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Les huit prédicateurs que la police surveille sur Youtube

Très présents sur YouTube, les prédicateurs, dont certains salafistes, tentent de gagner tous les musulmans à leur cause. Mais ils ne sont pas le seul courant de l'islam à s'y exprimer. Une note de police recense les huit prédicateurs qui ont le plus d'audience.

Pascal Ceaux , Mis à jour le
L'imam de Brest, Rachid Abou Houdeyfa, sur sa chaîne Youtube.
L'imam de Brest, Rachid Abou Houdeyfa, sur sa chaîne Youtube. © Capture d'écran Youtube

Partisans d'un retour aux racines de l'islam, les prédicateurs salafistes n'en sont pas moins des adeptes des nouvelles technologies. Ils surfent avec aisance sur les réseaux sociaux, et certains d'entre eux y sont de véritables vedettes. Les services de renseignement suivent attentivement leur expression sur le Net pour mesurer leur niveau d'influence, déceler d'éventuels dérapages et analyser les tendances des messages diffusés à la communauté musulmane. Ce travail est d'autant plus important que la majorité de ces prédicateurs rechigne à s'exprimer en dehors des sites communautaires et qu'il faut parfois lire entre les lignes. Une note de synthèse de la police d'il y a quelques semaines recense les huit influenceurs qui ont le plus d'audience. On compte parmi eux trois figures de la mouvance salafiste.

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L'imam de Brest, la musique et les singes

Rachid Eljay, 38 ans, occupe le premier rang du classement policier. Aussi connu sous le nom de Rachid Abou Houdeyfa, il a vu ses interventions sur YouTube suivies par plus de 20 millions de personnes. Il est vrai que les déclarations de l'imam de la mosquée de Pontanézen, au nord de Brest (Finistère), lui ont valu une célébrité parfois encombrante. Il s'est prononcé par le passé en faveur du port du voile intégral, et a vilipendé la musique dans l'un de ses prêches en mai 2014, qui fait alors grand bruit. "Ceux qui écoutent la musique écoutent le diable, dit-il tranquillement, ceux qui écoutent la musique seront engloutis et seront transformés en singes et en porcs." Mais dans ses propos publics, il s'est toujours opposé au djihad et au recours à la violence. Il paraît avoir pris ses distances avec les formes les plus radicales du salafisme en obtenant un diplôme de l'université de Brest qui sanctionne une formation civique et citoyenne fondée sur les valeurs de la laïcité.

Lire aussi : Islam : le salafisme sous haute surveillance

À 33 ans, Nader Abou Anas n'a pas la notoriété de l'imam de Brest. Ses conférences ont néanmoins enregistré plus de 10 millions de vues sur YouTube. Elles sont diffusées sur le site spécialisé Dourous, et abordent des questions aussi variées que le respect du ramadan, l'hypocrisie ou l'amour dans le couple. Le jeune prédicateur s'est aussi investi dans le monde associatif. En 2010, il a créé D'Clic, dont il est toujours le président. Cette structure organise des concours de connaissance religieuse, mais aussi des tournois sportifs, des repas conviviaux et des séjours à l'étranger, en Andalousie, par exemple. À Roubaix (Nord), Abdelmonaim Boussenna (lire ci-contre) s'est spécialisé dans le commentaire régulier de l'actualité.

Lire aussi : Abdelmonaïm Boussenna, l'imam qui monte sur Youtube

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Un Frère musulman s'affiche avec Soral

Les interventions sur le Net ne sont pas réservées aux seuls salafistes. Toutes les tendances de l'islam y sont représentées, comme en témoigne le recensement policier. Avec 17 millions de vues sur YouTube, Hassan Iquioussen, proche de la mouvance des Frères musulmans, est l'un des plus suivis. Ce prédicateur de 53 ans incite régulièrement ses auditeurs à s'engager dans la vie politique française pour faire entendre la voix de leurs coreligionnaires. Stigmatisé en 2004 pour des déclarations antisémites, il avait alors admis avoir tenu des "propos déplacés". "L'antisémitisme est une horreur. […] Je fais une centaine d'interventions par an. Ça m'arrive de déborder, je n'ai pas de scrupules ni de honte à reconnaître mes erreurs", dit-il notamment. En 2011 et en 2012, pourtant, il s'affiche aux côtés d'Alain Soral, activiste d'extrême droite, plusieurs fois condamné pour avoir exprimé sa haine des juifs.

Petit-fils du fondateur des Frères musulmans en Égypte, Tariq Ramadan, 55 ans, totalise plus de deux millions de "followers" sur Facebook. Depuis février, l'ancien professeur à Oxford, titulaire de la chaire d'études islamiques contemporaines, n'est plus en mesure d'exercer en direct son influence. Mis en examen pour des viols, il a été placé en détention provisoire.

Des youtubeurs antiradicalisation

Les défenseurs d'un islam modéré, voire réformiste, ont eux aussi choisi de mettre l'accent sur les réseaux sociaux, terrain d'une sourde lutte d'influence. Le youtubeur anonyme Ayman TR rassemble plus de 9 millions de vues. La tonalité de son discours en fait d'ailleurs une cible des fondamentalistes. Ancien imam de la mosquée de Longjumeau (Essonne), Ismaïl Mounir a fondé un institut d'enseignement et de formation. Avec plus de 500.000 vues, il est crédité de l'audience la plus faible des huit prédicateurs. Originaire des Comores, Mohammed Bajrafil, âgé de 40 ans, s'engage contre la radicalisation (8 millions de vues). Imam de la mosquée d'Ivry (Val-de-Marne), il encourage l'islam de France à "entrer dans le XXIe siècle", loin, très loin, des salafistes.

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