Sud Touraine : la cigogne noire en passe de plomber l'exploitation d'éoliennes

Publié le 24-06-2021 à 06:25 | Mis à jour le 07-07-2021 à 11:55

Quatre cigognes noires puis une avaient été repérées sur le site du projet éolien de La Chapelle-Blanche-Saint-Martin et Vou, motivant la décision de la Cour administrative d'appel de Nantes d'annuler le projet.
© (Photo archives NR)
Le rapporteur public préconise d’annuler l’autorisation d’exploiter de l’éolienne à La Chapelle-Blanche et à Vou, en raison de la présence de l’oiseau rare.

Vendredi 18 juin, devant la cour administrative d’appel de Nantes, le projet de parc éolien à La Chapelle-Blanche-Saint-Martin et Vou a connu un rebondissement. Le rapporteur public a préconisé d’annuler son autorisation d’exploitation. La préfecture d’Indre-et-Loire s’était en effet résolue le 6 janvier 2020 à délivrer les permis de construire et les autorisations nécessaires à ces cinq éoliennes envisagées aux lieux-dits La Pièce des Bois, Les Saulquins, Le Chêne Vert et La Vallée de Rabaron. Les communes de La Chapelle-Blanche-Saint-Martin et Vou, l’Association de défense de l’environnement du Besland et huit riverains avaient donc attaqué à leur tour la décision de la préfecture, cette fois-ci favorable au parc.
Une espèce « en danger critique » « Ce projet a été initié en 2011 et a donné lieu à un important contentieux, a ainsi d’emblée rappelé le rapporteur public, vendredi. Dix ans après, vous allez y mettre un terme, au moins provisoirement. » Un « changement de fait » est en effet survenu entre-temps, depuis le dernier arrêt de la cour administrative d’appel de Nantes de 2018 : quatre cigognes noires ont été repérées dans la région au cours d’une étude ornithologique. Or, cette espèce est « en danger critique » : il y a seulement « cinquante couples » en France. « La présence de la cigogne noire dans le secteur ne peut plus être considérée comme éventuelle, mais bien comme actuelle », a donc résumé le magistrat à l’attention des trois juges de la cour administrative d’appel.
Les « mesures d’évitement et de réduction » du risque prévues par la filiale de la société Volkswind - qui avait été sommée par la préfecture de déployer la « meilleure technique possible » - n’ont également pas convaincu le rapporteur public : l’efficacité du système de détection d’oiseaux varie « de 76 à 96 % », a-t-il relevé, alors que la cigogne noire est pourtant un oiseau « de grande taille et d’une couleur assez marquée ». « Ce système ne permet pas de détecter 100 % des animaux, son efficacité est donc relative, en a déduit le magistrat. Si la société dit que la technologie s’est améliorée depuis, elle ne verse aucun élément permettant de corroborer cette affirmation. »
« Les déplacer de quelques mètres ne suffirait pas » Et, si deux autres « vices » de forme qu’il a trouvés dans l’autorisation d’exploitation sont « régularisables », cette « atteinte à l’avifaune » ne l’est pas : elle « tient à l’emplacement-même des éoliennes ». « Les déplacer de quelques mètres ne suffirait pas », a redit en d’autres termes le rapporteur public. Il a donc conclu à l’annulation de l’autorisation d’exploitation et à ce que la ferme éolienne verse 2.000 € de frais de justice à ses détracteurs.
« Le site n’est pas attractif pour la cigogne noire : c’est une espèce qui ne fréquente pas les zones de grandes cultures et qui vole en altitude bien au-dessus des éoliennes », a-t-elle néanmoins répété aux juges nantais. Ces derniers, qui ont mis leur décision en délibéré, rendront leur arrêt dans un mois environ.

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