Procès pour pédophilie : 8 ans de prison requis contre l'ex-curé Preynat

La procureure a requis une peine « non inférieure à 8 ans ». Bernard Preynat, jugé pour des atteintes sexuelles sur mineurs, sera fixé sur son sort le 16 mars.

Par , à Lyon

Bernard Preynat, le 13 janvier 2020.

Bernard Preynat, le 13 janvier 2020.

© Nicolas Liponne / Hans Lucas

Temps de lecture : 3 min

« Il n'est rien d'autre qu'un pédophile en série ! » Au terme d'une semaine d'un procès éprouvant, la procureure de la République a tranché. Bernard Preynat, cet ancien prêtre du diocèse de Lyon, poursuivi pour « atteintes sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans par personne ayant autorité », ne bénéficie d'aucune circonstance atténuante. Et pour lui elle réclame la peine maximum. Ou presque. Alors que le prévenu risque dix ans de prison et 150 000 euros d'amende, elle a demandé au tribunal correctionnel de Lyon de le condamner à « une peine d'emprisonnement non inférieure à huit ans ». Les experts psychiatres avaient décrit « une affaire hors norme ». La représentante du parquet, Dominique Sauves, parle, elle, d'un « dossier stupéfiant, grave et effrayant ».

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Au-delà des actes d'agressions sexuelles, nombreux, répétés pendant plus de vingt ans sur les jeunes scouts de la paroisse Saint-Luc à Sainte-Foy-lès-Lyon, qui lui valent aujourd'hui de comparaître en justice, la procureure a globalement dénoncé l'attitude du septuagénaire pendant l'enquête puis pendant son procès. « Il a mené un combat de procédure acharné, jusqu'à en abuser », a-t-elle lancé pour décrire sa défense au début de l'enquête avec les cas non prescrits. « À l'audience, soudainement, il a annoncé qu'il avait été lui-même l'objet d'abus sexuels », a-t-elle poursuivi, incrédule devant ce déballage. Elle a dénoncé la façon dont il avait évoqué la responsabilité de sa hiérarchie au sein de l'Église, ou encore celle des parents des jeunes garçons abusés, pour expliquer ses dérives. « Ce n'est pas le procès d'une lâcheté collective ou d'une institution, mais celui d'un homme qui avait mis en place sa propre structure pour répondre à ses pulsions, car il avait besoin de disposer d'un vivier varié et toujours alimenté de petites victimes », a-t-elle rappelé.

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Juger 30 ans après

Face à ces réquisitions sans appel et aux témoignages qui se sont succédé à la barre, de la part des dix victimes non prescrites qui ont pu permettre ce procès historique mais également des victimes non prescrites, face à la douzaine de plaidoiries des parties civiles, l'avocat de Bernard Preynat à avoué se sentir « bien seul ». « Seul » comme l'est également son client depuis que l'affaire a éclaté. « Il m'a confié qu'il ne parlait plus à personne », a rapporté maître Frédéric Doyez.

Il s'est montré abasourdi par la lourdeur de la peine réclamée, pour un homme qui va sur ses 75 ans, qui a été récemment opéré du cœur, et qui n'a manifestement pas récidivé depuis 1991, depuis que le cardinal Decourtray l'a simplement délocalisé en lui demandant de stopper ses agissements. « Ce que réclame madame le procureur est tout à fait démesuré et une forme d'injustice, considère-t-il. Sa culpabilité est acquise, mais juger 30 ans après, c'est compliqué… »

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« Je présente mes excuses »

Pour sa défense, il a mis en avant la sincérité de son client, le fait que Bernard Preynat connaisse sa pédophilie depuis son adolescence, assume la quasi-totalité des faits qui lui sont reprochés, allant même jusqu'à s'accuser de plusieurs faits de viols répétés. Et qu'il demande pardon à chacun.

Un pardon réitéré une dernière fois par l'ex-curé puisque le prévenu a la possibilité de s'exprimer en dernier. À la barre, sortant un papier de sa poche, il a lu, tête baissée : « Je suis venu devant le tribunal dans le désir d'être loyal dans la reconnaissance des agressions dont j'ai été l'auteur, les non prescrites et les autres. Je n'ai menti ni dans mes déclarations ni dans mes réponses. J'ai été sincère dans les limites de ma mémoire et je réitère mes demandes de pardon du fond du cœur. » « Je regrette sincèrement d'avoir pris mon plaisir sexuel dans des gestes condamnables, je présente mes excuses aux prêtres du diocèse, et à l'Église salie par mes agissements », a-t-il conclu.

Il sera fixé sur son sort 16 mars, date du délibéré.

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Commentaires (10)

  • ek

    La procureure a "requis" 8ans de prison, mais si les jurés sont cohérents, ils peuvent
    très bien condamner ce prêtre à 15 ans de prison... C'est leur droit, finalement, puisqu'
    ils s'expriment "au nom du peuple français".

  • P'tit-Loup

    Face au nombre de vies bousillées, je trouve perso, que c'est pas cher payé... Mais on n'en est qu'au stade de la réquisition. On va voir au verdict en mars...

  • vmax

    Pas cher payé. C’est le temps qu’il faut pour se débarrasser de ces agressions meurtrières de la raison et du corp. C’est le temps qu’il faut pour guérir d’un cancer s’il est possible d’en guérir, c’est le temps qu’il faut pour apprendre un métier, c’est le temps qu’il faut pour bien élever un enfant avant sa puberté, c’est le temps qu’il faut pour écrire sa vie, son œuvre, mettre en musique ses projets. Pas cher payé et s’il est sage et maladif, il sera dehors pour ses 80 ans. Pas cher payé.