est officiellement désengagé de ses projets d'investissements de plusieurs milliards de dollars en Iran. «  Total a officiellement mis fin à l'accord pour le développement de la phase 11 du (gisement gazier) South Pars  », a dit le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanghaneh, à l'agence Icana, liée au Parlement. «  Cela fait plus de deux mois qu'il avait annoncé qu'il mettrait fin au contrat  », a-t-il ajouté. Devant le Parlement, Bijan Namdar Zanghaneh a par ailleurs souligné l'état désastreux, selon lui, des infrastructures pétrolières et gazières, nécessitant une rénovation que l'Iran ne peut financer.

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Après son retrait unilatéral en mai de l'accord nucléaire conclu en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances, Washington a rétabli le 6 août une première série de sanctions contre Téhéran, suivie d'une deuxième en novembre qui ciblera le secteur pétrolier. Les autres signataires de l'accord – Grande-Bretagne, France, Allemagne, Chine et Russie – ont émis le souhait de ne pas s'en retirer, mais leurs entreprises risquent de lourdes sanctions si elles restent. Total avait déjà indiqué qu'il lui serait impossible de rester en Iran sans une dérogation de la part des autorités américaines, qui ne lui a pas été accordée.

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Incertitude sur la suite du projet

À la tête d'un consortium avec le chinois CNPCI et l'iranien Petropars, l'entreprise française a signé en juillet 2017 un accord gazier d'un montant de 4,9 milliards de dollars pour le développement d'un vaste champ offshore dans le Sud. Elle devait commencer par investir un milliard de dollars dans le projet, mais a indiqué en mai avoir dépensé moins de 40 millions d'euros en raison de l'incertitude croissante liée au rétablissement des sanctions américaines. Avec des actifs totalisant 10 milliards de dollars aux États-Unis et des banques américaines impliquées dans 90 % de ses opérations financières, Total aurait été fortement touché par les sanctions contre Téhéran. Il n'a pas été indiqué à ce stade si le chinois CNPCI prendrait la tête du consortium à la place de Total.

L'Iran reste à ce jour prudent face aux investissements chinois en raison de mauvaises expériences, un contrat ayant déjà été suspendu avec CNPCI en 2011 après l'incapacité du groupe chinois à mener à bien le projet dans le champ de South Pars. Le besoin urgent d'attirer des investissements pour moderniser les infrastructures énergétiques a contribué à la signature par Téhéran de l'accord nucléaire en 2015.

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Raffineries vétustes

Bijan Namdar Zanganeh s'est rendu au Parlement lundi afin de répondre à des questions concernant la sécurité après plusieurs incendies dans des raffineries. «  Une grande partie de l'industrie pétrolière est vétuste et la nécessaire rénovation n'a pas eu lieu  », a-t-il déclaré, selon l'agence officielle Irna. Il a indiqué que des tubes se retrouvaient troués quotidiennement dans des installations du sud en raison de leur vétusté. Certaines raffineries sont vieilles de 80 ans, «  alors que la durée de vie d'une usine est plutôt de 30 ans (...). Nous n'avons pas de quoi les rénover  », a-t-il ajouté.

Le rétablissement des sanctions américaines intervient dans un contexte de crise économique et monétaire, l'Iran souffrant d'un taux de chômage élevé et d'une forte inflation. Le rial iranien a plongé, perdant près des deux tiers de sa valeur en six mois.

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Commentaires (26)

  • le couperet

    Bonjour
    Tout a fait d'accord avec votre commentaire mais nos dirigeants français et européens en ont ils pour faire autre chose que nous asphyxier sous une avalanches de taxes et d'impôts ? Forts avec les faibles et faibles avec les forts pour ça ils sont au top !

  • nominoe

    Et Total gagnera quoi ? Des clopinettes. Soutenir ses avoirs aux USA qui ont 25000 milliards de dettes est une idiotie majeure. Total ne reviendra plus sur le marché iranien car il est logique que les iraniens se souviendront de cela longtemps. Et si on cessait aussi d'investir aux USA : on est en guerre commerciale non ? Allons plutôt en Afrique le continent du futur.

  • P'tit-Loup

    Ce qu'il y a de "bien" c'est qu'avec un "ami-allié" comme Trump à la tête des USA, on a plus besoin d'ennemis !...