Pourquoi l'OMS ne préconise toujours pas le port du masque (sauf si vous êtes malade ou soignant)
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime toujours inutile le port du masque dans l'ensemble de la population pour se protéger du coronavirus. Voici pourquoi.
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) persiste et signe sur la question des masques. Interrogé lundi, elle a confirmé que les masques devaient être réservés aux soignants, aux personnes malades et aux personnes en contact avec des malades. "Il n'y a pas de preuve suggérant que le port du masque par l'ensemble de la population ait un effet bénéfique", a indiqué lundi le docteur Mike Ryan, directeur exécutif chargé du programme OMS de gestion des situations d'urgence sanitaire, cité par CNN .
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En France, le gouvernement est très critiqué pour ne pas avoir prévu assez de masques pour l'ensemble de sa population. Des médecins, des policiers, des pompiers, des caissiers ou des livreurs déplorent notamment le manque d'équipement de protection. En Asie, le port du masque est préconisé et certains spécialistes estiment que cette politique a permis d'enrayer l'épidémie. Aux Etats-Unis, les autorités sanitaires réfléchissent à recommander le port du masque à l'ensemble de la population.
Lire aussi - Le ministre de la Santé Olivier Véran au JDD : "Il n’y a eu aucun retard"
Deux arguments
Pour expliquer sa consigne, l'OMS s'appuie sur deux arguments :
Porter un masque peut avoir un effet contre-productif quand on ne sait pas comment le mettre ou l'utiliser. "Il n'y a pas de preuve suggérant que le port du masque par l'ensemble de la population ait un effet bénéfique. En fait, il y a plutôt des preuves qui suggèrent l'inverse parce que les masques sont mal utilisés ou mal mis", a noté lundi le docteur Mike Ryan.
Les règles d'utilisation et d'élimination sont en effet strictes. Il faut se laver les mains avant, l'installer sur le visage sans que l'air ne puisse passer, ne pas toucher le masque une fois qu'il est en place ou se laver les mains tout de suite si c'est le cas... La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, avait été très critiquée pour avoir utilisé le même argument le 20 mars dernier sur BFMTV : "Vous savez quoi, moi je ne sais pas utiliser un masque. Je pourrais dire : 'je suis ministre, je mets un masque'. Mais en fait, je ne sais pas l'utiliser. Ce sont des gestes techniques, précis, sinon on se gratte le nez sous le masque et on a du virus sur les mains", avait-elle dit.
Quelques jours plus tôt, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, était aussi sur la même ligne : "Les gens sont tout le temps en train de manipuler leur masque (...) et c'est potentiellement en le manipulant qu'on se contamine, puisque par hasard si on a croisé le virus, il y a du virus sur le masque."
Il y a un risque de pénurie mondiale de masques. "Aujourd'hui, les personnes les plus à risques sont les soignants qui sont en première ligne. Il sont exposés au virus à chaque seconde", estime Mike Ryan. "Nous priorisons l'utilisation des masques pour ceux qui en ont le plus besoin : les soignants", rappelle Maria Van Kerkhove, une des responsables de la réponse de l'OMS au Covid-19.
La France évalue à 40 millions de masques le besoin par semaine pour le personnel soignant et les Ehpad. Actuellement, le pays n'est en capacité d'en produire que 8 millions. C'est pourquoi le gouvernement a été obligé d'importer massivement des masques. 1,7 milliard sont d'ores et déjà commandés. Mais, il parait illusoire de parvenir à couvrir toute la population : "Si on considérait que 100 % des Français devaient porter un masque en en changeant toutes les quatre heures, cela nous ferait 248 millions de masques par jour. Sur cent jours, il faudrait 24 milliards de masques…", notait dimanche le ministre de la Santé Olivier Véran dans le JDD.
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