Comment vit-on le confinement au village, à Saint-Roch en Indre-et-Loire ?

Publié le 09-04-2020 à 06:25 | Mis à jour le 09-04-2020 à 11:27

Madeleine devant sa maison à Saint-Roch, rue Principale.
© (Photos NR)
À Saint-Roch, petite commune située au nord de Tours, le coronavirus, « c’est loin mais ça craint ». Chacun vit son petit quotidien à la campagne, « moins stressant qu’à la ville ».

Madeleine habite une maison ancienne au 12 de la rue Principale à Saint-Roch. Elle revient de faire ses courses au Leclerc de Tours-Nord et vide son coffre de voiture dans son garage. « On vit un drôle de truc. J’ai connu la guerre, l’après-guerre, les tickets de rationnement de viande, de pain mais là, c’est pire, on perd la liberté de nous déplacer. Moi qui aime me balader tous les jours… Je m’emmerde chez moi. J’ai mon petit jardin, l’ordinateur, je fais des mots croisés, un peu de télé mais sans plus. Bon, j’ai rempli le congélateur. Je m’essouffle, j’ai du mal à respirer, ayant des soucis de santé, et il ne faut pas que je m’affole. Un voisin m’a donné un masque, je l’ai mis. »

Madeleine, comptable retraitée, fait ses courses alimentaires une fois par semaine donc. Elle vit seule mais en centre-bourg, tout le monde se connaît, se côtoie, il y a de l’entraide, se rassure-t-elle. Puis, elle téléphone beaucoup à ses trois enfants qui habitent Chanceaux-sur-Choisille, Neuvy-le-Roi et Tours-Nord. Son plus grand regret, ne plus aller à son club des aînés et faire une croix sur ses deux petits voyages prévus en Eai et juin. « Après le confinement, ça sera une sacrée cohue partout ! », pronostique-t-elle.

Seuls le boulanger le matin, et le cimetière restent ouverts

Les rues de Saint-Roch sont désertes cet après-midi-là, alors que la campagne environnante s’éveille, bourgeonne, fleurie. Le coronavirus sème la mort, le printemps apporte la vie. Tout est fermé. Le boulanger n’ouvre que le matin, avec Gaëlle et Romain. Le café-restaurant Bleu d’Armor affiche portes closes depuis le début de la crise sanitaire. Mairie, école (127 élèves), gymnase, bibliothèque, salle des fêtes, tout le tissu associatif, tout est figé, plus rien ne bouge. Même l’église n’accueille plus ses ouailles mais le cimetière reste ouvert contrairement à ceux de Tours. Ces fêtes des Rameaux et de Pâques n’auront uni croyants et pratiquants que par l’esprit. Le prêtre Josselin Fortin ne prévoit pas de rassemblement.

« Le sentiment d’être intouchable par le virus, pour certains »

Pourtant, au village, on semble appréhender le coronavirus avec plus de détachement qu’à la ville. « Certains ont le sentiment d’être intouchables à la campagne car on est isolé. La première semaine, les gens n’ont pas compris mais depuis, il y a quand même la peur du virus », explique le maire, Alain Anceau. Les élus ont organisé une « chaîne de solidarité » pour soutenir les anciens dont Gilbert, retraité de chez Safety, et sa femme Louisette : « Je fais mes courses à Fondettes, j’ai mon jardin, ça me suffit, et on se téléphone avec les enfants qui sont à Saint-Martin-le-Beau, Tours et Joué ». Il s’inquiète plus pour « les dégâts du virus sur l’économie » que pour son couple.

L’élu Olivier Chasles, hospitalier, aide à la coupe d’un frêne tombé dans la nuit sur le skatepark. L’entretien de la commune n’est pas interrompu, herbes folles et déchets compris, assure le maire. Le budget 2020 a été voté, il n’y a eu qu’un tour aux municipales, « et les dossiers paie, urbanisme et facturations sont suivis ». Pas d’urgence. Les liens avec la préfecture et la communauté de communes sont maintenus. Pas question de se couper du monde. Toutefois, pas de concession sur le confinement : « Nos administrés ne doivent sortir que pour le vital, le travail, l’alimentaire. J’en connais qui réutilisent leur vélo d’appartement… Beaucoup de nos habitants travaillent sur Tours où ils ont des contacts avec d’autres, alors, il faut rester vigilant », sourit le maire. Dans le lotissement neuf, il n’y a personne dehors. On devine les scènes du quotidien derrière les haies, derrière les murs des petits pavillons. On n’entend que les chants d’oiseaux. Dame nature a repris le pouvoir.

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