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Des médecins alertent sur la hausse des tentatives de suicide chez les enfants de moins de 15 ans

Pauline Chaste, cheffe de service de pédopsychiatrie à l’hôpital Necker, évoque sur BFMTV une "augmentation alarmante" des tentatives de suicide chez les enfants et les jeunes adolescents dans plusieurs hôpitaux parisiens.

Les alertes sur la santé mentale des enfants depuis le début de la crise sanitaire se multiplient et celle-ci est sans doute la plus inquiétante. Depuis l’automne, une "augmentation alarmante" des tentatives de suicide chez les enfants et les jeunes adolescents a été constatée dans plusieurs hôpitaux parisiens.

Pauline Chaste, cheffe de service de pédopsychiatrie à l’hôpital Necker, affirme à BFMTV qu’elles ont "doublé" depuis novembre. Les périodes successives de confinement et de couvre-feu seraient à l’origine d’une accentuation des troubles déjà présents chez les plus jeunes.

Climat anxiogène

Par rapport aux années précédentes, les services de pédopsychiatrie de plusieurs hôpitaux voient affluer des enfants de moins de 15 ans pour des tentatives de suicide.

"Le climat anxiogène et les confinements successifs augmentent le niveau d’anxiété et la sévérité des pathologies des enfants", affirme à notre antenne Pauline Chaste.

La médecin dit voir arriver des jeunes ayant "des problématiques qui leur sont propres" mais "avec des symptômes plus sévères" que d’habitude. "On rencontre plus de tentatives de suicide, alors qu’habituellement on rencontre plus des enfants qui ont des idées suicidaires sans forcément passer à l’acte", ajoute-t-elle.

Une problématique nationale

La spécialiste estime que la situation n’est pas la même sur tout le territoire national et qu’il s’agit avant tout d’une problématique parisienne, où les services sont à saturation:

"On n'a déjà plus la place (...) on doit transférer les enfants dans d’autres hôpitaux", alerte-t-elle.
"C'est un chiffre qui correspond assez bien au sentiment général et aux témoignages qui affluent de tous les services de pédiatrie de France", nuance de son côté Christelle Gras-le Guen, présidente de la Société française de pédiatrie, tout en reconnaissant manquer de données épidémiologiques sur la question.

L’un des dilemmes que présente un nouveau confinement est la fermeture, ou non, des établissements scolaires. Sur le sujet, Pauline Chaste rappelle que le premier confinement a eu de graves effets sur "la maltraitance" et "les troubles d’apprentissage." Laisser les enfants à la maison pourrait accentuer aussi les conséquences sur la santé psychique.

Anxiété, idées noires, gestes suicidaires

Un peu plus tôt cette semaine, les sociétés de pédiatrie alertaient déjà le gouvernement sur le risque que présenterait une fermeture des écoles sur le moral des plus jeunes.

"La perspective d’un nouveau confinement laisse craindre une aggravation des effets délétères indirects de la pandémie (...) sur la santé mentale et sociale des enfants, alors que les bénéfices attendus dans la lutte contre la diffusion de ce virus, (...) demeurent hypothétiques", soulignent la Société française de pédiatrie et l'association française de pédiatrie ambulatoire.

Parmi les effets inquiétants de la pandémie sur la santé mentale des enfants, les deux associations citent "l'anxiété, les idées noires et/ou des gestes suicidaires" qui apparaissent "souvent dans un contexte de maltraitance." Le Conseil de défense sanitaire, qui se tient ce vendredi soir à l’Elysée, doit trancher sur ce sujet ultra-sensible.

Esther Paolini Journaliste BFMTV