EXCLU LA DEPECHE. Bruno Le Maire : "Il faut continuer à baisser les impôts pour les classes moyennes et les entreprises"

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  • Bruno Le Maire : "L’État a sauvé la filière aéronautique"
    Bruno Le Maire : "L’État a sauvé la filière aéronautique"
Publié le , mis à jour

l'essentiel Bruno Le Maire est à Toulouse ce vendredi pour rencontrer Guillaume Faury, le patron d’Airbus. Le ministre de l’Economie revient dans une interview exclusive à La Dépêche sur la situation économique du pays et la relance qui pourrait être entravée par une quatrième vague du Covid.

Un après l’annonce du plan de relance aéronautique que venez vous faire chez Airbus à Toulouse
aujourd’hui ?

Je suis venu m’assurer, à Toulouse, que les dispositifs de soutien de l’Etat au secteur aéronautique fonctionnent bien et permettent à la filière aéronautique de redémarrer fort. Nous avons engagé quinze milliards d’euros pour soutenir la filière pendant la crise. Je viens vérifier qu’ils donnent des résultats tangibles et soutiennent l’emploi en Occitanie. L’État a sauvé la filière aéronautique par le soutien que nous avons apporté à la compagnie nationale Air France avec près de sept milliards d’euros. Il l’a sauvé aussi par des mesures massives de soutien à l’activité partielle qui ont notamment permis de sauver 1 500 emplois chez Airbus. L’État aussi tenu à soutenir la demande avec près d’un milliard d’euros de commandes anticipées pour les armées, la gendarmerie, la sécurité civile. Nous avons aussi soutenu l’investissement avec ce plan de relance aéronautique pour permettre à la filière de continuer à innover et conserver des projets pour les ingénieurs du secteur.

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Comptez-vous prolonger le dispositif d’activité partielle longue durée pour les entreprises aéronautiques qui n’ont toujours pas retrouvé leurs niveaux d’avant crise ?

Rappelons que les contrats d’activité partielle de longue durée durent deux ans. Mais j’en discuterai ce matin avec les sous-traitants de la filière et le directeur général d’Airbus, Guillaume Faury. Nous avons sauvé la filière aéronautique, ce n’est pas pour la laisser tomber au moment où elle redémarre. Nous avons aujourd’hui plutôt de bonnes surprises. Si en Europe le trafic aérien reprend plus lentement, le redémarrage est plus fort qu’anticipé en Chine et aux Etats-Unis. Cela a permis à Airbus de remonter plus rapidement que prévu les cadences de production et d’ouvrir une nouvelle ligne d’assemblage A321 à Toulouse, qui était très attendue. C’est une excellente nouvelle pour Toulouse et les sous-traitants !

A lire aussi : La reprise économique tiendra-t-elle ses promesses ?

Avez-vous plaidé pour que cet investissement se fasse à Toulouse plutôt qu’ailleurs en Europe ?

Nous avons tous collectivement plaidé pour cela auprès d’Airbus. Nous avons travaillé main dans la main avec la région Occitanie. La qualité du travail entre l’Etat, les collectivités locales et la Région nous a permis de faire passer un message unique et d’obtenir des résultats. Nous travaillons aussi en parfaite intelligence avec le directeur d’Airbus. Face à la crise, le rassemblement des forces et la solidarité de filière doivent être les maîtres mots.

Où en est-on du plan France Relance doté de 100 milliards ?

Aujourd’hui 40 milliards d’euros ont déjà été déployés. Le rythme est très bon. Nous visons, à la demande du président de la République, un engagement de 70 milliards de projets d’ici la fin de l’année 2021. France Relance ce sont des projets très concrets pour les citoyens et les territoires. En Occitanie, 40 000 ménages ont ainsi bénéficié du bonus écologique ou de la prime à la conversion pour l’achat de véhicules propres, électriques ou hybrides. Sur la rénovation thermique, près de 30 000 ménages ont utilisé Ma Prim’Renov dans la région Occitanie en seulement quelques mois. France Relance c’est aussi 200 M€ pour la construction de la troisième ligne de métro à Toulouse. C’est aussi 50 000 jeunes de la région qui ont été aidés grâce au plan 1 jeune 1 solution et 1 300 travailleurs handicapés embauchés. France Relance appartient aux Français et se traduit par une amélioration de leur vie quotidienne.

Quid du plan de relance européen ?

Sur nos 100 milliards d’euros de France Relance, 40 milliards d’euros viendront de l’Europe. Un premier versement des fonds européens de 5,1 milliards d’euros interviendra dans le courant de l’été. Cet argent servira à financer soit l’accélération de la transition écologique, le soutien aux plus touchés par la crise comme les jeunes notamment à travers l’apprentissage et l’amélioration de la compétitivité des entreprises, notamment le chèque numérique dont ont bénéficié 4 300 TPE d’Occitanie.

La France va encore lever 260 milliards d’euros de dette en 2021 contre 93 milliards avant crise. Comment la rembourser sans augmenter les impôts comme vous le prônez ?

Il est hors de question d’augmenter les impôts des Français ! Nous les avons baissés massivement au cours du quinquennat. C’est une des lignes de force de notre politique économique : baisser les impôts des ménages et des entreprises car nous avons le niveau d’impôt le plus élevé de tous les pays développés. Continuer à augmenter les impôts est une impasse. Il faut continuer à les baisser pour les ménages, les classes moyennes et les entreprises. La dette doit être remboursée autrement.

Comment ?

D’abord, avec une activité plus forte grâce à France Relance qui va nous permettre d’atteindre 6 % de croissance en 2021. Ensuite par une meilleure maîtrise de la dépense publique qui passe par l’adoption d’une limite de dépenses pluriannuelles, pas seulement annuelles. Je suis favorable à une règle constitutionnelle qui fixerait un montant global de dépense sur cinq ans auquel on ne pourrait pas déroger sauf situation exceptionnelle. C’est la seule manière de réduire de façon efficace les dépenses publiques dans notre pays. Enfin, il faut poursuivre les réformes de structure. Nous engagerons la réforme de l’assurance chômage au 1er octobre et le président de la République a été très clair : le moment venu, c’est-à-dire quand la crise sanitaire sera derrière nous, nous ferons une réforme des retraites pour augmenter le volume global de travail en France. Pour y arriver, il faut aussi continuer la lutte contre le chômage et favoriser l’entrée des jeunes sur le marché du travail.

Peut-on l’engager à temps avant l’élection présidentielle ?

Il faut avant tout stabiliser la crise sanitaire qui reste préoccupante. Le variant Delta a un taux de reproduction trois à quatre fois plus fort que le variant précédent.

Ce variant peut-il menacer la reprise économique ?

La croissance dépend désormais du niveau de vaccination collectif. La vaccination c’est la protection sanitaire, notre croissance, nos emplois. L’appel du président de la République a été entendu : les Français se tournent massivement vers la vaccination. C’est une bonne chose.

Le pass sanitaire risque de pénaliser certains commerces. Comment y répondrez-vous ?

La vraie menace pour notre économie c’est le retour de la pandémie. La vraie menace pour les restaurateurs, les bars, les salles de sport, les commerces, les théâtres, les cinémas… ce serait un nouveau confinement. Le Pass sanitaire est une protection efficace. Par ailleurs, le fonds de solidarité est toujours en place et permet la prise en charge d’éventuelles pertes d’activité. Nous avons toujours répondu présents quand les mesures sanitaires que nous fixions avaient des conséquences sur le chiffre d’affaires et nous continuerons à le faire. Je propose donc un rendez-vous fin août pour mesurer ces conséquences et prendre les dispositions nécessaires si besoin.

A lire aussi : Occitanie : la reprise économique malgré l’aéronautique

Quand prendra fin le fonds de solidarité ?

Le fonds de solidarité est maintenu en juin, juillet et août avec une prise en charge des éventuelles pertes de chiffre d’affaires.

La pénurie de matériaux et les difficultés de recrutement sont-elles des dangers pour la reprise ?

Ces deux clignotants montrent à quel point la reprise est forte. Tant mieux ! Mais nous sommes conscients qu’il est difficile pour une TPE ou PME de répercuter la hausse du coût de l’augmentation du bois ou de l’acier sur ses clients. Le chêne a augmenté de 30 %, les résineux, très utilisés dans la construction, c’est 100 à 140 % ! Le médiateur des entreprises est mobilisé pour apporter des solutions aux entreprises impactées. Aucune pénalité ne sera appliquée aux entreprises des marchés publics d’Etat qui auraient du retard à cause de la pénurie. Enfin nous travaillons à un contrat de filière avec le bois et le bâtiment pour gérer ses difficultés.

Un lien particulier avec Toulouse

Bien que longtemps élu de l’Eure en Normandie, Bruno Le Maire connaît bien Toulouse pour y avoir des attaches familiales. « J’ai un lien très fort avec votre territoire car ma mère est née à Toulouse. J’ai passé toutes mes vacances d’enfance à Saint-Ferréol à Revel sur le territoire du sénateur Alain Chatillon. J’ai des souvenirs très forts avec la région Occitanie où je reviens toujours avec un immense plaisir » a racontéà La Dépêche le locataire de Bercy.

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Les commentaires (80)
Convertor Il y a 2 années Le 05/11/2021 à 12:03

Il faut en effet continuer à baisser les impôts, ça c'est sûr, mais aussi baisser les dépenses de l'Etat, non ?

le-fantome Il y a 2 années Le 20/07/2021 à 07:36

C'était la blague du jour.

LeMiG2021 Il y a 2 années Le 18/07/2021 à 10:45

Les gars s'accrochent comme ils peut a un système qui est en déclin c'est incroyable ! préparez vos valises vous nous coûteraient beaucoup moins les yeux de la tête ! la baisse sera significative dès votre départ et sans rémunération faites des formations et retrouvez vous tous un véritable travail après vous nous donnerez des leçons sur ce qui serait bon ou pas pour nous