Nouveau rapt de masse au Nigeria : 317 jeunes filles enlevées dans une école

Y.R
Publié le 26 février 2021 à 17h38, mis à jour le 27 février 2021 à 11h56
À Jangebe, dans l'Etat de Zamfara, 317 jeunes filles ont été enlevées dans le dortoir de leur école.
À Jangebe, dans l'Etat de Zamfara, 317 jeunes filles ont été enlevées dans le dortoir de leur école. - Source : HABIBU ILIYASU / AFP

KIDNAPPING - Plus de trois cents étudiantes ont été enlevées par des hommes armés, dans la nuit de jeudi à vendredi, dans une école du nord-est du Nigeria. Une opération de secours a été lancée pour les retrouver.

C'est le troisième enlèvement en masse d'étudiants au Nigeria depuis décembre. Trois cent dix-sept adolescentes ont été kidnappées après l'attaque de leur pensionnat dans la nuit de jeudi à vendredi par des hommes armés dans le nord-ouest du pays africain, situé dans le golfe de Guinée, a annoncé vendredi 26 février la police locale. "La police de l'État de Zamfara et l'armée ont lancé une opération commune pour porter secours aux 317 élèves enlevées par des bandits armés dans le pensionnat de filles de Jangebe", a informé le porte-parole de la police locale Mohammed Shehu, cité dans un communiqué. 

À 1h du matin, des individus appartenant à des groupes armés sont arrivés en voiture dans ce collège-lycée de l'État de Zamfara, et ont envahi les dortoirs, où se trouvaient les étudiantes. Ils sont repartis avec des centaines de jeunes filles à pied, selon les autorités locales. Une équipe de forces de sécurité "lourdement armée a été envoyée à Jangebe pour appuyer l'opération de sauvetage en cours sur les lieux où les écolières auraient été emmenées", a ajouté le porte-parole de la police.

42 personnes libérées

Ce rapt de masse est le dernier d'une série d'enlèvements d'adolescents perpétrés, dans le centre et le nord-ouest du Nigeria, par des groupes criminels, appelés localement des "bandits", qui terrorisent les populations, volent du bétail et pillent les villages. La semaine dernière, 42 personnes, dont 27 élèves avaient été enlevées dans l'État du Niger, dans le centre-ouest du Nigeria, mais elles ont été libérées, ont annoncé samedi matin les autorités locales. 

En outre, plus de 300 garçons avaient également été enlevés début décembre 2020 à Kankara, dans l'État de Katsina. "La fréquence de ces enlèvements augmente, tandis que le mode opératoire demeure toujours le même", analyse dans Libération Vincent Hiribarren, directeur du bureau nigérian de l'Institut français de recherche en Afrique (Ifra). 

En avril 2014, le rapt de 276 lycéennes à Chibok, dans l'État de Borno, revendiqué par Boko Haram, avait provoqué vague d'indignation mondiale. Un groupe, baptisé "Bring back our girls" ("Ramenez nos filles"), avait organisé des manifestations dans le pays pour réclamer leur libération et demander au pouvoir en place de faire plus contre ces attaques. Plusieurs personnalités politiques et médiatiques, dont l'ex-First Lady Michelle Obama, avaient apporté leur soutien au mouvement. 

Nigeria : le groupe djihadiste Boko Haram revendique l'enlèvement de centaines de lycéensSource : TF1 Info

Une violence enracinée dans le pays

"Depuis 2014 prévaut le phénomène Chibok qui a engendré une mobilisation internationale. Les ravisseurs savent que les journalistes du monde entier vont s'y intéresser. Ici, c'est choquant parce que ce sont des jeunes filles qui vont à l'école. Il y a une dimension symbolique, qui paie", juge le chercheur Vincent Hiribarren. Ces bandes criminelles, qui se cachent souvent dans des camps dans la forêt de Rugu, qui s'étend sur quatre États du nord et du centre du Nigeria, sont motivées par l'appât du gain, mais certaines ont tissé des liens forts avec les groupes djihadistes présents dans le nord-est du pays.

Ces violences criminelles ont fait plus de 8000 morts depuis 2011, et forcé plus de 200.000 personnes à fuir leur domicile, certaines pour le Niger voisin, selon un rapport du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG) publié en mai 2020.


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