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La corruption en Haïti est « pire que sous la dictature de Duvalier »

En Haïti, des hommes s'affairent sur les échafaudages d'un chantier de construction.

La surfacturation en construction est une forme courante de la corruption en Haïti.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

La corruption en Haïti continue de gangréner le pays et s'est intensifiée, dépassant même ce qu'elle était sous la dictature de Jean-Claude Duvalier dans les années 1970, selon un sociologue haïtien.

« Il n’y a plus d’argent, les appétits se sont ouverts et il y a une absence de chef, estime le sociologue Auguste D’Meza. C’est pire qu’à l’époque de Duvalier. »

Le pays a connu un sombre épisode de son histoire de 1971 à 1986, sous le règne de l’ancien président Jean-Claude Duvalier, qui a détourné près de 100 millions de dollars sous le couvert d'oeuvres sociales. Sa dictature est marquée par une atteinte aux droits de la personne, ses opposants politiques étant à l’époque torturés, voire assassinés.

Mais aujourd'hui, la corruption est monnaie courante, au point où les Haïtiens ne cherchent même plus à la combattre, selon M. D'Meza. Les citoyens ont baissé les bras et ont abandonné l'espoir de tout changement politique, déplore-t-il.

La zombification est devenue un produit politique. Ce peuple est zombifié. Ce peuple qui a faim n'a même pas le courage de dire qu'il a faim.

Une citation de Auguste D'Meza, sociologue
Le sociologue haïtien Auguste D'Meza.

Le sociologue haïtien Auguste D'Meza.

Photo : Radio-Canada

Des entrepreneurs aux ONG

Source de bien des maux au pays, la corruption prend souvent la forme de la surfacturation, surtout dans le domaine de la construction. Le gouvernement peut ainsi suspendre les appels d’offres en décrétant l’état d’urgence à son bon vouloir.

Les catastrophes naturelles qui ont frappé le pays au cours des dernières années - ouragans, inondations, tremblements de terre - ont permis au gouvernement haïtien d’avoir recours à ce stratagème plus d’une fois.

Le processus s’en trouve court-circuité, explique Marie-Yolène Gilles, qui a fondé le Réseau national de défense des droits humains en Haïti. Mme Gilles a toutefois quitté l’organisation après que son directeur général eut lui-même été accusé de corruption.

« [En Haïti], il y a une très mauvaise gestion. On l’a vu avec [le séisme] du 12 janvier 2010 et avec l’ouragan Matthews », observe-t-elle.

Marie-Yolènes Gilles est loin d’être la seule à dénoncer la mauvaise gestion des fonds, qui n’est pas uniquement le propre des entrepreneurs. Des ONG étrangères ont aussi contribué à la corruption au pays, comme l’a démontré en 2015 une enquête des médias américains NPR et Propublica.

La Croix-Rouge américaine aurait ainsi dépensé moins du dixième des 500 millions de dollars en dons récoltés pour venir en aide aux Haïtiens après le séisme de 2010.

« Haïti est un pays corrompu. On n’a pas besoin de le cacher », soutient Véus Davidson, un jeune Haïtien qui compte quitter le pays dès qu'il obtient un visa étranger, faute de trouver un emploi.

Avec les informations de Philippe Leblanc.

 

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