Rouen : un Guinéen meurt après une agression avant la finale de la CAN

Selon des témoignages, Mamoudou Barry, chercheur associé à l'université de Rouen, aurait été agressé par un supporteur de l'Algérie. L'auteur est en fuite.

Par Agnès Faivre

Mamoudou Barry, chercheur associé à l'université de Rouen, aurait été agressé par un supporteur de l’Algérie vendredi soir.

Mamoudou Barry, chercheur associé à l'université de Rouen, aurait été agressé par un supporteur de l’Algérie vendredi soir.

Temps de lecture : 4 min

La CAN a fait une victime vendredi soir à Canteleu, près de Rouen. Mamoudou Bolaro Barry, un universitaire guinéen de 31 ans résidant en France depuis 2012, est décédé à la suite de « violences verbales puis physiques » selon ses proches. Cet incident tragique s'est produit vers 20 h 30, devant l'arrêt de bus Province de Canteleu.

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« Il était prévu qu'il vienne suivre le match chez moi. Entre-temps, il est allé chercher sa femme à la sortie du travail. Sur le chemin du retour, alors qu'il circulait vitres ouvertes en voiture, un homme lui a lancé : Vous, les sales Noirs, on va vous niquer. On va vous niquer vos mères », relate son ami et collègue Khalil Keïta, enseignant comme lui à l'université de Rouen Normandie. Mamoudou Bolaro Barry aurait alors stoppé son véhicule, et serait allé à la rencontre de l'individu pour lui demander des explications. « Connaissant Mamoudou, je suis sûr qu'il ne voulait pas se battre. Il n'a pas la corpulence, et ce n'est pas son genre. Mais cette personne lui a donné des coups sur le corps et le visage, et au 4e coup, il est tombé », poursuit Khalil Keïta.

Une enquête ouverte

Le choc aurait causé des lésions cérébrales auxquelles Mamoudou Barry n'a pas survécu. Transféré au CHU de Rouen « dans un état de coma profond », selon ses proches, il y est décédé samedi en début d'après-midi. Une enquête de police a été ouverte. Le ministre français de l'Intérieur a réagi sur Twitter ce dimanche en début d'après-midi : « Tout est mis en œuvre pour identifier et interpeller l'auteur de l'agression qui a coûté la vie à Mamoudou Barry. Il appartiendra à la justice de faire toute la lumière sur cet acte odieux. Mes premières pensées vont à ses proches, dont je partage l'émotion et l'indignation. »

« C'est une grosse perte pour nous. Un jeune brillant tué par le fait d'une bêtise humaine. C'est triste », a quant à lui réagi l'ambassadeur de Guinée en France Amara Camara, dans une interview accordée au site Guinéeréalité. En Guinée, le chef de file de l'opposition Cellou Dalein Diallo a également commenté cette agression mortelle sur son compte Twitter. « Le sport doit rester un moment de partage et de fair-play. Je condamne les violences en marge de la finale de la CAN 2019 ayant provoqué la mort de Mamoudou Bolaro Barry. Toutes mes pensées et mon soutien à sa famille », a-t-il écrit.

Lire aussi CAN 2019 : la folie « Fennecs », de Marseille à Lille

Hommages de ses collègues universitaires

« Nous perdons un homme de valeur, de consensus, un conciliateur, un brillant intellectuel pluridisciplinaire. Mamoudou a toujours été un guide pour les étudiants, un exemple pour ses collègues et un père de famille dévoué », ont déclaré dans un communiqué ses collègues de l'Institut de recherche et d'enseignement sur la paix en Afrique Thinking Africa. Mamoudou Bolaro Barry y était chercheur depuis janvier 2015, en parallèle de ses travaux de recherche et d'enseignement à l'université de Rouen Normandie.

Carine Brière, maître de conférences dans cette université, y fut sa directrice de thèse. « Mamoudou Barry venait de soutenir brillamment le 27 juin dernier une thèse sur Les politiques fiscales et douanières en matière d'investissements étrangers en Afrique francophone : le cas du secteur des ressources naturelles extractives. Le jury à l'unanimité l'avait félicité en raison de l'originalité de sa recherche et des qualités dont il a fait preuve lors de la soutenance.

Parallèlement à la préparation de sa thèse, il enseignait depuis 2014 à la faculté de droit de l'université de Rouen. Il a été attaché temporaire d'enseignement et de recherche [Ater] puis chargé d'enseignement. Il intervenait notamment en droit de l'assurance et en droit bancaire. Il était apprécié des étudiants », explique-t-elle, se disant « effondrée » par son décès.

Un appel aux dons a été lancé pour contribuer au rapatriement du corps de Mamoudou Bolaro Barry sur sa terre natale. « La Guinée paie cher la victoire de l'Algérie en Coupe d'Afrique des nations », a tweeté le journal guinéen Le Djely.

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Commentaires (47)

  • Clicoeur

    En effet, que Giscard reconnaisse avoir fait une erreur, c'est une chose, mais que personne, depuis le temps, n'ait pu rectifier le tir, c'en est une autre plus grave.

  • FIK6T

    Il y a une agression à Lyon. Quelques excités en cagoules ont cassé les fenêtres d'une voiture où se trouvait une famille de supporters algériens. Cette agression est immédiatement qualifiée de raciste, violente, inacceptable, etc.
    L'agression mentionné dans l'article se termine par l'assassinat d'un chercheur noir par un algérien. C'est autrement plus grave, car il y a un meurtre. La qualification raciste n'est pas retenue néanmoins (malgré les propos cités dans l'article). Quand à la dénonciation ouverte par les médias de ce crime immonde et raciste, on la cherche encore.
    N'est il pas temps de dénoncer tous les racismes sans exception ? La dénonciation à géométrie variable, cela devient consternant.
    Comme mon commentaire évoque le parallélisme, j'en profite pour suggérer que la situation est similaire avec la colonisation ou l'esclavage. Les dénonciations sont à géométrie variable.
    Je pense qu'il est temps que les citoyens se mobilisent pour demander que toutes les formes de racismes, qu'elles qu'en soit la provenance, soient dénoncées et combattues.

  • titi toto lili

    Je trouve insupportable que sur notre territoire on se permette de faire ses petites affaires comme si on était dans son pays, il y a une tolérance trop grande laissée en règle générale.
    Ici c'est encore un drame de la bêtise humaine poussée à son extrémité, " l'histoire du petit pois dans la tête " contre la lumière de l'intelligence, de la bêtise raciste.