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Essais

Infiniti Q30 : une Renault Mégane haut de gamme sur base Mercedes

La marque "premium" de l'Alliance Renault-Nissan lance une compacte haut de gamme. Pour cela, elle reprend simplement la mécanique de la Mercedes Classe A. Une voiture aux lignes étranges, dynamique à conduire mais mais trop chère.
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Infiniti Q30
Déjà plus haute que la moyenne des berlines compactes, l'Infiniti Q30 se déclinera également en une version encore surélevée, dénommée QX30.
Image © N. Meunier

Pour lancer une compacte haut de gamme, Infiniti a délaissé la banque d'organes maison. La marque "premium" de l'Alliance Renault-Nissan a préféré s'adresser à l'allemand Mercedes, au pédigrée plus aristocratique. Pas illogique, puisque, en 2010, Renault et Nissan ont passé des accords de coopération avec la firme allemande. La Q30 n'est donc qu'une Mercedes Classe A rhabillée et produite chez Nissan en Angleterre. Fier d'un tel lignage, le label Infiniti - créé en 1989 pour les Etats-Unis - vise ainsi les clients de… Renault Mégane, Volkswagen Golf ou autres Peugeot 308 qui voudraient grimper justement en gamme.

Cette Q30, dont le nom sonne vraiment mal aux oreilles françaises,  est donc un modèle-clé pour Infiniti en Europe, où sa présence demeurait jusqu'ici anecdotique avec des voitures trop grosses et mal adaptées. Les capacités de l'usine britannique de Sunderland prévoient 60.000 unités par an. C'est dire les ambitions. Alors, cette Q30 a-t-elle réellement des chances face aux BMW 1, Audi A3 ou autres Mercedes Classe A?

Des lignes un peu torturées

Les lignes sont bizarres. Et en fait très japonaises. Personnellement, nous apprécions le long capot effilé, même si nous déplorons une trop forte inspiration Mazda. Nous sommes toutefois moins enthousiastes sur l'arrière, très torturé selon les canons actuels de la mode, avec des troisièmes petites vitres latérales alambiquées à souhait… et factices. Bof. En tous cas, les passants interrogés lors de notre essai n'avaient aucune idée de la marque dont il s'agissait. Un effort pédagogique s'imposera.

L'intérieur est plutôt plaisant, moins outré. L'ambiance à bord apparaît "premium", avec une belle qualité de finition. On se sent bien installé, avec une agréable position de conduite. L'ergonomie est moins compliquée que sur une Mercedes, avec des boutons facilement repérables et un écran tactile.  On retrouve évidemment beaucoup d'éléments provenant de la Classe A, comme le bas de la planche de bord, les commandes, les boutons de réglage des sièges, ce qui ne constitue pas une critique en soi. Le bilan intérieur est au final favorable, plus que l'extérieur selon nous.

Infiniti Q30 Image © N. Meunier

Si le bon goût est globalement au rendez-vous dans notre version haut de gamme avec des sièges chic en cuir fauve, certaines fausses notes clinquantes dérangent cependant, comme le mélange de décor bois et de piano laqué noir. Il y en a un de trop! Déplorons aussi un GPS à la cartographie incomplète, qui ignore étrangement nombre de routes de campagne. L'habitabilité est par ailleurs bonne à l'avant, mais moins à l'arrière où les portes échancrées ne permettent pas une grande accessibilité.

Un gros diesel Mercedes

On retrouve ici le diesel 2,2 Mercedes de 170 chevaux. Une vieille connaissance, qui officie notamment sur les Classe C du label de Stuttgart. C'est… le seul diesel qui ne soit pas indigne d'une voiture de cette classe. Le petit 1,5 dCi Renault de 109 chevaux, qui est aussi proposé, est en effet à proscrire pour son manque de disponibilité à bas régime.  Une telle motorisation de Dacia ou de Renault Kangoo n'a pas sa place sur un "premium". Le 2,2 Mercedes de notre véhicule de test est, lui, couplé de série à une boîte à double embrayage DCT à sept rapports, également d'origine germanique. Résultat: si les accélérations ne sont pas fulgurantes, la voiture se révèle suffisamment vive, souple et onctueuse.

La boîte pâtit parfois d'un petit temps de retard dans le passage des rapports. Sinon, elle est suffisamment fluide et réactive en mode "Sport". Moins toutefois que l'EAT6 nippone (Aisin) qui trône sous le capot des Peugeot et Citroën. Cerise sur le gâteau: ce moteur, bruyant sur les Mercedes, est ici paradoxalement mieux encapsulé. Le chapitre mécanique se conclut par une mention honorable, avec une consommation moyenne contenue de 7 litres de gazole aux cents.

Suspensions  retravaillées

Les suspensions ont été retravaillées. Tant mieux. La voiture semble du coup plus confortable que la Mercedes Classe A. Les réactions sont plus souples et prévenantes. Ce n'est pas une sportive, certes. Mais, à défaut d'être amusante, la voiture rassure en toutes circonstances.

Notre modèle d'essai était équipé de la transmission aux quatre roues optionnelle, qui supprime tout problème de motricité sur route mouillée ou grasse. Une réserve quand même: les pneus Yokohama font pingre. Infiniti devrait proposer des pneus plus performants achetés chez  Continental, Pirelli ou Michelin!

Infiniti Q30 Image © N. Meunier

Prix de vente trop voraces

Globalement réussie, si on accepte la ligne surchargée, la Q30 ne souffre pas de défaut majeur. C'est un bon point. La base Mercedes était bonne et Infiniti l'a améliorée. Ceci dit, la marque semble malheureusement trop vorace sur les prix… C'est là, d'ailleurs, que le bilan positif se gâte. Et ce, d'autant que la firme reste inconnue et n'est donc pas forcément valorisante. Quant au réseau (une vingtaine de concessionnaires et dix points de service supplémentaires dans toute la France), c'est peu. Cette faiblesse peut inquiéter en-dehors des très grandes villes.

La gamme Q30 démarre à 26.300 euros avec un moteur à essence 1,6 turbo de 122 chevaux. Pour le diesel Mercedes, comptez 31.800! Mais, à ce tarif, la présentation est spartiate.  Vous ne pouvez même pas accéder au GPS. Il faut en effet grimper à la version Premium à 34.730 euros pour avoir la possibilité de choisir l'option GPS à 1.570 euros de plus. Ce n'était pas la peine de copier Mercedes dans ce qu'il a de pire, à savoir une politique tarifaire qui vous force à… payer plus. Notre modèle Premium Tech bien doté et à la présentation luxueuse - sauf le simili-cuir inacceptable sur les bordures de sièges -, les quatre roues motrices en prime, grimpe à 41.450 euros. Chérot, non? Ah, évidemment, c'est un peu moins onéreux que  le haut de gamme allemand. Mais, la facture est salée.

 

Prix du modèle essayé: Infiniti Q30 2,2d AWD Premium Tech: 41.450 euros

Puissance du moteur: 170 chevaux (diesel)

Dimensions: 4,42 mètres (long) x 1,80 (large) x 1,49 (haut)

Qualités: belle qualité de finition, confort préservé, tenue de route sûre, ensemble mécanique efficace

Défauts: style tarabiscoté, GPS incomplet, habitabilité arrière juste, facture salée, réseau faible

Concurrentes: BMW 1.20d X Drive Urban Chic (cuir): 42.590 euros; Audi A3 Sportback 2,0 TDi 184 Quattro S-Tronic Ambition Luxe: 42.600 euros; Mercedes Classe A 220 d 4 Matic Fascination: 44.600 euros

Note: 14,5 sur 20

 

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