C’est une première depuis le début de l’épidémie de Covid-19 : Gao Fu, haut responsable chinois du contrôle et de prévention des maladies, a admis, samedi 10 avril, que l’efficacité des vaccins chinois Coronavac contre le Covid-19 était « peu élevée ».

D’après les résultats des tests finaux de ce vaccin effectués au Brésil, révélés à la mi-janvier, le Coronavac ne serait efficace qu’à 50,38 % une fois la seconde dose injectée, un pourcentage proche du seuil minimal demandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

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Si la faible efficacité du vaccin n’est pas une information nouvelle en soi, l’aveu qu’en fait un responsable chinois de haut rang est inédit, et laisse présager que d’importantes conséquences sur le plan international, qu’elles soient économiques ou politiques, sont à prévoir.

Doses insuffisantes et tardives ouverture des frontières

« On parle d’impacts très concrets sur les campagnes de vaccination dans le monde ou sur les stocks à l’étranger », décrypte Antoine Bondaz, chercheur français à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et spécialiste de la Chine, pour qui le taux d’efficacité de la première dose des vaccins chinois scellera l’avenir de la diplomatie vaccinale du géant asiatique.

« S’il s’avère qu’une seule dose ne protège pas assez du virus, alors il faudra administrer la seconde rapidement et donc on pourra vacciner moins de personnes à court terme », explique le spécialiste.

Les vaccinations tardives qui en découleront retarderont, à leur tour, le retour à une économie normale et auront un impact prévisible sur la réouverture des frontières. « Les pays européens autoriseront-ils la population vaccinée aux vaccins chinois à entrer sur leur territoire ?, interroge le chercheur. Ou l’inverse, puisque les Chinois risquent d’être moins bien protégés contre le virus qui fait rage en Europe ? »

Compenser en produisant

Alors que le géant asiatique exporte la moitié de sa production de vaccins dans une trentaine de pays, son image de nation technologique en prend un coup. « On dira que la Chine peut produire des vaccins rapidement, mais qu’ils sont moins efficaces », explique l’expert.

Pour rattraper le coup, Gao Fu a présenté plusieurs alternatives. Une en particulier : « Au vu de sa grande capacité de production, la Chine devrait augmenter son nombre de doses pour compenser leur faible efficacité. En somme : il y a un vaccin moins efficace mais on peut l’injecter plusieurs fois, donc ça marche ».

La stratégie chinoise est donc pour l’instant de tabler sur des bénéfices à court terme, avant l’arrivée de nouveaux vaccins comme le Janssen, avant la baisse des prix des vaccins étrangers, ou avant que le dispositif Covax - qui distribue gratuitement des vaccins aux pays les plus pauvres - ne gagne en importance. « Aujourd’hui, aucun pays ne dépend à 100 % des vaccins chinois », rappelle Antoine Bonda, pour qui « il sera de plus en plus difficile pour la Chine de mettre en avant ses produits pour l’exportation ».