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Le Rafale fait planer Dassault

L’avionneur français va doubler ses livraisons de Rafale en 2019, avec 26 appareils livrés contre 12 en 2018. Après les 96 commandes à l'export signées depuis 2015, il espère de nouveaux contrats en Suisse, en Finlande et en Inde.

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Dassault va doubler sa production de Rafale en 2019, avec 26 appareils livrés contre 12 en 2018. Après les 96 commandes export signées depuis 2015, il espère de nouveaux contrats en Suisse, en Finlande ou en Inde.

Dassault va doubler ses livraisons de Rafale en 2019, avec 26 appareils livrés contre 12 en 2018. Après les 96 commandes export signées depuis 2015, il espère de nouveaux contrats en Suisse, en Finlande ou en Inde.

© Dassault Aviation - A. Pecchi

Sacrée revanche. Longtemps raillé pour ses échecs à l’export, affublé du surnom d’"avion invendable", le Rafale est désormais le principal moteur de la croissance de Dassault. Les résultats 2018 du groupe, annoncés jeudi 28 février sur la péniche de l'avionneur à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), illustrent parfaitement ce retournement : l’avion de combat a représenté la moitié des 5,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires publiés. Le Rafale représente même 85% des 19,4 milliards d’euros du carnet de commandes du groupe. La raison est simple : Dassault a deux fois plus de Rafale à livrer que de jets d’affaires Falcon (101 Rafale, dont 73 à l'export, contre 53 Falcon).

Certes, ce retour en force du Rafale dans les comptes de Dassault est aussi lié à la faiblesse persistante du marché des jets d’affaires, avec des livraisons mondiales qui ont fondu de moitié par rapport au pic de 2008. L’avionneur français n’a ainsi livré que 41 Falcon en 2018, contre 90 dix ans auparavant. Mais le triplé de ventes export réalisé par l’avion de combat entre 2015 et 2017 a aussi largement joué. Avec la commande de 12 Rafale supplémentaires par le Qatar, annoncée en décembre 2017, l’avion de combat atteint le chiffre de 96 commandes à l’export (24 en Egypte, 36 au Qatar et 36 en Inde).

La production décolle

Conséquence : après des années de vaches maigres, les livraisons du chasseur français sont en train de décoller. Après des années à 11 livraisons, le minimum vital pour maintenir une production viable, Dassault a livré 12 appareils en 2018 (9 à l’Egypte, 3 à la France), et vise un doublement cette année, avec 26 Rafale assemblés. L’essentiel des avions commandés par l’Egypte ayant été livrés (23 appareils sur 24), c’est le Qatar et l’Inde qui seront les prochains servis. Le premier Rafale qatari a été livré début février. Selon l’Armée de l’air indienne, les livraisons de Rafale destinés à Delhi s’étaleront de septembre 2019 à 2022. La France ? Elle devra attendre encore un peu : les 28 derniers Rafale du contrat actuellement en vigueur (180 avions) lui seront livrés à partir de 2022.

Dassault ne compte pas s’arrêter là. Le groupe n’a jamais caché son objectif : il aimerait atteindre un volume de commandes export à peu près comparable à la commande française, soit 180 appareils. Les prospects sont bien là : "Nous avons répondu à l’appel d’offres en Suisse, et on travaille avec les Finlandais sur la préparation de leur appel d’offres d’avions de combat", indique Eric Trappier, PDG du groupe. En Suisse, le Gripen suédois avait été préféré en 2011 au Rafale, avant que la commande ne soit annulée par une votation trois ans plus tard. Le chasseur de Dassault est donc de retour en piste pour ce contrat qui pourrait atteindre 30 à 40 appareils. Il y affronte quatre concurrents : le Typhoon du consortium européen Eurofighter, le F/A18 de Boeing, le F-35A de Lockheed Martin et le Gripen du suédois Saab. Le résultat est attendu à l’automne 2020.

Tests en Finlande

Les cinq mêmes appareils s’affrontent en Finlande, pour un contrat potentiel de l’ordre de 64 appareils (7 à 10 milliards d’euros). Les premiers tests sont en cours : un Rafale de l’Armée de l’air a été testé début février en conditions de grand froid sur la base aérienne de Rovaniemi, au nord du pays. L’appel d’offres proprement dit devrait être publié courant 2020. La décision est prévue fin 2021, pour des livraisons à partir de 2025.

Les clients export actuels pourraient également repasser commande. Le contrat pour 12 Rafale supplémentaires signé par le Qatar en décembre 2017 intègre ainsi une option pour 36 appareils supplémentaires. Une signature prochaine semble quand même improbable : Doha a aussi commandé des F-15 américains et des Typhoon européens, qu’il faudra d’abord "digérer" avant de songer à des contrats supplémentaires.

L’Egypte aimerait aussi compléter sa commande initiale : elle vise 12 à 24 Rafale supplémentaires. La transaction se heurte à un blocage de Washington, qui refuse, au titre de sa réglementation ITAR, d’accorder la licence d’exportation d’un composant du missile Scalp qui équipe le Rafale. Le missilier MBDA est actuellement en train de développer une version du Scalp débarrassée du fameux composant, ce qui retarde d’autant la signature du contrat.

L'Inde, opportunité numéro un

Mais la principale opportunité reste l’Inde. Delhi, dont le parc d’avions de combat est vieillissant, veut acquérir 110 chasseurs supplémentaires pour son Armée de l’air, et 57 pour sa Marine. Dassault a connu des vents contraires. Elle été la cible d’une violente polémique lancée par le leader du parti du Congrès Rahul Gandhi, opposant du premier ministre Narendra Modi,sur des soupçons de favoritisme en faveur de l’industriel indien Reliance lors du contrat pour 36 Rafale signé en 2016. Mais la Cour suprême indienne a indiqué en décembre dernier "ne pas avoir de doute quant au processus" et n’avoir trouvé "aucun élément substantiel prouvant des pratiques de favoritisme commercial".

Dassault est, là encore, opposé aux "usual suspects" : F-18 et F-16 américains, Typhoon européen, MiG-35 russe et Gripen suédois. Le groupe français compte sur son implantation locale pour faire la différence. Sa nouvelle usine de Nagpur, ouverte en coopération avec Reliance, a livré ses premières pièces de jets d’affaires Falcon 2000 en décembre. Si l’Inde commande de nouveaux Rafale, l’usine pourrait en produire des pièces, voire les assembler. "Nous construisons avec l’Inde une relation de long terme", indique Eric Trappier. Rien ne devrait vraiment bouger avant les élections générales indiennes, prévues au printemps.

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