Libye : Est-ce que c’était mieux sous Kadhafi ?

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On va parler de Mouammar Kadhafi. Depuis la vidéo de CNN où l’on voit des migrants africains vendus comme esclaves, la question se pose à nouveau.

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C’est un débat récurrent, rempli d’arrières pensées et souvent de mauvaise foi, où l’on parle de tout, par exemple Nicolas Sarkozy et ses comptes de campagne, tout sauf de la Libye. Pourtant, c’est une question légitime vu la situation de chaos dans laquelle se trouve ce pays et même tout le Sahel. En clair : quatre questions se posent.

Tout d’abord, est-ce que la Libye fonctionnait mieux ? Ensuite, est-ce qu’il y avait moins de djihadistes ? Et puis, est-ce que les africains y étaient mieux traités ? Et enfin est-ce que la Libye de Kadhafi jouait un rôle pacificateur au Sahel ?

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Peu de gens connaissaient la Libye de Kadhafi car c’était une vraie dictature et on ne pouvait pas s’y promener comme ça. Mais je vais tenter de répondre clairement. La Libye d’abord : il n’y avait pas d’anarchie comme aujourd’hui certes, pas de milices armées qui font la loi et kidnappent les gens, parce qu’il y avait un despote qui faisait aussi disparaître les gens, en tout cas ses opposants ou ceux qui faisaient de l’ombre aux affaires de ses fils. Il y avait un Etat, mais pas de Constitution, ni de lois.

Les djihadistes ? Oui, il y en avait et Kadhafi les a combattus dans les années 90 au napalm. Oui, au napalm, ce n’est pas une image. On voit encore les traces sur les montagnes qui entourent la ville de Derna, le bastion des islamistes libyens. Résultat, beaucoup sont partis en Afghanistan, chez Al-Qaida et quand ils sont rentrés, ils étaient bien plus féroces et aguerris.  

Parlons des Africains maintenant. De ce point de vue là, oui, la Libye était plus accueillante. Kadhafi leur avait ouvert les portes de la Libye, ce qui n’empêchait pas nombre d’entre eux de se faire exploiter dans des conditions très limites. Mais les atrocités qu’on voit en ce moment, ça non. Il faut aussi dire, pour nuancer le tableau, que Kadhafi utilisait les Africains : comme il n’avait pas confiance en son armée, il les embauchait comme mercenaires. Et aussi, il jouait avec les migrants, tantôt en les laissant partir, tantôt en les plaçant en détention, pour faire du chantage à l’Italie et obtenir des milliards d’euros d’aide de Berlusconi.

Allez demander, au habitants du Darfour, si Kadhafi était un faiseur de paix au Sahel. Il n’a cessé de créer des groupes armés, de les financer, avant de les convoquer à de pompeuses conférences de paix à Syrte.  

En fait, Kadhafi c’était le pompier pyromane dans toute la région : au Mali, au Niger, au Tchad et au Soudan. Il créait des conflits et venait ensuite proposer de les régler, ce qui n’était pas toujours le cas d’ailleurs.  

Pour résumer, la différence, sous Kadhafi, c’est qu’il y avait un interlocuteur, un numéro de téléphone. Mais pas toujours une solution. Si le Sahel et la Libye vont aussi mal aujourd’hui, c’est aussi l’héritage de Kadhafi, un homme qui n’a cessé de disséminer des armes dans toute la région. Il ne fallait pas s’étonner que la sortie de 40 ans de règne ubuesque et dictatorial allait se faire sans douleur. 

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