Le scénariste et écrivain Jean-Claude Carrière est mort

Le collaborateur de Luis Buñuel, Jacques Deray ou encore Milos Forman est décédé à l’âge de 89 ans « dans son sommeil ».

Source AFP

Jean-Claude Carrière (illustration).
Jean-Claude Carrière (illustration). © Clemens Niehaus/Geisler-Fotopress / Geisler-Fotopress / picture alliance / Geisler-Fotop

Temps de lecture : 3 min

L'écrivain, metteur en scène et scénariste Jean-Claude Carrière, qui a travaillé notamment aux côtés de Luis Buñuel, Jacques Deray ou Milos Forman, est décédé lundi 8 février au soir à l'âge de 89 ans, a annoncé sa fille à l'Agence France-Presse. L'écrivain, qui ne souffrait d'aucune maladie particulière, est mort « dans son sommeil » à son domicile parisien, a précisé Kiara Carrière.

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« Un hommage » lui sera rendu prochainement à Paris et il devrait être inhumé dans son village natal, à Colombières-sur-Orb dans l'Hérault, a aussi dit sa fille.

Une soixantaine de scénarios à son actif

Se définissant comme un « conteur », Jean-Claude Carrière a signé une soixantaine de scénarios ainsi qu'environ 80 ouvrages (récits, essais, comme ses Dictionnaires amoureux de l'Inde et du Mexique, traductions, fictions, scénarios, entretiens). Il a été aussi acteur, dramaturge et parolier pour Juliette Gréco, Brigitte Bardot ou Jeanne Moreau.

Apprécié autant par la critique que par le public, il était un véritable « athlète » de l'écriture, à la croisée des chemins entre cinéma, théâtre et littérature. « J'ai travaillé toutes les formes d'écriture. Je pense que je possède un bon arsenal. Il y a quelque chose en moi qui se satisfait d'être au service d'un auteur, de se couler dans sa pensée, de l'adapter au mieux. Je n'ai pas d'ego », assurait cet humaniste distingué et affable à la grande puissance de travail et à l'humour corrosif.

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Costaud, solide, barbe courte et moustache légère poivre et sel, cheveux courts, Jean-Claude Carrière a placé sa vie sous le signe des « rencontres, des amitiés et des maîtres de vie », comme le Dalaï-Lama, avec lequel il a écrit un livre, ou le cinéaste espagnol Luis Buñuel, avec lequel il collabora durant dix-neuf ans, jusqu'à sa mort. Autre rencontre importante : celle du dramaturge britannique Peter Brook pour qui il adapta à la scène l'inégalé Mahâbhârata, épopée de la mythologie hindoue, présentée pendant neuf heures d'affilée à Avignon en 1985 devant un public sous le choc. « Le voir en oubliant que je l'avais écrit fut un des grands bonheurs » de ma vie, assurait-il.

La passion des religions

« Radicalement athée », mais « passionné par la religion et ses déviances », étranger à tout fanatisme, il a écrit sur le bouddhisme et l'hindouisme, mais aussi sur le christianisme avec son roman le plus célèbre : La Controverse de Valladolid, sur la conquête du Nouveau Monde par les Espagnols, décliné en pièce et adaptation télévisée. On lui doit également des travaux sur l'islam (par ses traductions de poésie persane, avec son épouse, l'écrivaine iranienne Nahal Tajadod, dont il a eu une fille).

Comme scénariste, il est au générique de films majeurs : Le Journal d'une femme de chambre, Belle de jour et Le Charme discret de la bourgeoisie (Luis Buñuel), Taking Off (Milos Forman), Borsalino (Jacques Deray), Le Tambour (Volker Schlondorff, Palme d'or à Cannes), Danton (Andrzej Wajda, prix Louis-Delluc 1982), L'Insoutenable Légèreté de l'être (Philipp Kaufman), Cyrano de Bergerac (Jean-Paul Rappeneau), Le Retour de Martin Guerre (Daniel Vigne) qui lui vaut le césar du meilleur scénario en 1983. Il a reçu en 2014 un oscar d'honneur pour son œuvre de scénariste.

Né le 17 septembre 1931 à Colombières-sur-Orb (Hérault) de parents viticulteurs montés près de Paris en 1945 pour ouvrir un café, le jeune homme se révèle vite un élève brillant. Il devient boursier, saute dans l'ascenseur social qui le propulse à Normale Sup. À 26 ans, il signe son premier roman, Le Lézard, fait son service militaire en Algérie, rencontre Jacques Tati et le débutant Pierre Étaix. Avec ce dernier, il reçoit l'oscar 1962 du meilleur court-métrage de fiction pour Heureux anniversaire.

Bibliophile, passionné par le dessin, l'astrophysique, le vin et bien d'autres choses encore, amateur de tai-chi-chuan (art martial), Jean-Claude Carrière a présidé pendant dix ans la Fémis, l'École nationale supérieure des métiers de l'image et du son. Toujours très actif malgré l'âge, il avait écrit en 2018 un dernier essai, La Vallée du néant, et cosigné en 2020 le scénario du long-métrage Le Sel des larmes de Philippe Garrel.

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Commentaires (9)

  • Blanca nieves

    Un grand ! Un exemple de curiosité et de cultures à suivre.

  • Surlaligne

    Un homme qui avait un immense talent et plus important encore une personnalité rare et attachante.
    Chaleur humaine, ouverture d'esprit, absence totale de fanatisme et de présupposés, qualités devenues si rares aujourd'hui.
    Autrefois on aurait dit de lui, c'était un honnête homme.
    C'est le contrepoint de tout ce que l'on voudrait faire porter à l'homme "blanc occidental".

  • Bartabas

    La peine bien sûr de perdre un immense talent mais il y a aussi cet abîme qui s’ouvre devant nous quand on cherche les remplaçants d’aujourd’hui et de demain.