À Nice, le monde à vos portes
Un air de Russie, de Grèce et même d'Asie flotte dans les recoins méconnus de la ville. Dépaysement garanti.
Par Laurence GuidicelliSépultures russes
Il émane de cet endroit comme une nostalgie. Situé à flanc de colline, à l’ouest de la ville, le cimetière russe de Caucade (photo) est un témoin privilégié de la Russie du temps des tsars. À partir de la moitié du XIXe siècle, l’élite russe s’entiche de Nice et de son climat généreux. Certains, tuberculeux, espèrent se soigner sous le soleil azuréen. « En réalité, on venait beaucoup mourir à Nice, à la Belle Époque », confie Alexis Obolensky, vice-président de l’Association cultuelle orthodoxe russe de Nice, chargée du cimetière depuis près d’un siècle. Financé par les hivernants russes, le cimetière voit le jour en 1867. « Plus de 5 000 personnes y ont été enterrées », poursuit Alexis Obolensky. Barons, comtes, princes, Russes blancs, militaires de haut rang… Les noms de personnages illustres sont gravés dans le marbre en cyrillique ou en français. Parmi eux : Catherine Yourievska Dolgorouki (1847-1922), épouse morganatique du tsar Alexandre II et immortalisée au cinéma par Romy Schneider dans Katia ; Nikolaï Ioudenitch (1862-1933), célèbre général de la Première Guerre mondiale, ou encore, Joséphine Fricero (1825-1893), mariée au peintre niçois Joseph Fricero et fille naturelle du tsar Nicolas Ier. Le cimetière est entretenu par des bénévoles et ouvre ses grilles quatre demi-journées par semaine. Des offices religieux y sont toujours célébrés dans la chapelle.
78, avenue Sainte-Marguerite.
Une authentique isba
La faculté des sciences de Valrose abrite une curiosité : une isba du XIXe siècle (photo), l’une des rares en France. En 1866, le baron Paul von Derwies achète le domaine de Valrose pour y faire construire un fastueux château de style néogothique. L’homme d’affaires agrémente la propriété de grottes et de fausses ruines, de statues et d’un étang. Surtout, « il a fait venir une isba directement de l’un de ses domaines en Ukraine », confie Alexis Obolensky, descendant de Russes blancs exilés à Nice. Le chalet traditionnel en sapin est démonté, puis transporté par bateau en pièces détachées et remonté à l’identique une fois arrivé. « C’était courant autrefois, en Russie, de déplacer son isba pour l’emporter ailleurs », précise Alexis Obolensky. Reconstruite, la maisonnette dévoile ses rondins de bois, ses frises ciselées, son plafond sculpté et son toit en ardoise. Sur les façades courent des inscriptions en alphabet cyrillique, comme « Bière n’est point nectar, hydromel point ambroisie quand l’amour en douceur les surpasse ». L’isba constituera pour le baron un lien direct avec sa terre natale. Elle est classée monument historique depuis 1991.
Faculté des sciences, parc Valrose.
La chapelle du tsarévitch
Derrière la cathédrale russe Saint-Nicolas se dresse une étrange chapelle de style byzantin. À l’origine de la construction de ce bel édifice se cache une tragédie. En avril 1865, le tsarévitch Nicolas, de retour d’un voyage en Italie, s’arrête à Nice, où sa mère, l’impératrice Maria Alexandrovna, séjourne à la villa Bermond. L’héritier d’Alexandre II de Russie, de santé fragile, arrive malade. Il décède quelques jours plus tard d’une tuberculose méningée à seulement 21 ans. Ses parents, éplorés, entreprennent alors de racheter la villa Bermond pour la démolir et ériger à la place une chapelle à la mémoire de leur fils. Dessinée par l’architecte David Grimm selon un plan en forme de croix grecque autour d’un carré, « elle est bâtie à l’endroit exact où se trouvait le lit du tsarévitch, là où il est décédé », confie Nikita Ionnikoff, trésorier de l’association des amis de la cathédrale Saint-Nicolas. L’intérieur se pare de dorures ciselées et d’icônes précieuses peintes sur des toiles offertes par les époux impériaux et les régiments de l’armée. L’inauguration de la chapelle se déroule en grande pompe le 25 mars 1868. Il faut attendre 1912 pour que soit construite l’église russe à quelques pas de là.
Avenue Nicolas-II.
La pagode vietnamienne de Cimiez
Dans une ruelle de la colline de Cimiez, non loin du musée Chagall, la vision d’une petite maison insolite au toit évasé avec sa fresque colorée surprend toujours les promeneurs. Voilà plus de quarante-six ans pourtant que la pagode Tù Quang (photo) a pris ses quartiers dans ce secteur de la ville. Ce lieu de culte confidentiel, le seul du genre à Nice, ouvre régulièrement ses portes et son temple aux fidèles du bouddhisme mahayana vietnamien pour des offices religieux ou des enseignements. Un repas végétalien y est également organisé chaque mois, ouvert à tous.
32, avenue Docteur-Ménard
L’église grecque Saint-Spyridon
Rue Desambrois, un élégant bâtiment blanc cassé coiffé d’un clocher surmonté d’une croix orthodoxe attire l’œil. Fondée en 1955, l’église Saint-Spyridon est un point d’ancrage pour la communauté grecque locale. « Nous comptons plus de 2 000 personnes entre Nice et Monaco », confie Michel Seliniotakis, recteur de la paroisse. L’édifice, conçu dans le plus pur style byzantin, est empreint de sérénité avec des vitraux d’un bleu profond, des fresques murales aux couleurs douces soulignées de traits délicats à l’or fin 22 carats. Derrière l’autel, l’iconostase en bois de tilleul sculptée à la main présente des icônes précieuses réalisées d’après des copies d’icônes anciennes. Le lieu peut accueillir une centaine de fidèles. « Avec le Covid-19, nous nous limitons à 20 personnes », souligne Michel Seliniotakis. La paroisse a trouvé une solution pour rassembler sa communauté : les offices religieux sont désormais retransmis en ligne. Récemment rénové, l’édifice accueille aussi le samedi une école d’une cinquantaine d’enfants âgés de 6 à 18 ans.
2, avenue Desambrois. www.st-spyridon-nice.com
Un week-end palace
C’est ce que propose la start-up Staycation, spécialisée dans ce nouveau concept écolo de vacances à domicile. Déjà présente en région parisienne et à Londres, elle a étendu sa sélection d’hôtels 4 et 5 étoiles à toute la Riviera. À Nice, elle a retenu huit hôtels, parmi lesquels le Negresco, le Boscolo, le Méridien et le Hyatt Regency Palais de la Méditerranée. Des escapades locales de luxe qui cartonnent à l’heure du coronavirus, puisque Staycation comptabilise déjà 100 000 inscrits dans le Sud.
Ian HANNING/REA (x4) – HUGHES Hervé / hemis.fr