Abdelmadjid Tebboune, le 21 février 2020. — RYAD KRAMDI / AFP

HISTOIRE

La France a répandu l’analphabétisme en Algérie, selon un conseiller présidentiel

Les relations traditionnellement difficiles entre la France et l’Algérie connaissent un nouveau coup de froid

En tant qu’ancienne puissance coloniale, la France a propagé l’analphabétisme en Algérie, a affirmé le conseiller pour les questions mémorielles du président algérien Abdelmadjid Tebboune, selon des propos rapportés par plusieurs quotidiens locaux ce dimanche.

« La France coloniale a œuvré pour répandre l’analphabétisme en Algérie », a accusé Abdelmadjid Chikhi, directeur des Archives nationales et alter ego algérien de l’historien français Benjamin Stora, auteur d’un rapport en vue d’une réconciliation des mémoires entre la France et l’Algérie.

« Ennemi éternel »

D’après les médias, il a souligné, en citant « les historiens », sans les nommer, qu’au début de la colonisation française, en 1830, « le taux d’analphabétisme [en Algérie] n’approchait pas les 20 % de la population ». « Et tous les Algériens lisaient et écrivaient. Pendant les trente premières années de colonisation, la France a éliminé les personnes qui lisaient et qui écrivaient. Il s’est ensuivi l’ère du pillage », a accusé Abdelmadjid Chikhi qui s’est exprimé samedi lors d’une « Journée du savoir », organisée au centre des archives à Alger. Il a par ailleurs annoncé la tenue prochaine d’une « conférence nationale sur la mémoire ».

Les relations traditionnellement difficiles entre la France et l’Algérie connaissent un nouveau coup de froid. Un déplacement du Premier ministre français Jean Castex a été récemment annulé à la demande d’Alger. Lundi dernier, Paris a déploré des critiques du porte-parole du gouvernement algérien Ammar Belhimer contre son ambassadeur à Alger, François Gouyette. La veille, le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune, avait appelé à l’apaisement après qu’un ministre algérien eut qualifié la France « d’ennemi éternel ».

« Résistances »

Des médias algériens ont accusé la France de « provocation », pour des prises de position sur le mouvement de contestation (Hirak) ou encore sur la question du Sahara occidental. Dans un entretien dimanche au Figaro, le président français Emmanuel Macron a jugé que la volonté de réconciliation des mémoires entre Français et Algériens est « très largement partagée » malgré « quelques résistances » en Algérie. Emmanuel Macron a ainsi qualifié ainsi d'« inacceptable » la déclaration du ministre algérien du Travail, Hachemi Djaâboub, qui a affirmé que la France était « l’ennemi traditionnel et éternel » des Algériens. A l’approche du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie (1962), Emmanuel Macron a engagé ces derniers mois une série d'« actes symboliques » afin de tenter de « réconcilier les mémoires », sans geste de réciprocité jusqu’à présent côté algérien.

Un rapport dédié, remis en janvier par l’historien Benjamin Stora, comporte plusieurs gestes dans ce but. Il a toutefois été très fraîchement accueilli à Alger. Il y a trois semaines, Abdelmadjid Chikhi avait estimé que ce document était un « rapport franco-français » ne concernant « pas l’Algérie », qu’il n’avait pas été transmis à Alger « de manière officielle », de telle sorte qu’il n’existait aucune « obligation (…) de répondre sur son contenu ». Ce que le conseiller présidentiel a réaffirmé samedi. Par ailleurs, « il n’a jamais été question d’un rapport algérien », tel que celui remis par Benjamin Stora, a-t-il commenté, d’après les propos rapportés par la presse. Sur les discussions avec la partie française sur le dossier mémoriel, Abdelmadjid Chikhi a précisé que « la pandémie du coronavirus est venue retarder les pourparlers », sans autre précision.

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