Ramadan et menstrues : le tabou du jeûne brisé

13 mars 2024 - 14h00 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

Chaque Ramadan, la question du jeûne pendant les menstrues revient hanter les femmes musulmanes. La réponse n’est jamais claire, noyée dans un tabou tenace.

Pendant leurs règles, la plupart des femmes musulmanes choisissent d’interrompre le jeûne, le rattrapant ultérieurement. Mais l’angoisse réside dans l’acte même de « s’afficher » en train de manger, de subir les regards interrogateurs et d’être contrainte de se justifier.

En France, ce tabou des menstrues se répercute sur le vécu des femmes durant le Ramadan. Latifa, employée dans la publicité, confie : « C’est un secret ; on ne montre pas son état, on ne prend pas son petit-déjeuner ouvertement. Il y a une pudeur envers les femmes et les hommes. On simule le jeûne et participe au repas du soir comme si de rien n’était. » La peur d’être vue en train de manger incite certaines à mettre leur santé en danger.

Salma, évoluant dans un environnement majoritairement féminin, partage la même expérience : « J’évite de manger ou de boire devant mon patron, même s’il est ouvert d’esprit. Je crains ses questions et l’embarras de devoir m’expliquer. Je tente de changer mes habitudes et de me décomplexer depuis quelques années. »

Nüum, ex-professeure de français devenue spécialiste en marketing, abonde : « Manger devant son père, c’est crier son indisposition et subir la “honte”. » Myriam, quant à elle, vit la situation différemment : « Ma famille est plutôt rigoureuse sur les principes cultuels et culturels, mais je n’ai jamais été rejetée. J’ai toujours arrêté le jeûne pendant mes règles et le reprenais ensuite. On me disait de ne pas jeûner, non par impureté, mais parce que c’était épuisant. » Elle rappelle que le Ramadan est déconseillé aux femmes enceintes, aux enfants, aux personnes âgées et aux voyageurs. « Va-t-on les considérer comme “impurs” ? » s’interroge-t-elle. Pour Myriam, le jeûne est un cheminement personnel et une femme menstruée ne doit pas subir de préjugés.

Le tabou du jeûne brisé pendant les menstrues est une réalité complexe, teintée de peur du jugement et de culpabilité. Il est crucial d’ouvrir le dialogue et d’aborder ce sujet avec tact et compréhension pour que les femmes puissent vivre ce pilier de l’Islam sereinement, sans honte ni préjudice.

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