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Changement climatique : pour éteindre l'incendie, les politiques court-termistes ne suffisent plus

EDITORIAL - Pompes à chaleur, taxation carbone, énergies renouvelables… malgré toutes ces mesures, les températures ne cessent d’augmenter. La communauté internationale doit cesser de miser uniquement sur le court terme et adjoindre aux "plans A" un plan B d’ampleur internationale.

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La 27e Conférence des Parties (COP) s'est déroulée à Charm el-Cheikh (Egypte) du 6 au 18 novembre 2022. La 28e conférence aura lieu à Dubaï (Emirats Arabes Unis) du 30 novembre au 12 décembre 2023.

La 27e Conférence des Parties (COP) s'est déroulée à Charm el-Cheikh (Egypte) du 6 au 18 novembre 2022. La COP28 conférence aura lieu à Dubaï (Emirats Arabes Unis) du 30 novembre au 12 décembre 2023.

SIPA PRESS/SIPA

Dans le plan présenté par Emmanuel Macron pour lutter contre le réchauffement climatique, l'accent est très justement mis sur les investissements verts. Notamment avec l'objectif d'un triplement de la production de pompes à chaleur d'ici à 2027 et le projet de construire 13 nouveaux RER métropolitains. Ils contribueront certainement à baisser nos émissions de CO2, ce qui participera au ralentissement des hausses de température.

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C'est ce que j'appelle un "plan A". Mais les plans A sont-ils suffisants pour éviter le désastre climatique? Je ne puis m'empêcher de penser à un film catastrophe des années 1970, La Tour infernale. Un gratte-ciel s'enflamme le jour de son inauguration et, malgré toute une série de plans A pour endiguer le feu, celui-ci progresse inexorablement vers le haut de la tour où se tient le dîner de célébration. C'est alors qu'est prise la décision de recourir à un plan B: faire exploser les réservoirs d'eau situés au sommet du bâtiment permettant d'éteindre l'incendie.

Les politiques privilégient le court terme

Comparaison n'est pas raison: en particulier, il y a beaucoup à attendre de tous les plans A visant à la fois à atténuer le réchauffement climatique et à s'y adapter. Pour le réduire, il y a en premier lieu la taxation du carbone sous différentes formes. Il y a également la politique industrielle verte: la conversion française au nucléaire et aux énergies renouvelables, les progrès spectaculaires en matière de batteries électriques, les investissements très prometteurs dans la fusion nucléaire ou dans l'hydrogène. Et, malgré son caractère quelque peu protectionniste, l'Inflation Reduction Act, qui subventionne la recherche et l'innovation vertes ainsi que l'achat de véhicules électriques aux Etats-Unis, marque un tournant heureux de la politique américaine en faveur de l'environnement.

Pour mieux nous adapter au réchauffement climatique, il y a également beaucoup à attendre des innovations. Notamment celles qui permettront de réduire les coûts de construction de digues visant à protéger les populations contre l'augmentation du niveau de la mer.

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Ou celles qui généraliseront l'installation de systèmes de conditionnement d'air et réduiront leurs besoins en énergie. Cependant, force est de constater qu'à l'instar du feu montant dans La Tour infernale, les températures n'ont cessé d'augmenter à la même vitesse et de façon quasi linéaire depuis 1990, malgré toutes les COP et tous les plans A.

De fait, la tentation est grande pour tout dirigeant politique de privilégier le court terme et de faire reposer la responsabilité du changement climatique sur les autres pays. C'est ainsi que le Premier ministre britannique Rishi Sunak vient de décider de reporter l'interdiction des chaudières au fioul et au charbon ainsi que l'arrêt de la vente des voitures neuves roulant à essence ou au diesel.

Des "plans B" indien ou chinois

Les plans A risquent donc de ne pas suffire à éteindre l'incendie climatique. D'abord, la réaction du climat à l'augmentation de la température peut devenir beaucoup plus dramatique à partir d'un certain niveau de chaleur.

Ensuite, les plans A ne sont pas décidés par une entité unique, mais au contraire par une multitude de pays et d'entreprises qui peinent à coordonner leurs actions. Ils raisonnent souvent à très court terme et répondent à des incitations très locales. D'où l'urgence de prendre au sérieux un autre levier pour lutter contre le réchauffement: celui de l'amélioration, pour faire baisser les températures.

Ainsi, un premier plan B, qui fait l'objet de recherches actives notamment au sein du département de physique de Harvard, relève de la géo-ingénierie. Il consiste à injecter des particules de soufre dans l'atmosphère: cette technologie s'appuie sur l'expérience des vulcanologues, car nous savons que les éruptions volcaniques produisent un refroidissement de l'air. Un second plan B propose de placer des "abat-jour" géants dans l'espace pour limiter l'impact du soleil sur nos températures.

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Mais face à ces propositions, d'aucuns ont choisi de rejeter n'importe quel plan B en évoquant l'aléa moral: toute référence à un plan B découragerait l'exécution des plans A. Nous pensons le contraire. La perspective d'un recours à des plans B, en premier lieu par des pays émergents comme l'Inde ou la Chine qui ont les moyens de développer ces technologies et dont les populations risquent d'être particulièrement touchées par les hausses de température, aura pour effet d'encourager une accélération dans la mise en œuvre et la diffusion des plans A par les pays développés.

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