L’arbre Kien-mou des chinois

Pour les chinois, le centre de l’univers, le lieu où devrait se trouver la Capitale parfaite, est marqué par Kien-mou, “Bois dressé”.

chinese-astronomerCe nom a son importance, puisqu’en Chine, le bois est considéré comme un des éléments, le cinquième, au même titre que l’air et la terre, l’eau et le feu. Il correspond à l’Est et au printemps. Il réunit les Neuvièmes Sources (séjour des morts) aux Neuvièmes Cieux, les Bas-Fond du monde à son faîte… et l’on dit qu’à midi rien de ce qui se tient à ses côté ne peut donner d’ombre, rien non plus n’y donne écho. Par son tronc descendent les souverains, soleils des hommes, médiateurs entre le ciel et la terre. De part et d’autre de Kien-mou, se dressent au levant P’an-mou, un immense pêcher, près de la porte des Génies, dont les fruits confèrent l’immortalité ; et au couchant l’arbre Jo, sur lequel les Dix mille soleils viennent se percher le soir.

En d’autres représentations de l’univers, le rôle principal est dévolu à K’ong-sang, le mûrier creux, résidence au levant de la Mère des Soleils, d’où s’élève le matin notre soleil. Le mûrier sacré était considéré comme hermaphrodite, antérieur à l’apparition du yang et du yin, du mâle et de la femelle, du clair et de l’obscur, du ciel et de la terre. Il symbolisait, par conséquent, le Tao lui-même, l’ordre cosmique, le Principe universel. Une forêt de mûriers sacrés était planté devant la porte Est de la capitale impériale.
(Jacques Brosse, la mythologie des arbres)

trigramme-tch-en Dans le Yi King, l’arbre correspond au trigramme tch’en, l’ébranlement, car la végétation sort de terre en même temps que le tonnerre qui y était caché.
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Évolution de l’écriture du pictogramme Mù, signifiant arbre :

Il s’agit d’un tronc qui se dresse hors du sol, solidement fixé par ses racines ; telle est l’idée du caractère. Dans ses formes les plus anciennes, le pictogramme avait aussi des branches qui partaient de la partie supérieure du tronc, et formaient un caractère spéculaire.

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“En écrivant sous la clé celle d’enfant, on a le prunier, l’arbre dit des enfants à cause de sa prolificité et de la douceur de ses fruits. Naturellement, le petit arbre des enfants, c’est la prune, fille du prunier. Avec le caractère de prunier après celui de voyager, on a le mot valise : autrefois c’était une malle de bois. En écrivant après la clé d’arbre celle de poisson, on a le « poisson de bois », un instrument de musique à percussion creusé dans un seul morceau de bois. Les moines bouddhistes l’utilisent pour rythmer le chant des textes sacrés. Le nom dérive, plus que la forme, des deux poissons sculptés sur l’extérieur du tambour de bois. Avec le caractère de melon, de courge après la clé, on a papaye, la courge (dans l’imaginaire populaire des Chinois) qui nait sur un arbre.” [1]

Edoardo Fazzioli, Caractères chinois (Flammarion), lien libraire ici.

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Pour mieux percevoir l’arbre dans la tradition chinoise, faites un tour par ici.

Enfin, visitez le blog de Bé@ qui m’a grandement aidé pour l’écriture chinoise [2].

7 réflexions sur “L’arbre Kien-mou des chinois

  1. Hello ! Superbe et complet, ton article. Je connaissais « entourer l’arbre » (lien) car j’ai fait un peu de Taï-Chi il y a qq tps. Et mon élément chinois est le bois. Donc, les arbres et moi, nous avons un lien étroit. Merci d’avoir mis un lien vers chez moi.

    Bon dimanche !

    PS : j’essaierai de photographier les ginkgos du square Planchon, au centre, car ils sont dorés en ce moment.

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