Non-respect du confinement : dénonciations, signalements... les "corbeaux" sont très actifs à Toulouse

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  • Des "corbeaux" se manifestent pour dénoncer leurs voisns.
    Des "corbeaux" se manifestent pour dénoncer leurs voisns. Photo DDM - Jean-Michel Mazet
Publié le , mis à jour

l'essentiel À Toulouse, comme ailleurs, les forces de l’ordre reçoivent des appels de riverains dénonçant le non-respect du confinement de leurs voisins. Des signalements qui rappellent que chaque mesure exceptionnelle entraîne des phénomènes de délation. Enquête.

« Allô, mon voisin est parti faire du sport deux fois dans la journée… », « des gens font un barbecue dans leur jardin sans respecter les règles de distance ». Ce type de dénonciation en période de confinement, les forces de l’ordre en reçoivent quasiment tous les jours.

Depuis le 17 mars et le début des restrictions de déplacement liées à l’épidémie de coronavirus, police et gendarmerie tentent de faire respecter le confinement en France. C’est dans le Grand-Est, l’une des régions les plus touchées par l’épidémie, que les appels 17 ont littéralement explosé ces dernières semaines. Sur 500 appels au commissariat de Strasbourg, la moitié concernait des faits de non-respect des règles du confinement.

Les gens estiment que le confinement doit être respecté par tout le monde.

À Toulouse et dans sa région, le centre opérationnel de la gendarmerie qui reçoit en moyenne 700 appels par jour est lui aussi concerné sans toutefois noter une surcharge. « On reçoit tout type de signalements et chaque situation est différente. Des patrouilles se rendent sur place pour constater et verbaliser si nécessaire », poursuit un officier de gendarmerie de la région Occitanie.

Dans la Ville rose, c’est la plateforme téléphonique « Allô Toulouse » (35 000 appels par an), permettant de signaler n’importe quel problème dans la ville, qui est en surchauffe. « 70 % de ces appels concernent des dénonciations ou des signalements de personnes ne respectant pas le confinement ou les règles sanitaires », assure un fonctionnaire. Rassemblement au pied d’un immeuble, des personnes se tenant trop près ou des barbecues arrosés dans des résidences privées… « Les gens appellent car ils estiment que le confinement doit être respecté par tous », poursuit un gendarme. Ces appels font toujours l’objet d’une évaluation et d’une prise en compte. Mais lorsque les patrouilles se rendent sur place, difficile de séparer le bon grain de l’ivraie. « À notre arrivée, les gens disparaissent et souvent ces rassemblements ou ces barbecues se passent dans des résidences privées où notre champ d’action reste limité », décrypte un membre des forces de l’ordre.

Le retour des "corbeaux"

Le phénomène des « corbeaux » n’est pas nouveau. Aujourd’hui, c’est pour dénoncer tels ou tels manquements aux règles sanitaires. Des dénonciations de riverains s’estimant dans leur bon droit. À chaque mesure d’exception comme l’instauration de l’état d’urgence, les autorités observent une hausse de ce genre de comportement. Ces réflexes font tristement écho à une période sombre de notre histoire, celle d’une France de 1942, collaborationniste et délatrice.

En 2015, police et gendarmerie avaient reçu de nombreux appels leur signalement des changements d’attitude « inquiétants » chez leurs voisins, des « signes de radicalisation religieuse » en pleine période d’attentats terroristes. Mais il ne faut pas tout confondre. Geste citoyen animé par un devoir de civisme et dénonciation visant à nuire pour assouvir une vengeance sur fond de haine recuite. Cette délation, les administrations fiscales ont l’habitude de la gérer. Sous couvert de « justice sociale », des anonymes n’hésitent pas à rencarder le fisc pour dénoncer la nouvelle acquisition d’un voisin.

Dernièrement, la préfecture de police de Paris a fait savoir que les appels « très nombreux » pour dénoncer le non-respect des règles de confinement avaient plutôt tendance à « encombrer » les lignes réservées aux seuls appels urgents. La semaine dernière, en banlieue toulousaine, trois jeunes gens qui se baladaient en pleine rue vers minuit n’ont pas échappé à la vigilance d’un riverain. Appel 17 et intervention des gendarmes. Le trio verbalisé n’a pu justifier les motifs de cette présence nocturne.

A lire aussi : Une pizzeria victime de menaces anonymes

Le gérant d'une pizzeria menacé

À Venerque, près de Toulouse, un ou des inconnus ont placardé une lettre, mercredi 15 avril, sur la devanture d’une pizzeria enjoignant le gérant à fermer son enseigne. « Votre commerce ne doit pas rester ouvert sous peine de lourdes sanctions… », annonce la lettre menaçante dactylographiée et signée « les citoyens responsables (non égoïstes) ». Cette pizzeria ouverte le week-end en période de confinement avec l’aval de la CCI ne fonctionne que sur de la vente à emporter. Avec mise en place d’un protocole sanitaire. « Quand on a l’autorisation d’ouvrir, c’est une question de survie », estime le patron de cette pizzeria qui prend cette affaire au sérieux.

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Les commentaires (95)
panzerino Il y a 4 années Le 23/04/2020 à 22:41

Comme plusieurs commentaires semblent l'avoir souligné, il y a plusieurs personnes qui semblent trouver que les motifs de dérogation actuels ne sont pas encore assez stricts. Certains semblent même réclamer que soit inscrite noir sur blanc la liste exhaustive des animaux de compagnie qu'on aurait le droit de sortir ou pas.....
Dans la première phase initiale, j'étais moi aussi d'avis que les règles de sortie n'étaient pas assez précises. En effet, c'était alors la porte ouverte à toutes sortes d'abus, avec les bords du canal et les parcs envahis de gens sous le prétexte de l' "activité physique", souvenez vous de ces images au premier week-end de confinement.
Et du coup, la liste beaucoup plus précise des dérogations actuelle semble répondre à ce problème. Je me permets d'aller faire mon jogging une fois tous les deux jours, et force est de constater qu'il n'y a plus personne à encombrer le bord du canal (sur lequel je ne courre d'ailleurs pas car c'est interdit). Les rues sont relativement désertes, et les passants font tous des efforts évidents pour maximiser les distances. Bref, grosso modo, le confinement est globalement bien suivi, et les dérogations proposées sont dans l'esprit d'éviter la propagation de l'épidémie.
Donc, franchement, réclamer encore plus de détails (après l'interdiction de sortir les chats ? pourquoi pas une liste unique de courses non plus ?) serait contre productif, et appeler la police quand ont est finalement dans l'interprétation très individuelle (sortir un chien ok, sortir un chat, c'est abusé...) du décret et de ses dérogations, il vaut mieux s'abstenir. Il y a bien assez de non respect complètement évident du dit décret et de ses dérogations qui créent un danger bien plus important de façon également évident (rassemblements dans les parcs privés ou les bas de résidence, etc...)

Thierry31250 Il y a 4 années Le 23/04/2020 à 21:00

La gestapo avait le même discours. On connaît tous l'histoire. Vous agissait par jalousie, après tout, ça vous fait quoi, si ils sont malades ? le 11 mai, vous serez les premiers à vous entasser comme dans le métro, le tram ou les bus.

le_fantome Il y a 4 années Le 23/04/2020 à 21:44

Vous avez raison, on s'en fout s'ils sont malades après avoir fait n'importe quoi. Ce qui pose problème, c'est qu'ils contaminent les autres.

panzerino Il y a 4 années Le 23/04/2020 à 22:49

Euh, la gestapo avait le même discours que quoi ou qui ???? Vous pourriez préciser ? Parce qu'on se perd dans votre argumentaire.
Il est question ici de comportements conformes ou pas avec l'objectif de limiter la propagation du virus à travers ces mesures exceptionnelles de confinement. Il est question ici de propagation active d'un agent infectieux par certaines personnes qui sont très très loin du respect même lointain des dérogations au confinement. La gestapo, c'était à l'époque de l'occupation par l'Allemagne, avec des mesures d'identification, de spoliation et d'extermination des juifs. Quel rapport avec la lutte contre le covid19 ? A moins que pour vous, toute forme de respect de la loi relève de la Gestapo ?

Frankou Il y a 4 années Le 24/04/2020 à 08:28

Vous ne connaissez pas l'histoire de France et le rôle de la Gestapo sinon vous ne feriez pas ce type de comparaison déplacée avec le problème sanitaire actuel.
Parlez de ce que vous connaissez cela vous évitera d'être ridicule.

Thierry31250 Il y a 4 années Le 24/04/2020 à 10:04

C'est vous qui êtes ridicule, le problème sanitaire est beaucoup moins dangereux que les nazis surtout pour les juifs, personne brûlent des villages entier, personne fusille personne, les gens qui ont peur aujourd'hui, ils auraient fait quoi en 40, certainement pas la résistance au côté de Jean moulin mais plutôt la police de pétain, quand au même discours, une personne plus bas dit je dénonce mais je suis pas rn, ils disait tous ça dans la gestapo:je suis pas d'extrême droite.

Thierry31250 Il y a 4 années Le 23/04/2020 à 13:25

La délation, vieille maladie française qui est la honte de notre nation, les gens balance les gens qui vont travailler, faire leurs courses, même un barbecue dans leur jardin alors que c'c'est une propriété privée alors que chacun est libre de faire ce qu'il veut chez lui, c'est la loi de la propriété individuelle.
Par contre, ces même personnes, ça ne leur fera rien de voir les gens s'entasser dans les transports en commun à partir du 11 mai, ça sera même les premiers à y aller, les premiers à laisser des mots anonymes aussi dans les boîtes aux lettres ou les pare brise des voitures des personnels soignants en leur demandant de partir, c'c'est juste lamentable et honteux

panzerino Il y a 4 années Le 24/04/2020 à 08:09

Et hop, exemple typique du commentaire qui met tout le monde dans le même bateau, et met fin à toute discussion sur la nécessaire dénonciation des délits et des crimes par la citoyen dans une démocratie digne de ce nom. Bref, le bébé part avec l'eau du bain.