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Jean Castex : Comment Sarkozy a convaincu Macron

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Nicolas Sarkozy a pesé de toute son influence dans le choix de ce nouveau Premier Ministre. Emmanuel Macron a fait sienne la thèse de l'ancien président selon laquelle tous les pouvoirs sont concentrés dans les mains du chef de l'Etat, le Premier Ministre n'étant plus qu'un bon exécutant. Récit d'un remaniement hors-norme. 

Jean Castex :  Emmanuel Macron a choisi de faire appel à un exécutant, non pas à un innovant

LUDOVIC MARIN-POOL/SIPA

Nicolas Sarkozy l'avait rêvé … Emmanuel Macron l'a fait. L'ancien président le lui avait d'ailleurs recommandé expressément : ne pas paraître faible en conservant un Premier ministre imposé par l'opinion et nommer à la place d'Edouard Philippe, dont l'Ex n'a jamais été fan, non pas un politique chevronné mais plutôt un super technocrate. Car avec l'évolution des institutions depuis que les législatives succèdent à l'élection présidentielle, tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains du chef de l'Etat. Le Premier ministre n'exerce plus le rôle de fusible. " Sarko " avait même pensé un temps promouvoir son secrétaire général à l'Elysée de l'époque, Xavier Musca, et il regrettait de ne pas l'avoir fait. Aussi ce conseiller exceptionnel a-t-il vivement recommandé à son successeur de ne pas s'encombrer d'un potentiel rival supplémentaire, mais de faire appel à un double de confiance, tel Alexis Kohler, actuel secrétaire général de l'Elysée, mais empêché pour ce poste exposé à la lumière en raison d'une affaire passée dont il est mal débarbouillé. A défaut de ce brillant exécutant, on a donc tiré, de la Cour des Comptes encore, son double : Jean Castex, très proche de Kohler et de … Nicolas Sarkozy !

Le premier, le nouveau Premier ministre l'a rencontré à la préfecture du Var où il s'occupait des Affaires sociales, ce qui n'était pas considéré comme très noble quand on sort de la Cour des Comptes. Mais il y tenait, ça fait partie du personnage. Et c'est là qu'il a lié amitié avec le jeune stagiaire de l'ENA, Alexis Kohler.

Nicolas Sarkozy l'avait rêvé … Emmanuel Macron l'a fait. L'ancien président le lui avait d'ailleurs recommandé expressément : ne pas paraître faible en conservant un Premier ministre imposé par l'opinion et nommer à la place d'Edouard Philippe, dont l'Ex n'a jamais été fan, non pas un politique chevronné mais plutôt un super technocrate. Car avec l'évolution des institutions depuis que les législatives succèdent à l'élection présidentielle, tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains du chef de l'Etat. Le Premier ministre n'exerce plus le rôle de fusible. " Sarko " avait même pensé un temps promouvoir son secrétaire général à l'Elysée de l'époque, Xavier Musca, et il regrettait de ne pas l'avoir fait. Aussi ce conseiller exceptionnel a-t-il vivement recommandé à son successeur de ne pas s'encombrer d'un potentiel rival supplémentaire, mais de faire appel à un double de confiance, tel Alexis Kohler, actuel secrétaire général de l'Elysée, mais empêché pour ce poste exposé à la lumière en raison d'une affaire passée dont il est mal débarbouillé. A défaut de ce brillant exécutant, on a donc tiré, de la Cour des Comptes encore, son double : Jean Castex, très proche de Kohler et de … Nicolas Sarkozy !

Le premier, le nouveau Premier ministre l'a rencontré à la préfecture du Var où il s'occupait des Affaires sociales, ce qui n'était pas considéré comme très noble quand on sort de la Cour des Comptes. Mais il y tenait, ça fait partie du personnage. Et c'est là qu'il a lié amitié avec le jeune stagiaire de l'ENA, Alexis Kohler.

Avec Nicolas Sarkozy, c'est une autre histoire, qui passe par … Xavier Bertrand, dont Castex devient directeur de cabinet au ministère de la Santé, puis au Travail. Il réussit à se faire tant apprécier qu'il est promu à l'Elysée où il s'occupait des Affaires sociales avant de devenir secrétaire général adjoint ! Ce qui ne l'empêcha pas de soutenir plus tard François Fillon à la présidentielle. Sans se fâcher pour autant avec Nicolas Sarkozy, qu'il appellera parmi les premiers, une fois connue sa nomination à Matignon. Il faut dire que ce tout frais chef de gouvernement lui doit beaucoup.

Narcisse se veut libre en action

Car nombre de conseillers élyséens, ont plaidé non pas forcément contre Castex – il a incroyablement peu d'ennemis - mais contre cette nomination technique " ce confort apparent, qui expose trop le Président ". Avec un tel profil si gris et si transparent, c'est désormais le chef de l'Etat qui est totalement en première ligne. C'est à un exécutant pas un innovant à qui le président a, in fine, décidé de faire appel.

D'autres suggestions plus politiques lui ont été faites. Et d'abord de tenir son engagement de campagne : une femme à Matignon. On a parlé de la ministre de la Défense Florence Parly qui vient de la gauche. On a évoqué le nom de Valérie Pécresse la présidente de la région Ile de France, très marquée à droite, mais qui avait un passé écologie auprès de Chirac président. L'une ou l'autre eut représenté un gain d'image et un apport politique d'un bord ou de l'autre. Castex n'apporte aucun profit de cet ordre. Pas davantage il n'incarne une " réinvention du macronisme ", ou une autre politique. S'il doit y en avoir une, seul Emmanuel Macron sera susceptible de l'incarner !

Pire, on voit mal comment celui qui n'a gagné qu'une élection, la mairie de Prades, pourrait s'imposer en chef de la majorité. Mais il risque surtout de laisser dangereusement le Président à découvert en cas de troubles. Sans doute est-ce ce que recherche Emmanuel Macron. Il s'aime lui-même mais en action.  Narcisse sûrement, mais point immobile. En mouvement. Emmanuel Macron est un acteur qui adore ce rôle premier de général en chef tranche montagne. Rien de mieux que foncer dans la mêlée humaine comme à Whirpool, lors de sa campagne avec des frissons de plaisir, pour en sortir tout ébouriffé, mais vainqueur. Comme Nicolas Sarkozy il adore le corps à cœur. Comme lui aussi cet autre transgressif déteste qu'on lui vole la lumière. Comme lui enfin, il entend tout faire, et que les autres se débrouillent avec le reste…