Malik Oussekine, 30 ans après, autopsie d'une bavure

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Malik Oussekine, 30 ans après, autopsie d'une bavure

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Aujourd'hui encore, la mort de Malik Oussékine résonne dans l'esprit des acteurs du mouvement anti loi Devaquet de l'époque.
Aujourd'hui encore, la mort de Malik Oussékine résonne dans l'esprit des acteurs du mouvement anti loi Devaquet de l'époque.
© Maxppp - PHOTOPQR/LE PROGRES

C'était il y a 30 ans. Le 6 décembre 1986, Malik Oussekine était tué à Paris par des policiers en marge d'une manifestation contre la loi Devaquet sur la réforme des universités.

Malik Oussekine, jeune homme de 22 ans, est dans la rue. Il n'est en rien impliqué dans la mobilisation contre le projet Devaquet. L'étudiant sort d'un concert et s'apprête à rentrer chez lui. Il est alors poursuivi jusque dans un hall d'immeuble et battu à mort par les "voltigeurs", ces policiers à moto supposés pénétrer dans les manifestations pour mieux les disperser.

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Deux jours après cette bavure policière, le ministre Devaquet démissionne et son projet de loi est retiré. La situation est extrêmement tendue, d'autant que le même jour, un jeune algérien de 20 ans Abdel Benyahia est tué dans un café par un policier ivre. Cette information sera retenue par les autorités pendant 48 heures, de peur que cette nouvelle bavure ne rende la situation encore plus explosive.

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Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Cinq jours après la mort de ce jeune étudiant, l’ancien Premier ministre socialiste Pierre Mauroy interpelle Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur, sur les conditions de la mort de Malik Oussekine. « C’était un étudiant comme tous les autres et il s’appelait Malik. » Lors des questions d’actualités à l’Assemblée nationale, les deux hommes s’affrontent :

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A l'époque, nous sommes en pleine cohabitation. François Mitterrand est Président de la République et Jacques Chirac, son Premier ministre après que le RPR a remporté les élections législatives en mars 1986. Charles Pasqua est alors ministre de l’Intérieur et Robert Pandraud est son délégué à la sécurité. Les deux hommes ont mis en place les Pelotons de voltigeurs motoportés, des policiers montés à deux sur une moto tout-terrain. L’un conduit, l’autre est armé d’une matraque. Ils ont comme mission de « nettoyer » les rues après les manifestations et de débusquer les casseurs. Le PVM est mis en service lorsque Charles Pasqua accède à la place Beauvau en 1986.

A Lyon, le 10 février 1986, des jeunes organisent une manifestation en hommage à Malik Oussekine.
A Lyon, le 10 février 1986, des jeunes organisent une manifestation en hommage à Malik Oussekine.
© Maxppp - PHOTOPQR/LE PROGRES/MAXPPP

Ce corps de police ne survivra pas à cette affaire. Au cours de l'enquête, on découvre rapidement que le jeune homme souffre d'une insuffisance rénale et dans un premier temps, les causes de la mort ne seront pas clairement établies. Dans un entretien au journal Le Monde, Robert Pandraud ira même jusqu'à déclarer :

Si j'avais un fils sous dialyse, je l'empêcherais de faire le con dans la nuit. […] Ce n'était pas le héros des étudiants français qu'on a dit.

On découvrira par la suite que ces sont bien les coups donnés par les policiers qui ont entrainé la mort du jeune homme. Les deux voltigeurs directement impliqués seront condamnés à deux et cinq ans de prison avec sursis.

Aujourd'hui encore, la mort de Malik Oussekine résonne dans l'esprit des acteurs du mouvement anti-loi Devaquet de l'époque.

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Une cérémonie d'hommage a lieu ce mardi à 11 heures rue Monsieur-le-Prince, dans le 6e arrondissement parisien, là où Malik Oussekine a été tué. Une cérémonie en présence des anciens de l'Unef, et d'Anne Hidalgo la maire de Paris.

Le reportage de Delphine Evenou qui a rencontré des anciens militants 30 ans après :

E Malik Oussekine, 30 ans après

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