Objectifs de fréquentation révisés à la baisse à l’aéroport de Poitiers

Publié le 16-03-2021 à 06:25 | Mis à jour le 16-03-2021 à 10:41

Une décision qui donne de la visibilité à l’exploitant.
© (Photo archives)
Le syndicat mixte de l’aéroport a accepté, hier, de revoir à la baisse les objectifs de fréquentation imposés à l’exploitant pour tenir compte de l’impact de la crise du Covid.

Ces deux chiffres illustrent le trou d’air que traverse le transport aérien : entre 2019 et 2020, la fréquentation de l’aéroport de Poitiers est passée de quelque 114.000 passagers (hors transit) à tout juste plus de 27.000. Une baisse de 76 % directement liée à la crise du Covid qui cloue les avions sur le tarmac depuis un an.

Pour tenir compte de ce contexte exceptionnel, le syndicat mixte de l’aéroport de Poitiers-Biard a accepté hier de réviser à la baisse les objectifs de fréquentation fixés à l’exploitant, en octobre 2019. Avant d’engager les investissements prévus, la société Sealar demandait de la visibilité. Selon les termes de l’accord initial, en effet, le syndicat pouvait rompre le contrat de délégation de douze ans au bout de six ans si le nombre de passagers était inférieur aux prévisions de plus de 25 %.
« Un effet d’aubaine pour fermer l’aéroport » « Nous n’étions pas favorables à la suppression de cette clause qui permet d’évaluer les engagements mais nous avons accepté de réviser les prévisions de trafic », explique Pascale Moreau, vice-présidente du conseil départemental de la Vienne et présidente du syndicat mixte. « Nous ne pouvions pas accepter que la crise du Covid provoque un effet d’aubaine pour fermer l’aéroport. »

Le syndicat mixte ne table donc plus sur 725.000 passagers entre 2020 et 2025 mais seulement 308.894. Le seuil permettant de remercier Sealar est donc automatiquement abaissé à 231.670 passagers en six ans, soit 38.611 passagers en moyenne par an.

Cette décision n’a toutefois été adoptée que par 11 des 18 votants au sein du comité syndical. Les six élus de Grand Poitiers qui y siègent et l’élue d’opposition du conseil départemental ont voté contre : « Si l’exploitant ne peut pas atteindre les objectifs fixés, on dit stop, on arrête les frais. C’est la preuve que cet aéroport n’est pas viable », insiste Florence Jardin, présidente de la communauté urbaine.
Désaccord juridique Sur la forme, elle conteste l’adoption de cet avenant à la majorité simple. « Pascale Moreau dit avoir interrogé la préfecture mais nous estimons qu’il s’agit d’une modification substantielle du contrat et que la majorité qualifiée avec au moins 12 voix était nécessaire », ajoute l’élue de Grand Poitiers qui souhaite soumettre la question à des juristes.

Pas question pour autant de remettre en cause, pour le moment, la participation annuelle de la communauté urbaine qui s’élève à 760.000 euros ni sa présence au sein du syndicat.

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Reprise des vols vers Lyon et Londres

« Cette révision du contrat de délégation de service public était essentielle à la poursuite de notre action au service de l’aéroport de Poitiers », estime sa directrice, Claire Pons. « Nous n’avions pas de visibilité avec la clause couperet basée sur la fréquentation pré-Covid. » La société Sealar prévoit donc de réaliser les travaux de mise aux normes de l’aérogare au cours du second semestre 2021. Elle annonce aussi avoir engagé les premières études nécessaires à la réfection complète de la piste en 2024.
En ce début d’année 2021, le trafic reprend progressivement. « Chalair a repris un aller-retour quotidien vers Lyon, soit cinq allers-retours par semaine au lieu de onze en temps normal », précise Claire Pons. « Ryanair devrait reprendre les vols vers Londres-Stansted d’ici fin juin ou début juillet ».

aller plus loin

Des hélicoptères au secours de l’aéroport ?

Au micro de France 3, hier, la présidente du syndicat mixte de l’aéroport de Poitiers, Pascale Moreau, a implicitement accusé la présidente de Grand Poitiers, Florence Jardin, d’avoir laissé filer un projet de centre de formation et de maintenance pour hélicoptères avec 70 à 80 emplois potentiels à la clé.
Contactée par la rédaction, Pascale Moreau confirme : « Ils essaient d’enterrer ce projet qui pourrait être une chance pour l’aéroport et pour le territoire. Les élus de Grand Poitiers n’ont pas été en mesure de m’en dire davantage. »
Interrogée également par nos soins, Florence Jardin dit attendre une note de ses services sur le sujet depuis le mois dernier : « Il est vrai que je suis prudente parce qu’on ne veut pas avoir des vols d’hélicoptères en permanence au-dessus de Biard ; on est quand même dans une zone urbanisée », ajoute-t-elle. « Mais je ne sais rien de ce projet et je ne peux rien en dire à Mme Moreau. »
D’après nos informations, l’aéroport de Poitiers-Biard a été contacté début février par l’intermédiaire des services du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine.
Le projet évoqué est en réalité porté par la société Héli-Union qui dispose déjà d’un centre de formation sur l’aéroport de Champniers, près d’Angoulême. Afin de pouvoir s’étendre et développer ses activités, Héli-Union est à la recherche d’un bâtiment à proximité d’une piste et d’un site plus grand dans la région. Elle est en contact avec d’autres aéroports.

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