Le plan de réorganisation ne doit être présenté que le 30 juin prochain au préfet de police, mais inquiète déjà les syndicats de policiers. Le préfet a chargé les commissaires centraux de plancher sur une cartographie des circonscriptions de la région dont les premiers échos font craindre le pire aux policiers.
A Paris, le plan de restructuration risque d'être radical avec la suppression pure et simple de commissariats. Celui du 8e arrondissement serait ainsi phagocyté par celui du 9e. Les commissariats des 5e et 6e arrondissements qui ont déjà fusionné il y a deux ans pourraient être contraints de faire de la place à celui du 7e. Enfin, ceux des 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements devraient fermer leurs portes. Ils seraient regroupés dans un bâtiment de la direction des douanes, rue Perret dans le 3e arrondissement.
Pour les syndicats, cette réorganisation est motivée par une volonté de la préfecture de faire des économies.
"Ca coûte des dizaines de millions d'euros à l'année et donc sous couvert d'économie budgétaire, on tape dans le structurel. Quand on tape dans des structures, la conséquence c'est un délitement du service public qui est offert au citoyen", déplore Rocco Contento, secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police.
Plus que 10 commissariats centraux en Seine-Saint-Denis
Cette restructuration concernerait également la petite couronne. En proche banlieue, la concentration des effectifs serait privilégiée aux fermetures. En clair, certaines circonscriptions seraient évidées de leurs policiers qui iraient rejoindre un commissariat central aux prérogatives plus étendues.
Ainsi la Seine-Saint-Denis pourrait passer de 22 à 10 commissariats centraux, les Hauts-de-Seine de 25 à 9 et le Val-de-Marne de 17 à 8. Le reste des commissariats deviendraient des structures subdivisionnaires à effectif réduit qui ne pourraient s'occuper que de dépôts de plaintes et de petites patrouilles.
"Une grosse circonscription qui aura toutes les forces de police et des petites circonscriptions à côté qui prendront les plaintes de 9 heures à 19 heures. Mais par exemple la nuit, les week-ends, comment ça va fonctionner? Est-ce que tout va être regroupé au même endroit, avec des délais d'intervention plus longs? Pour l'instant c'est un peu obscur", s'inquiète Nathalie Orioli, secrétaire nationale SGP Police FO.
"Des policiers encore plus livrés à eux-mêmes"
Cette inquiétude est partagée par certains élus comme Stéphane Peu, maire-adjoint à Saint-Denis. Pour lui, cette organisation, si elle est adoptée sera synonyme d'un service public moins efficace avec "des hiérarchies policières encore plus éloignées du terrain, des policiers encore plus livrés à eux-mêmes".
"Au moment où un consensus semble se dégager pour revenir à la police de proximité, le gouvernement nous propose de concentrer encore plus les commissariats et de s'éloigner un peu plus du terrain. C'est la réponse exactement inverse et contraire de ce qu'on pouvait attendre dans cette période", ajoute l'élu.
Officiellement, la préfecture avance qu'il n'existe pour l'heure aucun projet de réorganisation mais "une concertation engagée en interne pour apprécier la situation comme cela s'est fait dans beaucoup de départements". Les syndicats réclament davantage de précisions.