Le harcèlement sexuel des mineures marocaines sur TikTok dénoncé

29 septembre 2022 - 10h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

Lamya Ben Malek, une militante des droits de la femme, déplore le manque de réactivité des autorités et de la société civile marocaines face aux dénonciations de harcèlement sexuel par des mineures sur les réseaux sociaux.

La militante dit avoir vu sur Tiktok la publication de captures d’écran d’une conversation entre une jeune fille de 12 ans et un homme majeur qui réclamait des photos d’elle, bien qu’étant conscient de son jeune âge. L’homme en question est suivi par 136 000 abonnés sur Tiktok et 8 500 sur Instagram, confie Lamya à Médias24.

Après cette publication en date du 15 août 2022, Lamya et deux autres militantes, Sarah Benmoussa et Hamza Bensouda ont lancé un appel à témoins sur les réseaux sociaux, ce qui leur a permis de collecter une dizaine de témoignages sur des faits similaires. « Il entreprend à chaque fois la même démarche, réclame des nudes et des rapports sexuels. C’est toujours le même procédé », explique Lamya. Mais elle ne pouvait rien faire pour le dénoncer sans une plainte des parents des mineures, lui a expliqué une cellule de la police à Casablanca, spécialisée dans les affaires de violences faites aux femmes et aux filles.

À lire : Guercif : arrestation d’un ancien militaire pour une affaire de vidéos pornographiques

« Elles sont très affectées psychologiquement et ont peur des parents. Elles se sentent honteuses, c’est pourquoi il est très difficile pour elles de leur en parler. Nous avons donc contacté des associations. L’une d’entre elles nous a même reçus, a collecté toutes les preuves et s’est engagée à les transmettre au procureur du Roi, mais nous n’avons plus de nouvelles et nos sollicitations sont restées sans réponse », indique Lamya Ben Malek. Les militantes ont exposé le problème dans une lettre adressée au procureur du Roi près le tribunal de première instance de Casablanca.

Mais elles n’ont pas pu déposer cette lettre parce qu’étant « renvoyées d’un tribunal à l’autre » jusqu’à lundi dernier. De guerre lasse, Lamya a dénoncé le manque de réactivité des autorités dans une série de publications sur Twitter. La « pornographie enfantine » est un phénomène inquiétant au Maroc, selon le rapport annuel 2020 de la présidence du ministère public. Mais « les lois relatives à la cybercriminalité sont quasi-inexistantes au Maroc », déplore Me Maha Jawhari, avocate au barreau de Casablanca, qui dénonce ce vide juridique qui fait des adolescents des victimes sans réelles protections.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Enfant - Sexualité - Twitter (X) - TikTok

Aller plus loin

Tétouan : un enseignant accusé de harcèlement sexuel et de pédophilie

Encore un enseignant épinglé pour harcèlement sexuel sur des élèves mineures au lycée Khadija de Tétouan. Ce sont certaines des nombreuses plaintes que reçoit depuis quelques...

À Marrakech, un infirmier accusé de harcèlement sexuel aux urgences

À Marrakech, les agressions à l’hôpital sont nombreuses. La dernière en date remonte à cette semaine. Admise aux urgences à l’hôpital du quartier M’Hamid, une patiente a été...

Le scandale que le Lycée Descartes de Rabat a tenté de cacher

Le lycée Descartes de Rabat est au cœur d’un scandale de harcèlement sexuel. La victime est une élève, l’auteur présumé de l’acte, un enseignant franco-algérien.

Harcèlement sexuel : témoignage accablant de Sonia Souid contre Noël Le Graët

Bien avant les propos polémiques de Noël Le Graët sur l’international français Zinedine Zidane, l’agente de joueurs Sonia Souid avait livré un témoignage poignant contre le...

Ces articles devraient vous intéresser :

Trafic de billets de match : le député Mohamed El Hidaoui interrogé par la police

Soupçonné d’être impliqué dans une affaire de vente illégale de billets au Mondial 2022, le député RNI, Mohamed El Hidaoui, a été entendu, vendredi, par la justice.

Poupette Kenza : compte Instagram désactivé après des propos « antisémites »

L’influenceuse aux plus d’un million d’abonnés sur Instagram, Poupette Kenza, se retrouve au cœur d’une vive controverse après avoir tenu des propos jugés antisémites. Dans une story publiée le 15 mai 2024, elle affirmait sans équivoque son soutien à...

Maroc : de "paradis gay" à destination à risque pour les LGBTQ+ ?

Le Maroc est passé de « pays gay-friendly » à destination touristique moins sûre pour les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres. Il y existe toutefois une sorte de tolérance.

La justice espagnole sépare une famille marocaine : Nasser Bourita réagit

Suite à la décision de la justice espagnole de retirer la garde des enfants à une famille marocaine établie dans le nord du pays, le ministère des Affaires étrangères a tenu à commenter cette décision et fournir quelques détails.

Maroc : vers l’égalité des sexes dans les contrats de mariage

Le ministre marocain de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a réaffirmé son engagement en faveur de l’égalité entre les sexes lors de la conclusion de contrats de mariage et autres actes juridiques.

La justice confirme l’amende de 2,5 milliards de dirhams contre Maroc Telecom

Le recours de Maroc Telecomcontre la liquidation de l’astreinte imposée par l’agence nationale de régulation des télécommunications (ANRT), a été rejeté par la cour d’appel de Rabat.

Une famille marocaine au tribunal de Beauvais pour un mariage blanc

Une famille marocaine est jugée devant le tribunal de Beauvais pour association de malfaiteurs dans le but d’organiser un mariage blanc. Le verdict est attendu le 12 janvier 2023.

Maroc : l’utilisation de WhatsApp interdite dans le secteur de la justice

Le procureur général du Maroc, Al-Hassan Al-Daki, a interdit aux fonctionnaires et huissiers de justice d’installer et d’utiliser les applications de messagerie instantanée, et principalement WhatsApp, sur leurs téléphones professionnels.

Le mariage des enfants légalisé au Maroc ? une photo sème le doute

La publication d’une image montrant des fillettes prétendues marocaines en robe de mariage tenues par la main par des hommes âgés est devenue virale sur les réseaux sociaux. Certains affirment que cela s’est produit au Maroc. Qu’en est-il vraiment ?

Un ancien ministre interdit de quitter le Maroc après ses propos sur le roi Mohammed VI

Les autorités marocaines ont interdit à l’ancien ministre Mohamed Ziane de quitter le royaume, après ses déclarations contre le roi Mohammed VI dont il dénonçait l’absence prolongée.