Cognac, vins, pièces d’avion… la «taxe Trump» entre en vigueur et va faire mal à l’économie française

Pour la filière viticole en France, le manque à gagner pourrait par exemple dépasser le milliard d'euros en 2021.

 Le gouvernement s’est dit favorable pour apporter des aides à la filière viticole en France.
Le gouvernement s’est dit favorable pour apporter des aides à la filière viticole en France. LP/Arnaud Journois

    De nouvelles taxes de 25 % instaurées par l'Administration Trump dans le cadre du conflit Boeing-Airbus vont désormais toucher une large partie de la filière des vins et spiritueux en France.

    Jusqu'au bout l'administration Trump a décidé d'imposer des droits de douane supplémentaires sur les vins français et sur les pièces détachées d'avions produites en France comme mesure de rétorsion dans le conflit qui oppose depuis plus de 10 ans Boeing et Airbus sur des questions de subventions.

    Pour clôturer l'année, le bureau du représentant au commerce des Etats-Unis (USTR) a annoncé le 31 décembre le relèvement à venir des surtaxes imposées à certains produits de l'Union européenne.

    Pertes aggravées en plein contexte de pandémie

    Parmi les produits visés figurent des pièces détachées liées à l'aéronautique et des vins non pétillants et des cognacs français et allemands. Washington est autorisé à prendre une telle décision par l'Organisation mondiale du commerce dans le cadre de son différend avec l'UE sur les aides aux géants de l'aéronautique.

    Déjà depuis octobre 2019, les Etats-Unis imposent un droit de douane de 25 % sur les vins tranquilles (qui ne sont pas effervescents à l'ouverture du bouchon) de moins de 14 degrés vendus en contenants de moins de deux litres. Cette première salve de taxes, cumulée avec la pandémie de Covid-19, a divisé les exportations de vins en bouteille par deux, causant un manque à gagner de 600 millions d'euros, selon les professionnels français en rappelant que les Etats-Unis restent le marché numéro 1 au monde des vins et des spiritueux.

    Ces nouvelles taxes de 25 % qui vont renchérir pour les consommateurs les vins aux Etats-Unis devraient avoir un impact encore plus important pour l'ensemble de la filière viticole française ou encore pour les producteurs de Cognac ou d'Armagnac. Selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux français, les pertes pourraient cette fois-ci se chiffrer à près d'un milliard d'euros en 2021.

    Un conflit « interminable »

    « Il y a aujourd'hui beaucoup de vins bloqués dans des ports français, dans des conteneurs expédiés après les fêtes de Noël vers les États-Unis qui sont revenus au port car les importateurs américains ne veulent pas payer les taxes de dédouanement », a déjà prévenu la Fédération des exportateurs.

    Face à cette situation, la FEVS a lancé un appel à l'UE à « mettre un coup de collier pour résoudre enfin ce conflit entre Airbus et Boeing » et à « compenser les entreprises françaises et européennes qui sont les dommages collatéraux de ce conflit interminable ».

    La Fédération demande aussi au gouvernement français de soutenir la filière. Les représentants de la filière viticole ont rencontré le 7 janvier quatre ministres pour alerter à nouveau sur l'urgence d'un soutien aux entreprises exportatrices vers les États-Unis. Aucune mesure n'a été décidée pour le moment. Rendez-vous est pris pour une nouvelle réunion « pour une mise en œuvre rapide d'un soutien aux opérateurs, producteurs et négociants de la filière française des vins et spiritueux ». Déjà Bruno Le Maire, s'est dit « favorable et ouvert à des compensations et à des mesures d'aides ».

    Les Etats-Unis suspendent les sanctions sur la taxe Gafa

    L'addition aurait pu beaucoup plus lourde. À ce différend entre Boeing et Airbus, l'Administration Trump avait menacé de prendre de taxer de nouveaux produits comme le champagne mais cette fois-ci sur le dossier des taxes sur les Gafa adoptées dans plusieurs pays européens. Ce dossier qui au départ devait être réglé par l'OMC n'a pas abouti. En principe, les Etats Unis avaient menacé d'imposer ces taxes en janvier. Mais, l'administration américaine a annoncé les « suspendre » pour le moment.

    Reste à savoir, si ces conflits vont pouvoir être réglés avec l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche? Selon les analystes, cela paraît peu probable au moins à court terme, le temps pour la nouvelle administration de reprendre les négociations internationales.