Eruption du volcan aux Canaries : trois questions sur le nuage qui va survoler l'Occitanie

  • Après avoir survolé les côtes marocaines et la Catalogne, le nuage du Cumbre Vieja se dirige vers le sud de la France dont l'Occitanie.
    Après avoir survolé les côtes marocaines et la Catalogne, le nuage du Cumbre Vieja se dirige vers le sud de la France dont l'Occitanie. Repro CPA
Publié le
Centre Presse Aveyron

L'éruption du Cumbre Vieja, sur l'île espagnole de La Palma, a produit d'importantes émanations de dioxyde de soufre, créant un nuage. Celui-ci se dirige vers la France et devrait atteindre l'Occitanie par les Pyrénées dans la journée de ce vendredi relate La Dépêche du Midi

Ce dimanche 19 septembre, le volcan Cumbre Vieja, placé sous haute surveillance, est entré en éruption sur l'île espagnole de La Palma, dans l'archipel touristique des Canaries. Cette éruption a provoqué la formation d'un nuage de dioxyde de soufre, potentiellement dangereux pour les populations.

Le nuage arrive-t-il en Europe ?

Selon les observations des scientifiques, le nuage serait déjà présent dans l'Hexagone ce jeudi 23 septembre dans le sud de la France, en très faible concentration. C'est entre vendredi 24 et lundi 27 que les nuages de dioxyde de soufre devraient véritablement arriver sur le pays. Le dioxyde de soufre est susceptible de "favoriser les pluies acides et de dégrader la pierre", détaille le ministère de l'Ecologie sur son site.

Selon Pascal Boureau, ancien météorologue de Météo France, une "remontée sur le sud-ouest, qui arrive sur l'Espagne, puis la France du côté des Pyrénées" s'effectuera dans la journée du vendredi 24 septembre. Un panache de gaz a déjà été envoyé vers le Maroc, vers l'est, sans "problème direct", informe Ludovic Leduc, volcanologue pour Objectif volcans.

Faut-il craindre les retombées de ce nuage ? 

Ce nuage qui s'est créé après l'éruption du Cumbre Vieja est notamment composé de dioxyde de soufre, un gaz magmatique. Le soufre peut devenir problématique à partir du moment où il entre en contact avec l'eau, présente dans l'atmosphère. "Il forme alors des gouttes d'acide, qu'on appelle aérosol, qui peut réfracter les rayons du soleil s'ils sont en quantité importante" rapporte Ludovic Leduc. Pour lui, un "panache de gaz" pourrait "passer au-dessus" de chez nous, mais " la quantité de gaz qui sort de cette éruption n'est pas assez importante pour poser des problèmes". Ainsi, le panache de gaz sera trop dilué pour être perçu par les Français.

Ce dioxyde de soufre va donc former un aérosol dans l'atmosphère, qui "peut être pris dans les flux" et arriver dans la région, selon Pascal Boureau. "Il faut surveiller sa concentration, mais cela va être très dilué, notamment avec l'altitude, il n'y aura pas vraiment d'impact, ce nuage peut donner un peu de voile au soleil, mais c'est tout pour le moment." L'Institut européen surveille cependant les mouvements de ce composant dans l'air depuis dimanche.

À La Palma cependant, les risques sont bien réels, le dioxyde de soufre restant un gaz nocif. "Localement, les concentrations peuvent être importantes et poser des problèmes respiratoires" informe Ludovic Leduc. Aussi, un problème d'acidité, dû aux pluies, pourra survenir dans les prochains jours à La Palma. Des démangeaisons, de la corrosion sur certains toits en tôles pourront se faire sentir. La végétation risque également d'être "grillée".

Une telle éruption était-elle prévisible ?

"C'est un volcan bien connu", assure Jacques-Marie Bardintzeff, volcanologue et auteur du blog Volcanmania. Avec un rythme d'environ une à deux éruptions par siècle, en moyenne. Depuis le 16e siècle, six éruptions se sont en effet produites, en 1585, 1646, 1678, 1712, 1949 puis en 1971. "Il faut savoir que c'est la zone la plus active des Canaries, donc une éruption là-bas n'est pas surprenante" informe Ludovic Leduc.

Malgré la prévisibilité de cette éruption, aucune notion ne pouvait être apportée quant à sa localisation précise. "C'est un volcan qui fait 25 km par 15 km, qui est une sorte de crête, une ride volcanique, les éruptions là-bas sont monogéniques, c'est-à-dire qu’il n'y a pas un point de sortie unique, elles peuvent sortir à peu près n'importe où dans le secteur central du volcan", poursuit le volcanologue. Ainsi, les habitants de La Palma ne pouvaient pas s'y préparer plus que ça.

Cependant, "les laves avancent doucement, les habitants peuvent donc être évacués" précise Jacques-Marie Bardintzeff. "C'est un volcan qui fait malheureusement de gros dégâts matériels mais il faut hiérarchiser les risques : pour l'instant il n’y a ni morts ni blessés".

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?