Paris, le 13 septembre. Patrick et Isabelle Balkany arrivent au tribunal correctionnel de Paris pour connaître le jugement dans le volet «fraude fiscale». — Thomas SAMSON / AFP

PROCÈS

Procès Balkany : Patrick et Isabelle Balkany jugés devant la cour d’appel pour « fraude fiscale »

Vincent Vantighem

Patrick et Isabelle Balkany, lourdement condamnés en première instance, ont rendez-vous ce mercredi matin devant la cour d’appel pour répondre d’accusations de « fraude fiscale »

  • Patrick et Isabelle Balkany ont été respectivement condamnés à quatre et trois ans de prison ferme en septembre pour « fraude fiscale ». Depuis, le maire de Levallois-Perret dort en prison.
  • La cour d’appel de Paris doit réexaminer les faits à partir de ce mercredi matin. Les débats vont se tenir jusqu’au 18 décembre.
  • En dépit du risque de condamnation à une peine d’inéligibilité, Patrick Balkany a déjà prévu de former un pourvoi en cassation pour se présenter à sa propre succession aux municipales de mars 2020.

Dans la coiffeuse d’Isabelle. Dans les cendriers. Dans les poches du peignoir de bain de Patrick. Dans son attaché-case, évidemment. A l’agence de voyages de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Dans des enveloppes kraft, bien sûr. A la caisse du supermarché. Et même dans la veste d’un costume déposé au pressing. Selon les enquêteurs, les liasses de billets étaient si nombreuses qu’elles constituaient « un océan d’argent liquide ».

Lourdement condamnés en septembre à quatre et trois ans de prison ferme, Patrick et Isabelle Balkany vont devoir se défendre, à nouveau, à partir de ce mercredi devant la cour d’appel de Paris, d’avoir fraudé le fisc afin de maintenir leur train de vie dispendieux. Hâbleur et tonitruant, le maire (LR) de Levallois avait reconnu lors du procès en première instance, en mai, avoir « bien vécu ». Non pas grâce à de l’argent public prétendument détourné. Mais, selon lui, grâce à  l’héritage de son père qu’il a reconnu avoir rapatrié de l’étranger sans jamais en informer les services fiscaux.

Sur la même ligne, Isabelle Balkany, son épouse et première adjointe, avait avoué avoir mené une existence « plus cigale que fourmi » grâce à l’important héritage familial issu du commerce de caoutchouc. « Comme nous l’avons toujours dit, il n’y a pas un centime d’argent public. C’est uniquement notre patrimoine familial. Et il n’y a pas de corruption ! », avait-elle asséné après leur condamnation pour « blanchiment aggravé », le 18 octobre.

L’estimation du patrimoine des Balkany en débat

Qu’il s’agisse de la villa Pamplemousse sur l’île de Saint-Martin, de leur riad à Marrakech (Maroc) ou de leur moulin à Giverny (Eure) – 1.298 m² habitables, 11 chambres, 9 salles de bains, une piscine de 100 m² et un terrain de tennis –, le patrimoine des époux Balkany devrait encore être au cœur des débats de ce procès en appel. Dissimulés pendant des décennies, ces actifs, estimés entre 13 et 16 millions d’euros, auraient permis, au couple d’éviter de s’acquitter précisément de 4.339.393 euros d’impôts, selon l’accusation.

Des chiffres largement « surévalués », selon les principaux concernés. Selon nos informations, ils devraient d’ailleurs contester pied à pied, lors de ce second procès et avec l’aide d’un nouvel avocat, l’estimation de leur patrimoine réalisée par les services du fisc. Notamment en produisant de nouvelles expertises. Et cette fois-ci, ils seront deux à la barre pour le faire. Après avoir avalé des médicaments douze jours avant l’audience, Isabelle Balkany n’avait pas comparu lors du procès en première instance, en raison d’un « état de santé fragile ». Contactée par 20 Minutes, elle a confirmé qu’elle serait, pour ce second round, « bien présente ».

En prison depuis trois mois, Patrick Balkany est candidat

Au-delà de leur sort judiciaire, les Balkany vont jouer dans le prétoire une partie de leur avenir politique. En détention à la prison de la Santé (Paris, 14e arrondissement) depuis déjà trois mois, après avoir vu sa demande de mise en liberté rejetée à deux reprises, Patrick Balkany a, toutefois, assuré qu’il serait candidat à sa réélection à la mairie de Levallois, en mars 2020. Et qu’il formerait un « ticket » avec son épouse avec qui il dirige Levallois-Perret depuis 1983. Même si la majorité municipale commence à se fissurer.

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Comme lors du procès en première instance, les époux Balkany pourraient être condamnés à une peine de dix ans d’inéligibilité mais prétendre néanmoins à se présenter au suffrage universel. Il leur suffirait en effet de former un pourvoi en cassation qui suspend la peine, sauf si la cour d’appel réclame l’exécution provisoire du jugement et délivre un nouveau mandat de dépôt à l’audience. La décision devrait être mise en délibéré. Mais être connue avant le premier tour des municipales.

Suivez en direct ce procès sur le compte Twitter de notre journaliste : @vvantighem

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